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Edouard Husson -Libres Propos,

I. Bilan des destructions et massacres israéliens à Gaza depuis le début de la guerre.

Le Bureau des médias du gouvernement à Gaza publie une mise à jour sur l’ampleur des destructions israéliennes sur Gaza du 7 octobre 2023 au 11 février 2024.

  • 128 jours de guerre
  • 2 438 massacres.
  • 35 176 morts et disparus.
  • 28 176 tués sont arrivés dans les hôpitaux.
  • 12 300 enfants tués. .
  • 8 400 femmes tués..
  • 340 tués parmi le personnel médical.
  • 46 martyrs de la défense civile.
  • 124 journalistes tués..
  • 7 000 disparus, dont 70 % d’enfants et de femmes.
  • 67 784 blessés.
  • 11 000 blessés ayant besoin de se déplacer pour recevoir un traitement vital et critique.
  • 10 000 patients atteints de cancer sont en danger de mort.
  • 700 000 habitants de Gaza infectés par des maladies infectieuses en raison des déplacements.
  • 8 000 cas d’hépatite virale dus aux déplacements.
  • 60 000 femmes enceintes sont en danger en raison du manque d’accès aux soins de santé.
  • 350 000 patients chroniques sont en danger en raison de l’absence d’administration de médicaments.
  • 99 arrestations d’agents de santé.
  • 10 arrestations de journalistes dont les noms sont connus.
  • 2 millions de personnes déplacées dans la bande de Gaza.
  • 142 bâtiments officiels détruits.
  • 100 écoles et universités entièrement détruites par Tsahal..
  • 295 écoles et universités partiellement détruites par l’armée israélienne.
  • 184 mosquées entièrement détruites par Israël.
  • 266 mosquées partiellement détruites.
  • 3 églises ciblées et détruites par les Israéliens.
  • 70 000 unités résidentielles entièrement détruites par Tsahal.
  • 290 000 unités résidentielles partiellement détruites.
  • 66 000 tonnes d’explosifs largués par l’armée israélienne sur Gaza.
  • 30 hôpitaux mis hors service.
  • 53 centres de santé mis hors service.
  • 150 centres de santé partiellement détruits.
  • 123 ambulances complètement détruites.
  • 200 sites archéologiques et patrimoniaux détruits.

II. Le rapport israélien sur les perspectives désastreuses d’une guerre avec le Hezbollah.

Plus de 100 experts et officiers israéliens ont rédigé un rapport de 130 pages intitulé « La guerre la plus meurtrière de toutes », qui conclut à l’incapacité des Israéliens à mener une guerre sur plusieurs fronts.

Le rapport a été présenté à de nombreux responsables gouvernementaux et militaires.

Les experts estiment que le Hezbollah peut lancer 2 500 à 3 000 missiles par jour, une combinaison de missiles de précision à longue portée et de roquettes non guidées. Ils estiment que le Hezbollah lancerait de grands barrages contre des cibles spécifiques – des bases vitales de l’armée israélienne ou des grandes villes – avec des centaines de roquettes simultanément envoyée.

Ils estiment qu’il y aurait des milliers de victimes et une panique généralisée.

Les Israéliens pensent que le Hezbollah a la capacité de saper complètement le système de défense aérienne de Tsahal avec des missiles de précision, des missiles de croisière et des drones, en endommageant et en détruisant les batteries du « Dôme de fer ». Ils estiment que les réserves de missiles d’interception « Dôme de fer » et « Fronde de David » seraient probablement épuisées quelques jours après le début d’une éventuelle guerre élargie, laissant Israël exposé à des milliers de missiles sans aucune défense.

En plus de saper le système de défense aérienne, le Hezbollah a également le pouvoir de perturber les capacités de l’armée de l’air israélienne, en empêchant leurs bases de fonctionner avec des missiles lourds et précis dirigés vers les pistes d’atterrissage, les hangars d’avions de guerre et les infrastructures critiques afin de limiter toute riposte de Tsahal

Comme l’a indiqué Sayyed Hassan Nasrallah lors d’une interview en 2019, les cibles pourraient également inclure des centrales électriques, des infrastructures électriques, ainsi que le dessalement et le transport de l’eau, et les ports de Haïfa et d’Ashdod.

Le rapport israélien met également en garde contre les capacités du Hezbollah en matière de drones, avec la possibilité d’essaims de dizaines de drones suicides visant des cibles stratégiques en Israël, telles que des usines d’armement et des stocks d’armes d’urgence.

