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Illustration : Liu Rui/GT


Vendredi, heure locale, les États-Unis ont annoncé qu’ils avaient mené des frappes aériennes sur plus de 85 cibles en Irak et en Syrie contre la Force Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran et les milices qui lui sont affiliées. Les relations déjà dysfonctionnelles entre les États-Unis et l’Iran s’en trouvent compliquées et dangereuses. Les deux pays ont affirmé qu’ils n’avaient pas l’intention de se faire la guerre. Nous avons toutes les raisons de croire que c’est vrai, mais les deux parties se rapprochent de plus en plus d’un conflit direct, voire d’une guerre. Il convient d’examiner en profondeur les forces et la logique qui sous-tendent une telle évolution.

Après l’action des États-Unis, trois pays – l’Irak, la Syrie et l’Iran – ont exprimé leur colère et leur ferme condamnation des frappes aériennes américaines en premier lieu. Avant tout, il faut dire que cette action des États-Unis constitue une violation flagrante de la souveraineté de l’Irak et de la Syrie et va à l’encontre des objectifs et des principes de la Charte des Nations unies. Les États-Unis ont prétendu frapper les « forces soutenues par l’Iran », mais ils ont fait des victimes civiles en Irak et en Syrie. L’imprudence dont font preuve les États-Unis dans l’affirmation de leur hégémonie exige de la communauté internationale qu’elle trouve des moyens de les freiner. La Chine a toujours prôné le règlement des différends par des moyens pacifiques et s’est opposée à l’usage ou à la menace de la force dans les relations internationales. Elle a plaidé pour que toutes les parties respectent effectivement les objectifs et les principes de la Charte des Nations unies et les normes fondamentales des relations internationales, et pour que la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Irak et de la Syrie soient effectivement respectées et sauvegardées. Il est très clair que la Chine s’oppose à ces actions américaines et les condamne.

En outre, nous aimerions prendre l’exemple du jeu entre les États-Unis et l’Iran pour approfondir les risques géopolitiques et leurs causes profondes. Au cours des dernières décennies, les États-Unis et l’Iran se sont livrés à un conflit et à un jeu entremêlés, qui est devenu le thème principal de l’évolution de la situation au Moyen-Orient. Il faut reconnaître que les États-Unis et l’Iran sont des maîtres géopolitiques, mais la situation évolue vers un éventuel conflit direct. Si nous laissons cette situation se développer, la situation dans la région se détériorera d’elle-même. À ce moment-là, ni les États-Unis ni l’Iran ne seront en mesure de contrôler la situation, et aucune des parties ne pourra façonner le modèle selon sa volonté. En outre, l’ampleur de l’impact ne se limitera probablement pas aux seuls États-Unis et à l’Iran, car tout conflit au Moyen-Orient a un très fort effet d’entraînement.

L’hégémonie américaine est au cœur du problème. Plus précisément, il existe une contradiction structurelle entre l’hégémonie mondiale des États-Unis et les puissances régionales. Pour maintenir leur hégémonie, les États-Unis continuent d’utiliser les moyens simples et brutaux que sont les sanctions économiques et les frappes militaires. Ces moyens, dont l’effet marginal diminue considérablement, sont loin d’être suffisants pour s’adapter à une situation complexe et en évolution rapide. Après presque chaque action militaire au Moyen-Orient depuis l’éclatement du conflit israélo-palestinien, y compris les frappes aériennes de vendredi, les États-Unis soulignent qu’ils ne cherchent pas « une guerre plus large » ; pourtant, ils ne veulent pas prendre l’initiative de restreindre leur propre comportement et d’ajuster leur politique au Moyen-Orient. Par conséquent, plus les États-Unis affirment qu’ils ne cherchent pas à déclencher un conflit, plus ils s’y enfoncent.

Le jour même où les bombardiers militaires américains ont décollé de la base, la BBC a révélé que plus de 800 fonctionnaires en poste aux États-Unis et en Europe avaient signé une déclaration avertissant que la politique de leur propre gouvernement dans le conflit de Gaza pourrait constituer une « grave violation du droit international ». Ces fonctionnaires ont déclaré qu’ils avaient exprimé leurs préoccupations professionnelles en interne, mais qu’ils avaient été « écartés par des considérations politiques et idéologiques ». Ce développement sans précédent est le dernier signe de dissension au sein des nations alliées occidentales, indiquant que de nombreux Occidentaux sont conscients que le problème réside dans les politiques défectueuses de l’Occident, en particulier des États-Unis, à l’égard du Moyen-Orient.

Il ne fait aucun doute que les États-Unis possèdent une influence et une présence militaire significatives au Moyen-Orient. Toutefois, qu’il s’agisse de l’entrée « anticipée » dans le dilemme du Moyen-Orient ou des actions de représailles « attendues », il est évident que l’approche américaine au Moyen-Orient n’est plus efficace. À ce stade du conflit israélo-palestinien, s’il existe un consensus international, c’est que les aspirations du peuple palestinien ne peuvent être ignorées et que la solution des deux États est irremplaçable. Si la véritable origine du conflit israélo-palestinien n’est pas reconnue, le cycle « attaque-rétorsion » risque de persister et Washington pourrait ne pas être en mesure de naviguer calmement au « bord de la guerre ».

Les États-Unis imposent des sanctions globales à l’Iran depuis de nombreuses années. Aujourd’hui, ils ont directement déployé des frappes aériennes militaires contre ce qu’ils affirment être des « forces soutenues par l’Iran », ce qui, dans une certaine mesure, indique également l’inefficacité de ces sanctions. Les répercussions du recours à la force dépassent évidemment celles des sanctions, et les États-Unis s’en sont probablement rendu compte. Toutefois, au fil des ans, au lieu de réduire le recours aux sanctions et à la force, les États-Unis l’ont peut-être même renforcé. Il convient de souligner que le dilemme stratégique auquel sont confrontés les États-Unis est devenu un problème régional et mondial important.

Global Times