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Le lancement par le Hezbollah du missile Almas de fabrication iranienne – conçu à partir de l’ATGM israélien Spike – constitue un développement militaire majeur sur le champ de bataille du Nord et une surprise consternante pour Tel-Aviv.

Le correspondant militaire du Cradle

Le 25 janvier, le mouvement de résistance libanais Hezbollah a orchestré une frappe audacieuse contre le site stratégique israélien de Jal al-Alam, en utilisant ce qui semblait être un nouveau système de missiles qui a immédiatement attiré l’attention des observateurs de la guerre.

Comme le montre une vidéo diffusée par la division médias du Hezbollah, le missile Almas de fabrication iranienne semble monter avant de se diriger vers sa cible avec une clarté extraordinaire – grâce à une caméra fixée sur le projectile lui-même -, ce qui a suscité un grand intérêt pour cette « arme spéciale », ses caractéristiques et ses capacités.

Un feu nourri

L’Almas est un missile antiblindé doté d’une caractéristique distinctive d' »attaque par le haut ». Contrairement aux systèmes traditionnels tels que le TOW américain, le Concourse russe ou le Kornet russe, qui suivent une trajectoire rectiligne vers la cible, cette arme suit une trajectoire « indirecte ». Fonctionnant sur une trajectoire en arc, le missile monte à une altitude spécifique avant de redescendre vers sa cible depuis le haut.

Pourquoi une approche descendante ? Les véhicules blindés, y compris les chars, privilégient des épaisseurs de blindage variables sur les différents côtés afin d’équilibrer le poids et de maintenir la mobilité. En règle générale, le blindage est plus épais à l’avant, moins sur les côtés et encore moins à l’arrière ou sur le toit.

Par exemple, le blindage avant d’un char peut être trois à quatre fois plus épais que le blindage latéral. Par conséquent, un projectile a besoin d’une charge explosive plus petite et plus ciblée pour pénétrer le char, en particulier par le haut ou par l’avant.

Le concept des missiles de haut en bas n’est pas nouveau, et les conflits récents ont vu une recrudescence de leur utilisation. Lors de la deuxième guerre du Haut-Karabakh entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, les missiles antichars israéliens Spike ont fait des ravages sur les véhicules arméniens, complétés par des drones turcs Bayraktar larguant des projectiles depuis le ciel. Ces deux armes ont rarement réussi à briser le blindage des chars arméniens de l’ère soviétique (principalement des T-72E et des chars B).

Le missile Almas du Hezbollah

Drones et dynamique antichar

Le champ de bataille en Ukraine, il faut le dire, a été une arène plus large et plus étendue géographiquement et temporellement pour expérimenter de multiples types de ces munitions.

Avec le renforcement des défenses aériennes des deux côtés, les grands drones armés comme le Bayraktar et son homologue russe, l’Orion, ont été mis de côté au profit de quadcoptères plus petits. Ces drones agiles larguent des munitions depuis les airs ou effectuent des missions suicides, ciblant les chars sur leurs points les plus faibles, à savoir le toit, les côtés ou l’arrière.

Des armes antiblindage notables, telles que le Javelin américain ou le NLAW britannique, ont d’abord fait pencher la balance, mais ont ensuite succombé aux armes antiblindage bidimensionnelles conventionnelles, telles que le Stugna inspiré de Kornet.

Plusieurs pays disposent d’armes portables dotées de capacités d’attaque maximales, notamment le Red Arrow de la Chine et le LMAT de type 1 du Japon. Notamment, Israël possède une gamme d’armes de ce type, le système Spike étant le plus important en termes de taille et de portée.

Le facteur de différenciation réside dans la capacité du Spike à utiliser non seulement la fonction « tirer et oublier » (F&F), qui permet au missile de se diriger de manière autonome en fonction de l’image de la cible, mais aussi dans son guidage semi-automatique à travers la ligne de visée. Cette caractéristique distinctive est également apparue dans une fusée récemment utilisée par la résistance libanaise lors de deux frappes, laissant les analystes spéculer sur l’identité de cette arme avancée.

L’excellence de l’ingénierie iranienne

Ces dernières années, l’Iran, allié du Hezbollah, a réalisé des progrès remarquables dans divers domaines de la technologie militaire, faisant preuve de prouesses en matière de missiles de croisière, de drones et de systèmes de défense aérienne. Le missile Almas (Diamant), décrit comme un clone du Spike-MR, est un ajout notable à cet arsenal qui présente une caractéristique d’attaque de premier plan.

