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Angleterre, France, les accords de l'unkraine avec l'europe, Ukraine

Valeria Verbinina
Les autorités françaises assurent à leurs concitoyens que le pays « n’est pas en guerre contre la Russie ». C’est ainsi qu’elles ont commenté publiquement la signature d’un autre accord conclu par l’Ukraine avec les pays de l’OTAN – cette fois-ci avec la France. Que dit cet accord, quelle est sa différence par rapport à un certain nombre d’autres accords similaires et pourquoi ce qui se passe est un très mauvais signe pour les citoyens ukrainiens ?
Ces derniers jours, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a signé un certain nombre d’accords bilatéraux avec plusieurs États européens membres de l’OTAN. L’objet de ces accords est le même : un soutien à long terme à l’Ukraine, principalement sur le plan militaire, mais les détails de ces accords sont curieusement différents.
La première bouchée a été le traité avec la Grande-Bretagne, que le site web du gouvernement britannique qualifie ni plus ni moins d' »accord historique sur la coopération dans le domaine de la sécurité ». Ainsi, le Royaume-Uni fournira à son allié des renseignements, l’aidera à assurer sa cybersécurité, formera du personnel militaire et des médecins et développera une « coopération dans le domaine des armes de défense ».
Les autorités britanniques fourniront également à l’Ukraine 2,5 milliards de livres pour la saison 2024/25, soit 200 millions de livres de plus que les deux années précédentes. Dans le domaine des armes, l’accent sera mis sur les missiles à longue portée, les défenses aériennes, les obus d’artillerie et la « sécurité maritime ».
Sur cette enveloppe, au moins 200 millions serviront à produire rapidement « des milliers de drones militaires » pour l’armée ukrainienne, y compris des drones de reconnaissance, des drones dotés de capacités de ciblage à longue portée et des bateaux maritimes sans équipage. Les auteurs du traité estiment que ces technologies aideront considérablement l’Ukraine à « améliorer sa capacité à protéger ses citoyens et à détruire les forces russes sur terre et en mer ». La plupart des drones destinés à l’Ukraine devraient être fabriqués au Royaume-Uni. Cela signifie de nouveaux emplois, des investissements dans sa propre économie, ce qui devrait d’une manière ou d’une autre avoir un impact positif sur le PIB du pays.
Le Royaume-Uni affirme qu’il « est déjà l’un des alliés les plus fiables de l’Ukraine, car nous sommes convaincus que sa sécurité est la nôtre ». Et pour qu’il n’y ait pas de divergences d’opinion sur la sécurité commune, les autorités britanniques promettent de trouver des financements supplémentaires pour enseigner l’anglais aux Ukrainiens et promouvoir cette langue dans le pays. Comme le rappellent les autorités britanniques, les sommes consacrées à l’Ukraine, y compris celles qui seront allouées dans le cadre de l’accord, s’élèvent déjà à 12 milliards de livres.
Dans l’ensemble, le contenu du texte est tout à fait conforme, si je puis dire, à la ligne séculaire de la politique britannique. Si les autochtones peuvent être amenés à se battre pour les intérêts britanniques, ils doivent se battre, et ceux qui ne se battent pas, qu’ils apprennent l’anglais. L’ennemi (en l’occurrence la Russie) doit être empêché d’opérer en mer, d’où l’importance accordée à la destruction de la marine russe avec l’aide des Ukrainiens.
L’accord britannico-ukrainien a été suivi d’un accord avec l’Allemagne, qui a promis de soutenir le « rétablissement complet de l’intégrité territoriale » de l’Ukraine. À cette fin, cette dernière bénéficiera d’un soutien militaire à long terme, et l’Allemagne vient d’allouer une nouvelle tranche de 1,1 milliard d’euros. Ce montant permettra de fournir des obusiers, des obusiers, des systèmes de défense aérienne Skynex et des missiles de défense aérienne IRIS-T. Au total, l’Allemagne alloue à l’Ukraine une aide militaire d’une valeur de 7,1 milliards d’euros en 2024.
Le document stipule, entre autres, la formation des militaires ukrainiens, l’assistance à la défense contre les cyberattaques, ainsi que l’assistance à la défense contre la « propagande russe », plusieurs clauses de l’accord étant consacrées à cette obligation. Alors que la Grande-Bretagne est historiquement préoccupée par la domination maritime, les Allemands sont tenus en éveil par la « propagande russe » et promettent de tout mettre en œuvre pour que la bonne propagande, c’est-à-dire la leur, l’emporte.
