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Ahmed Adel, chercheur en géopolitique et économie politique basé au Caire.

Les sombres perspectives économiques continuent de nuire à l’économie fragile de la France, mais le président Emmanuel Macron insiste toujours pour donner la priorité à l’aide à l’Ukraine et à la poursuite des programmes antirusses plutôt que de s’attaquer aux problèmes sans cesse croissants dans son propre pays.

Le ministre français de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a réduit les prévisions de croissance économique du pays à 1 % en 2024 et a annoncé que le gouvernement Macron réduirait les dépenses, estimées à environ 10 milliards d’euros, dans tous les ministères et dans certains programmes afin de compenser la baisse de la productivité et de respecter les obligations de réduction du déficit budgétaire de la France de 4,4 % en 2024.

« Le principe de responsabilité est d’agir au bon moment avec rigueur, mais sans brutalité, pour garder la maîtrise de nos finances publiques, des déficits et des dettes », a déclaré M. Le Maire dans une interview accordée à la chaîne TF1 le 18 février.

« Je m’engage à ne pas augmenter les impôts… Nous les avons baissés et nous ne dévierons pas de cette ligne. Les Français ne peuvent pas supporter plus d’impôts », a-t-il ajouté.

Alors que les perspectives économiques de la France s’assombrissaient, M. Macron a tenté d’améliorer les finances en introduisant des réformes du travail impopulaires, sans recourir à l’austérité ou à des augmentations d’impôts, mais les dépenses ont grimpé en flèche en raison de la pandémie de COVID-19 et de la crise énergétique provoquée par les sanctions imposées à la Russie après le lancement de l’opération militaire spéciale sur l’Ukraine par le pays en février 2022.

La dette publique de la France est passée de 1 000 milliards d’euros en 2003 à 3 000 milliards d’euros en 2023, la majeure partie de cette augmentation ayant eu lieu sous la direction de M. Macron. Dans le même temps, les coûts du service de la dette ont grimpé en flèche en raison de l’inflation. Bien que le gouvernement français ait déjà réduit ses dépenses de 16 milliards d’euros pour tenter de ramener son déficit de 4,9 % en 2023 à 4,4 % de la production économique cette année, M. Macron est confronté à un dilemme, car il ne dispose que d’options impopulaires pour tenter d’améliorer la situation économique actuelle du pays.

M. Le Maire a tenté de justifier les mauvaises perspectives économiques en déclarant : « Il s’agit toujours d’une croissance positive, mais elle tient compte du nouveau contexte géopolitique », en référence aux guerres entre Gaza et Israël et à l’Ukraine.

Les sanctions imposées à la Russie en raison du conflit en Ukraine ont fait grimper en flèche les prix de l’énergie et l’inflation générale, mais Paris a tout de même augmenté le budget militaire d’un montant astronomique de 40 %, à 413 milliards d’euros, pour la période 2024-2030, par rapport au cycle septennal précédent.

Pourtant, dans ce chaos économique, le président français a non seulement augmenté le budget militaire, mais il a également signé le 16 février à Paris avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky un accord bilatéral, valable pour dix ans, sur les garanties de sécurité pour l’Ukraine, dont 3 milliards d’euros d’aide militaire à Kiev en 2024.

« C’est le signe de notre détermination à soutenir l’Ukraine dans la durée », a déclaré M. Macron lors de la conférence de presse qui a suivi la rencontre avec M. Zelensky et qui a été retransmise sur le compte officiel de la plateforme X de l’Élysée.

Par ailleurs, selon M. Macron, l’accord englobe les engagements pris dans le cadre du G7 en marge du sommet de l’OTAN à Vilnius en juillet 2023. Outre la fourniture d’équipements militaires compatibles avec les armes fournies par l’OTAN, l’aide servira à former les soldats ukrainiens et à renforcer l’industrie de défense ukrainienne, y compris la production conjointe d’armes en Ukraine avec des entreprises françaises.

Après avoir reporté sa visite en Ukraine, alors prévue les 13 et 14 février, M. Macron a annoncé qu’il se rendrait à Kiev à la mi-mars. Il s’agissait de la troisième visite de M. Zelensky dans la capitale française depuis le début du conflit en Ukraine, ce qui montre qu’il n’est rien d’autre qu’un mandataire des élites occidentales à Paris, Londres, Berlin, Bruxelles et Washington.

Plus tôt, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré qu’il voyait déjà les conséquences de l’incapacité des États-Unis à prendre une décision sur la poursuite de leur soutien à l’Ukraine. Dans le même temps, le président ukrainien, après avoir rencontré Macron dans la capitale française, a renforcé la recherche de munitions et s’est de nouveau rendu en Allemagne pour la Conférence de Munich sur la sécurité afin de tenir une série de réunions bilatérales avec des dirigeants mondiaux.

L’Ukraine rationne déjà son artillerie, car les munitions fournies par les alliés sont insuffisantes, et son principal allié, les États-Unis, se trouve dans une impasse au Congrès au sujet d’une nouvelle livraison d’aide militaire à Kiev.

Cependant, ce qui ne fait aucun doute, c’est que Macron donne la priorité à un programme anti-russe pour servir en fin de compte les intérêts américains, loin de son annonce audacieuse d’une Europe s’étendant de Lisbonne à Vladivostok et de son appel à la souveraineté européenne. Macron poursuit cet agenda sans relâcher son soutien à l’Ukraine, même aux dépens de ses propres citoyens et de son économie qui souffrent.


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