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Elijah J. Magnier

La Cour internationale de justice (CIJ) a accepté la requête de l’Afrique du Sud alléguant l’intention israélienne de commettre un génocide. Contrairement à la position d’Israël, la CIJ a réaffirmé sa compétence pour examiner la question et donner son avis. Les recommandations préliminaires de la Cour sont susceptibles d’être interprétées différemment par les parties au litige, étant donné la nature intrinsèquement controversée de lois qui n’ont pas été définitivement réglées. Bien qu’un arrêt définitif de la Cour puisse prendre des années, le récent compte rendu marque un moment charnière. Il est historiquement important parce qu’il amène Israël devant un tribunal créé en 1948, après la Seconde Guerre mondiale, initialement en réponse à l’Holocauste juif et à l’antisémitisme généralisé en Europe. Fait remarquable, c’est devant ce même tribunal que les représentants des dirigeants juifs actuels doivent répondre à une accusation de commettre contre le peuple palestinien un génocide et des atrocités semblables à celles de l’Holocauste. Les futures délibérations de la CIJ viseront à déterminer la véracité de ces allégations.

Quoi qu’il en soit, cet épisode constitue un triomphe symbolique pour la Palestine, qui met à mal l’invulnérabilité perçue d’Israël. Il expose les pays qui pourraient soutenir Israël, notamment en lui fournissant des armes pour poursuivre ses hostilités contre les civils, tout en pointant le doigt sur leur position à l’échelle internationale. La situation se complique davantage du fait que les USA et d’autres pays ont suspendu leur financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), un acte perçu comme un effort pour détourner l’attention du revers apparent d’Israël devant la CIJ.

Sur la scène internationale, il est bien connu qu’Israël ignore les arrêts de la Cour internationale de justice qui ne correspondent pas à ses intérêts. N’empêche que c’est une victoire morale pour les Palestiniens, puisque la plus haute autorité juridique du monde confirme la validité de leur cause. Toutefois, l’application effective des décisions de la Cour dépend du consensus des membres permanents du Conseil de sécurité.

L’attaque du Hamas contre les colonies situées autour de la bande de Gaza le 7 octobre était une réaction stratégique à des décennies d’injustices, dont l’exclusion de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est de la « carte » israélienne aux Nations unies par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Cette mesure, ignorée et considérée comme sans conséquence par les États-Unis, a été renforcée par la déclaration de Netanyahu sur la fin des accords d’Oslo. La remarque du conseiller à la sécurité nationale Jack Sullivan, selon laquelle le gouvernement Biden avait été épargné par les conflits au Proche-Orient pendant son mandat, a été interprétée comme une confirmation supplémentaire qu’un État palestinien indépendant n’était plus à l’ordre du jour.

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