Comme nous l’avons démontré précédemment, une attaque du Hezbollah pourrait s’accompagner de cyberattaques généralisées contre des infrastructures essentielles, telles que les transports, les communications et les sites web des gouvernements et des autorités locales, ce qui affecterait considérablement l’économie israélienne, déjà en proie à de grosses difficultés.

Tout cela sans tenir compte des capacités de la force d’élite Radwan du Hezbollah, qui peut conquérir les colonies israéliennes et les bases de Tsahal, et éventuellement kidnapper des soldats.

Le rapport note que l’hypothèse du public israélien selon laquelle la « défense aérienne » ou les attaques contre le Liban mettraient fin à l’attaque ou entraveraient le Hezbollah serait immédiatement démentie, ce qui mettrait en évidence les importantes vulnérabilités de l’armée et de la société.

Enfin, le rapport note que le Hezbollah ne sera pas seul, car des groupes de toute la région pourraient s’impliquer, de Saraya Al-Quds et du Hamas à Ansarallah et à la Résistance islamique en Irak. Avec le début potentiel d’une intifada généralisée en Cisjordanie et à l’intérieur des terres occupées, il est clair que l’ouverture d’une guerre sur le front nord serait le prélude à une defaite stratégique majeure.

En réalité le rapport, qui a été rédigé, pour la plus grande partie, avant le 7 octobre, anticipait sur la plupart des tendances que la guerre a révélées. Par conséquent les décideurs israéliens sont, derrière les rodomontades de Netanyahu sur une guerre au Liban, peu enclins à la déclencher.

III. Les derniers jours de la carrière politique de Netanyahu ?

Depuis quelques jours, Benjamin Netanyahu menace de déclencher une opération contre Rafah où sont installés un millions de réfugiés gazaouis qui ont fui les bombardements et combats du nord et du centre du territoire de Gaza depuis ka mi-octobre. Le Premier ministre israélien a rejeté jeudi 8 février les termes de la négociation proposés par le Hamas au nom de toute la Résistance Palestinienne (échange progressif des 130 otages israéliens encore détenus à Gaza contre plusieurs milliers de prisonniers palestiniens; retrait de l’armée israélienne ; reconstruction de la bande de Gaza; mise en place de ces étapes lors d’un cessez-le-feu en 3 phases garanti par la Russie, la Turquie, le Qatar et l’Egypte).
On comprend bien la surenchère d’un homme qui a échoué dans la bataille de Gaza et formule un chantage à la mise à mort des réfugiés massés au sud- à moins que l’on accepte enfin son plan d’expulsion vers l’Égypte des Palestiniens de Gaza.
La menace est prise au sérieux par l’Égypte, qui renforce la frontière de Gaza.
Elle a conduit le gouvernement américain à se plaindre pour la première fois publiquement de la stratégie israélienne.

Cependant, au moment où nous écrivons, Tsahal vient de perdre au moins 11 soldats dans une embuscade à Khan Younis. Croit-on vraiment que la bataille de Rafah serait plus facile que celle de Gaza et de Khan Younis visiblement perdues par l’armée israélienne ?
Ajoutons que la bataille serait déclenchée au moment où Tel-Aviv doit rendre un rapport à la Cour Internationale de Justice.
Et elle ne pourrait pas durer au-delà du 10 mars, début du Ramadan – sauf à vouloir embraser le monde musulman.
On n’est pas étonné d’apprendre que les tensions sont de plus en plus fortes entre Netanyahu et l’armée. Et cela se répercute jusque dans le cabinet de guerre.
Les manifestants du samedi, qui réclament le retour des otages, sont de plus en plus nombreux à Tel-Aviv.
L’agence Moody vient de rétrograder la note qu’elle attribue à l’économie israélienne (de AAA à AA)
Mentionnons enfin le chiffre de 13 000 tués et blessés graves qui commencent à circuler dans les médias israéliens.
Sans être inconsidérément optimiste, on tendra à penser que Benjamin Netanyahu a de moins en moins de marge de manœuvre. Il vit sans doute ses derniers moments politiques.

Faire ce constat c’est bien entendu espérer que la bataille de Rafah n’aura pas lieu. Mais cela n’enlève rien à l’urgence de mettre fin à la catastrophe humanitaire en cours.