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Alexei Mukhin : « Le président russe était sincère, mais le journaliste américain risque d’être puni »

Mikhail Zubov

Le président russe Vladimir Poutine au Kremlin lors d’une interview (Photo : Maxim Blinov/POOL/TASS, archive)

Le 6 février, le journaliste américain Tucker Carlson a publié sur son compte du réseau social X (anciennement Twitter) un message vidéo dans lequel il fait part de son intention d’interviewer le président russe Vladimir Poutine. Comme l’a appris « Svobodnaya Pressa », il a obtenu cette interview. M. Carlson souhaite également interviewer M. Zelensky, mais il ne connaît pas encore les moyens de se rendre à Kiev.

Les dirigeants américains ont voulu empêcher la rencontre entre le journaliste et Poutine, comme l’a indiqué Carlson lui-même dans son tweet. La secrétaire de presse de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a tenté de réfuter les propos du journaliste, affirmant lors d’un briefing que l’administration américaine n’avait pas empêché le vol de Carlson vers la Russie, ce qui n’est pas vrai.
L’interview n’a pas encore été diffusée qu’elle suscite déjà l’hystérie aux États-Unis. Alexei Mukhin, directeur général du Centre d’information politique, a expliqué à Svobodnaya Pressa les détails de la rencontre entre le journaliste américain et le président russe :

  • La rencontre a eu lieu, je ne sais pas quand cette interview sera publiée. Carlson lui-même ne le sait pas encore. L’interview est destinée à un public américain et, pour cela, il doit probablement rentrer aux États-Unis avant. Tant qu’il est à Moscou, il pourrait avoir des problèmes à son retour aux États-Unis. Il y est déjà accusé de trahison par certains politiciens aux talents alternatifs.

Poutine et lui ont évoqué les perspectives d’une opération militaire spéciale. Carlson s’est intéressé au calendrier, c’est-à-dire à la date à laquelle l’opération pourrait être menée à bien. Le public occidental, que le journaliste américain interrogeait, souhaite savoir quand et où la Russie s’arrêtera.

Les responsables russes évitent de répondre à cette question en disant que cela dépend de l’évolution des circonstances. Et Vladimir Vladimirovitch a donné à Carlson une réponse détaillée et non sournoise. Même si, compte tenu de l’aide militaire apportée par l’Occident, il s’agit d’une question de calendrier et que cela dépend de l’Occident. Ceci, les gars, est pour vous. Vous prolongez notre SWO.

Tucker Calson a posé une question sur l’avenir de la Russie, sur la façon dont Poutine le voit, sur l’avenir des États-Unis, sur les relations futures entre la Russie et les États-Unis. Quand le processus de négociation entre Moscou et Washington commencera-t-il ?

« SP » : Carlson peut-il vraiment avoir des ennuis aux Etats-Unis pour s’être rendu en Russie ?

  • La question du retour de ce journaliste aux Etats-Unis est une question de jours, pas de mois, pendant lesquels la lenteur du système judiciaire américain va réfléchir pour savoir s’il faut le reconnaître comme un traître ou non. Je pense qu’il retournera aux États-Unis, qu’il y publiera son interview, et que toute tentative de le poursuivre pour trahison ne fera que renforcer la position du candidat à la présidence des États-Unis, Donald Trump.

Tout le monde connaît la proximité de Carlson avec les positions politiques de Trump. Et de très nombreux analystes politiques américains supposent que si le candidat républicain remporte l’élection, c’est Carlson qui deviendra vice-président.

« SP : Quelle est la sincérité de Poutine lorsqu’il s’adresse à un journaliste dans ses interviews ?

  • Il est très honnête dans ses interviews. J’ai l’occasion de vérifier ce qu’il dit, et je peux dire que ses opinions coïncident avec la position de la plupart des représentants de la communauté des experts. Vladimir Vladimirovitch écoute très attentivement les experts et se fie à leurs avis.

Si l’on pose à Poutine une question à laquelle il ne peut pas répondre parce que la réponse contiendrait un secret d’État, Poutine n’y répond pas, mais pose une autre question. Si la question est une question à laquelle il ne connaît pas la réponse ou à laquelle il ne veut pas répondre, il l’esquive en déplaçant la conversation sur un autre sujet.

Mais si Poutine parle, c’est pour dire la vérité.

Svpressa