Initialement dévoilé dans une vidéo de 2020, le Diamond a fait ses débuts sur la scène mondiale avec le drone de surveillance et de reconnaissance armé Ababil-3, attirant l’attention lors d’expositions militaires. Ce qui distingue cette arme, c’est qu’elle est prête à être exportée, comme en témoignent ses apparitions non seulement dans les vitrines militaires iraniennes, mais aussi dans les expositions d’armes à l’étranger.

L’écran du dispositif de pointage des Almas correspond à l’écran de celui lancé par le Hezbollah, et l’image floue du dispositif dans la deuxième vidéo de la frappe de Naqoura correspond à la forme de l’arme elle-même, qui est montée sur une base à trois pieds.

Un missile guidé antichar iranien similaire, le Sadid-365, qui diffère de l’Almas sur plusieurs points, a fait surface dans une vidéo d’essai l’année dernière. La deuxième vidéo du site de Naqoura a révélé un changement significatif dans le comportement de la fusée après le lancement, passant d’un système entièrement motorisé à un cadre de verrouillage, ce qui s’écarte de la méthode de pointage du Sadid.
Ce mécanisme de verrouillage semble mémoriser l’image de la cible, ajustant sa trajectoire en fonction de la forme de la cible plutôt qu’en fonction d’un point et d’une direction uniques, comme c’est le cas pour les Almas.
Malgré la trajectoire ascendante de la fusée dans la première vidéo, le capteur du missile reste fixé sur la cible. Cette opération apparemment complexe est facilitée par le fait que les missiles descendants utilisent un autodirecteur biaxial ou « gimbal », qui s’apparente au principe du gyroscope utilisé pour stabiliser les caméras en mouvement. Cette caractéristique permet au chercheur du missile de rester concentré sur la cible pendant l’ascension de la fusée, et de diriger la coque vers la cible lorsqu’elle atteint une certaine altitude.

L’utilisation par le Hezbollah de cette nouvelle arme sur le champ de bataille contre les forces d’occupation israéliennes a trois implications tactiques principales :

Premièrement, il s’agit de cibler les points faibles de l’ennemi : La capacité des Almas à frapper les chars et les véhicules israéliens par le haut exploite l’angle le plus faible de leur blindage. Les cages installées sur les chars israéliens peuvent n’offrir qu’une faible défense contre ces munitions, conçues principalement pour des menaces plus petites comme les munitions larguées par des quadcoptères.

Deuxièmement, il s’agit de vaincre les coûteux systèmes Trophy d’Israël : Le système de défense israélien, « Trophy » ou « Windbreaker », s’avère inefficace contre les projectiles venant d’en haut.
Troisièmement, il complique la recherche de cibles par Israël : Le lancement de la roquette derrière des barrières naturelles, sans visibilité directe, rend presque impossible pour les forces ennemies de localiser les tireurs ou leurs zones de lancement. Cela va au-delà de la lutte israélienne contre les missiles directs comme le Kornet ; l’Almas crée de nouveaux angles et de nouvelles possibilités qui échappent aux calculs de recherche traditionnels, rendant inutiles les vieilles tactiques de tir et de dissimulation.
Les ramifications de la divulgation du missile Almas par le Hezbollah ne se limitent pas aux implications de l’arme sur le champ de bataille. Cette « révélation » tactique met également les hauts gradés israéliens au courant des pièges potentiels d’un conflit élargi avec le Liban.

Le coût du conflit pour Tel Aviv pourrait augmenter de manière significative si la résistance adopte cette méthode pour frapper les véhicules et les rassemblements militaires de l’ennemi. Les caractéristiques uniques de l’arme, notamment son guidage par fibre optique, rendent inefficaces les contre-mesures traditionnelles telles que le brouillage.

Si l’existence de l’Almas ne modifie pas à elle seule la perspective stratégique des batailles sur le front nord d’Israël, elle complète les armes anti-blindage de deuxième génération telles que le Konkurs.

Chaque arme sur le champ de bataille joue un rôle spécifique, et leur intégration avec les tireurs et les planificateurs stratégiques est cruciale pour imposer la volonté du Hezbollah à l’entité d’occupation.

The Cradle