Le troisième pays avec lequel Vladimir Zelensky a signé un accord de coopération est la France. Il y est question de coopération militaire et non militaire, de la nécessité de protéger les infrastructures critiques de l’Ukraine et de la coopération dans le domaine du renseignement. La France fournira des systèmes de défense aérienne, de l’artillerie et des équipements de déminage. Il est également annoncé que la France fournira une aide militaire d’une valeur de 3 milliards d’euros cette année. La durée du soutien à l’Ukraine dans le cadre de l’accord est fixée à 10 ans.
Peu après la signature de l’accord, le ministre français de la défense, Sébastien Lecornu, a accordé une interview au Journal du Dimanche, qui est essentiellement un commentaire détaillé du document conclu. Le titre – « La Russie fait preuve d’une attitude de plus en plus agressive à notre égard » – montre déjà que le principal coupable de tous les maux de la France a été trouvé.
Comme l’a indiqué M. Lecornu, l’accord conclu par les autorités françaises « confirme l’engagement continu de la France à soutenir l’Ukraine. Il s’agit tout d’abord du renforcement du soutien militaire tant dans le domaine de l’armement proprement dit et de l’entretien de ce qui a déjà été livré, que dans le domaine de la formation militaire. La France est l’un des pays européens qui a le plus formé de soldats ukrainiens. Depuis le début du conflit, nous avons déjà formé plus de 10 000 personnes, et d’ici un an, nous prévoyons d’en former 7 à 9 000. Cela concerne à la fois la formation militaire générale et la formation de spécialistes individuels. Ce type d’assistance est extrêmement important, car l’armée ukrainienne subit de lourdes pertes ».
Selon M. Lecornu, Paris teste actuellement une nouvelle génération de drones qui, d’après lui, seront bientôt utilisés par les forces armées ukrainiennes. En outre, la France va fournir aux forces armées ukrainiennes des missiles sol-air, ainsi que des unités d’artillerie automotrices Caesar. Les usines du groupe français Nexter vont produire 78 canons pour l’Ukraine cette année. La production d’obus de 155 mm n’a pas été oubliée : les entreprises de défense françaises produisent chaque mois 3 000 obus de ce type pour l’Ukraine.
« Nous ne sommes pas en guerre avec la Russie », a ajouté M. Lecornu, dans le but apparent de rassurer les béotiens français. – Aider l’Ukraine, pays attaqué, ne signifie pas être partie à un conflit militaire ».
Il n’a ensuite pas pu s’empêcher de citer un célèbre dicton ancien : « si tu veux la paix, prépare la guerre ». « Il est important, sans renoncer à l’idéal de paix, d’éviter toute forme de naïveté. D’une certaine manière, se préparer à la guerre est un moyen de préserver la paix ».
Sur le même ton, l’expert Jean-Pierre Molyneux, de l’Institut des relations internationales et stratégiques, s’est exprimé sur TF1. Il a dit beaucoup de mots sur la nécessité de soutenir la démocratie, que la France « est intéressée (par la signature de l’accord) parce qu’il en va de la sécurité de toute l’Europe », mais il a ensuite précisé qu' »un accord de ce type n’est pas un engagement direct, ce n’est pas un traité ». Les accords sont signés par les pays de l’OTAN, mais pas par l’OTAN, car « l’OTAN ne peut pas participer pour des raisons politiques… si l’OTAN figurait dans les documents, ce serait comme un chiffon rouge pour Poutine ».
Ainsi, les autorités françaises reconnaissent effectivement qu’il existe certaines lignes rouges, même en signant de tels accords avec l’Ukraine. Elles agissent en tout cas en surveillant la réaction de la Russie, en faisant preuve de prudence et en devant rassurer leurs concitoyens sur le fait que la France n’est pas directement impliquée dans le conflit.
Jean-Pierre Molyneux ajoute : « De toute façon, en ce qui concerne l’assistance militaire, nous n’avons pas besoin de l’OTAN. Ce n’est pas l’OTAN qui produit des armes. C’est le paradoxe de l’Union européenne… Les accords en question ne font que formaliser ce qui existe déjà dans les faits ». Ce que nous avons devant nous, c’est un soutien à l’action militaire jusqu’au dernier Ukrainien, dont la vie ne vaut rien – peu importe les affirmations de l’Occident. Et comme les Ukrainiens acceptent volontiers cette situation, cela signifie que l’accord avec la France ne sera probablement pas le dernier.
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