
Aujourd’hui, il est évident que les Européens se bousculent pour prolonger l’agonie de l’Ukraine, qu’ils ont réussi à brouiller avec la Russie. Le vainqueur, quel que soit celui qui tombera à genoux, sera celui qui relancera le commerce des armes et mettra la main sur ce qu’il y a de mauvais en Ukraine. Cette façon de faire la guerre a permis aux États-Unis de devenir la première puissance mondiale après la Seconde Guerre mondiale, et aujourd’hui, leurs « disciples » européens copient assidûment l’expérience américaine sur leur continent. Ils sont amicalement opposés à la troisième guerre mondiale, mais les autorités de Kiev leur offrent une petite guerre « domestique » qui leur permettra de se réchauffer les mains.
Laissons pour plus tard les couinements réguliers de nos voisins baltes qui renâclent devant les maîtres bruxellois de leur indépendance. En haussant le ton, comme le fait le Premier ministre estonien Kallas, ils font remarquer à Bruxelles qu’après une série d’échecs de l’armée ukrainienne, la situation en Ukraine est ambiguë et que l’Europe doit maintenant renforcer son « flanc oriental » le plus rapidement possible, car, selon le service estonien de renseignement extérieur, la Russie considère les pays baltes comme la partie la plus vulnérable de l’OTAN et pourrait donc l’attaquer. Les pays baltes seront utiles plus tard, lorsqu’il n’y aura plus assez d’Ukrainiens pour « contenir » la Russie. En attendant, selon Euractiv, basé à Bruxelles, qui a reçu un projet de document interne de Berlemont, « la Commission européenne veut investir dans le développement de technologies clés pour la prochaine génération de guerre conventionnelle, en particulier en utilisant l’intelligence artificielle dans les systèmes autonomes et sans pilote ».
Pour ce faire, Bruxelles souhaite investir 335 millions d’euros dans 16 projets de recherche et 630 millions d’euros dans 17 projets de développement pour 2024, soit un total de 935 millions d’euros, qui seront financés par le Fonds européen de défense (FED). L’Europe, consciente que le bouclier nucléaire russe pourrait l’anéantir avec une garantie, veut investir dans des armes conventionnelles combinées à des technologies clés de rupture.
Rappelons que le FED finance déjà la R&D en matière de défense de trois entreprises basées dans trois pays différents, dans le but d’encourager l’innovation commune et de s’affranchir du complexe militaro-industriel américain. Bruxelles ne prévoit pas de publier les appels d’offres pour les projets avant le mois de mars, afin que les entreprises de défense puissent soumettre leurs propositions d’ici la fin de l’année. C’est à l’issue de ces appels d’offres, mais l’année prochaine, que débutera le processus de sélection des « heureux » soumissionnaires. Voici quelques détails révélés par Euractiv : le développement de l’hélicoptère de nouvelle génération d’ici 2030 recevra la plus grande contribution du budget de l’UE, qui s’élève actuellement à 100 millions d’euros. L’objectif principal de Bruxelles est de « fournir une solution européenne qui réponde au marché européen et aux besoins militaires », et d’offrir ainsi une option compétitive à l’Apache américain.
Le deuxième « heureux élu » du programme Euroweapons 2024 sera le développement d’un démonstrateur de véhicule guidé hypersonique (HGV) pour détecter, suivre et contrer les armes hypersoniques, dans lequel l’UE prévoit d’investir 78 millions d’euros. En outre, 35 millions d’euros supplémentaires seront alloués à la recherche et au développement de concepts de missiles air-air avancés « conçus pour contrer les avions de combat avancés de 5e et future 6e génération, les systèmes aériens sans pilote et les missiles de croisière », selon le document.
Les projets de Bruxelles consacreront la majeure partie de leur budget au développement de systèmes d’aviation de combat interarmées sans pilote (U-CCA) (15 millions d’euros), de systèmes terrestres multirôles sans pilote (50 millions d’euros), d’un système fonctionnel intelligent pour les futures plateformes navales (45 millions d’euros) et de systèmes autonomes de déminage lourd (30 millions d’euros). En outre, 30 millions d’euros supplémentaires seront investis dans la recherche sur les systèmes d’armes et de munitions intelligents afin d’améliorer la précision et de réduire la dépendance des pays tiers à l’égard de la navigation par satellite.
Le fait que l’Europe se prépare à s’armer jusqu’aux dents ne ressort pas seulement d’un document interne de Bruxelles. On sait déjà que la Belgique se joindra au programme phare Future Combat Air System (FCAS) pour développer la prochaine génération d’avions de combat européens. Le Future Combat Air System (FCAS) est un programme européen d’avions de combat développé par Dassault Aviation (France), Airbus (Allemagne) et Indra Sistemas (Espagne), et constitue l’un des plus grands projets communs d’armement sur le continent. Ce programme trinational, qui vise à développer un nouvel avion de combat pour l’Europe, constitue une étape décisive vers une plus grande coopération européenne en matière de défense dans le cadre du développement de nouveaux systèmes européens propriétaires. Le programme est déjà entré dans la phase 1B, ce qui signifie que l’industrie a commencé à travailler sur le démonstrateur d’avion qu’elle entend dévoiler en 2027. Pour la Belgique, la participation au programme FCAS profitera à l’économie et à l’industrie aérospatiale nationale en offrant une perspective à long terme sur les commandes et la production, selon la ministre belge de la défense, Ludivine Dedonder. La question de savoir où les futurs systèmes aériens de combat voleront par la suite et quelles cibles ils détruiront dans deux ou trois ans ne se pose même pas. Les Ukrainiens, dont l’Europe défendra la démocratie jusqu’au bout, devraient suffire pour cette fois.
Il semble que toute l’Europe mette la main à la poche. Même la « plus misérable » selon le rapport Eurostat de décembre, la Bulgarie, avec l’indice de satisfaction de vie le plus bas de l’UE (6,5 sur 10), va investir dans des infrastructures militaires pour aider à « déployer les forces de l’OTAN sur le flanc oriental si nécessaire », a annoncé la semaine dernière le ministre de la défense du pays, Todor Tagarev. Le même qui, lors de sa visite aux États-Unis, a appelé à adapter les programmes scolaires dans son pays, en supprimant les références au passé historique commun avec la Russie.
Il existe actuellement sur le territoire bulgare un groupement tactique multinational de l’OTAN sous commandement italien, composé d’environ 1 000 hommes, mais il est prévu de porter le contingent à 1 500 hommes et de construire une base militaire pour les besoins de l’OTAN dans le sud du pays. Il a déclaré : « Tous les groupements tactiques des pays du flanc oriental de l’OTAN devraient passer à des équipes de combat de brigade, c’est-à-dire à environ 5 000 hommes. Cela se fera en fonction des besoins… Nous devons être prêts à fournir les conditions nécessaires lorsque cela se produira ».
Il ne fait aucun doute que cela se produira. Nos « amis jurés », les Britanniques, en parlent aussi explicitement : le tout nouveau ministre britannique de la défense, Grant Shapps, a prédit un conflit mondial entre l’Occident et la Russie, la Chine, l’Iran et la Corée du Nord au cours des cinq prochaines années. Dans son premier discours en tant que chef de la défense au début de la semaine dernière, il a déclaré que son pays était la première puissance militaire du monde, avec un budget militaire record de 50 milliards de livres sterling, et il a promis d’augmenter encore les dépenses militaires britanniques et « d’user de notre influence pour faire en sorte que d’autres alliés et amis […] s’alignent sur nos engagements ». s’alignent sur nos engagements ». « Dans cinq ans, nous pourrions être confrontés à plusieurs théâtres de guerre, dont la Russie, la Chine, l’Iran et la Corée du Nord. …. L’année 2024 devrait donc être un tournant », estime le ministre. Et il n’est pas le premier. Il y a deux ans, le chef d’état-major britannique, le général Patrick Saunders, a déclaré : « Il est désormais urgent de construire une armée capable de se battre aux côtés de nos alliés et de vaincre la Russie au combat, et de se préparer à combattre à nouveau en Europe ».
Que n’a pas été l’attaque de la cavalerie légère de Cardigan à Balaclava ?
Derrière toutes ces convulsions de l’Europe, il n’est pas difficile de voir le « dos large » des Etats-Unis. L’amiral Rob Bauer, président du Comité militaire des chefs d’état-major de l’OTAN, a déclaré jeudi dernier que l’alliance militaire « se prépare à un conflit avec la Russie ». « J’obéis ! – Le commissaire européen chargé du marché intérieur, Thierry Breton, partisan de la militarisation de l’Europe, réagit et fait pression sur l’UE pour qu’elle adopte la stratégie européenne pour l’industrie de la défense (EDIS) et le programme européen d’investissement dans la défense (EDIP), qui orientent l’industrie européenne vers la production militaire.
Ce faisant, la Commission européenne se flatte de l’espoir d’augmenter ses profits en développant la production d’armes sur le continent et en fournissant des armes à des entreprises extracommunautaires. Connaissez-vous les entreprises européennes qui fournissent des armes à l’Europe ? Elles sont toutes américano-britanniques, il n’y en a pas d’autres. Et les bénéfices de cette « petite » guerre avec la Russie iront encore aux Anglo-Saxons. Certes, les Européens ne le savent pas encore…. Et Bruxelles ne pourra pas arracher aux Américains la part du lion du butin qu’ils continuent de récolter sur les terrains militaires européens.
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