La mer Rouge est plus dangereuse qu’elle ne l’était pour la navigation commerciale, et les dirigeants houthis semblent plus déterminés que jamais à poursuivre leurs attaques.

Daniel Larison

La guerre illégale et inutile des États-Unis au Yémen se poursuit:

Les États-Unis et le Royaume-Uni ont mené samedi une série de frappes sur 18 cibles houthies dans huit endroits différents du Yémen, dans le cadre d’un effort continu de riposte contre le groupe soutenu par l’Iran qui a continué d’attaquer des navires commerciaux et militaires en mer Rouge.

Les États-Unis et la Grande-Bretagne mènent une guerre au Yémen depuis six semaines. Les forces américaines se sont engagées dans des hostilités avec le gouvernement de facto d’une grande partie d’un autre pays sans débat ni autorisation du Congrès. La guerre qu’elles mènent ne semble pas prête de s’arrêter. Les Houthis n’ont pas été dissuadés de poursuivre leurs attaques. Au contraire, les attaques de missiles et de drones se sont multipliées et étendues depuis que les États-Unis ont lancé leur campagne illégale en janvier. La mer Rouge est plus dangereuse pour la navigation commerciale qu’elle ne l’était auparavant, et les dirigeants houthis semblent plus déterminés que jamais à poursuivre leurs attaques.

La mauvaise décision du président de procéder à une escalade produit presque tous les résultats que ses opposants avaient prédits. L’action militaire américaine n’atteint aucun des objectifs déclarés de l’administration. Il est évident que les États-Unis devraient mettre un terme à cette campagne avant que la situation ne s’aggrave et que des marins américains ne soient blessés ou tués dans les combats, mais connaissant cette administration et ce qui passe pour de la sagesse en matière de politique étrangère à Washington, nous pouvons nous attendre à ce que les choses se poursuivent indéfiniment.

La présentation de ces frappes comme une « riposte » est pour le moins trompeuse. Ce sont les États-Unis et leurs alliés qui ont choisi d’intensifier le conflit en attaquant des cibles yéménites, et ce sont les États-Unis et leurs alliés qui ont refusé d’insister sur un cessez-le-feu à Gaza qui pourrait réellement mettre fin à la menace qui pèse sur la navigation commerciale. L’administration Biden a choisi de donner aux Houthis la confrontation qu’ils souhaitent plutôt que d’affronter le gouvernement israélien dont ils soutiennent les massacres à Gaza. Comme l’a expliqué Gregory Johnsen cette semaine, « les Houthis ne seront pas dissuadés parce qu’ils veulent cette confrontation avec les États-Unis ».

La seule bonne nouvelle est que l’attaque des Houthis n’a pas encore conduit à une conflagration plus importante, mais plus elle durera, plus elle sera déstabilisante pour le Yémen et pour l’ensemble de la région. L’escalade a été une aubaine politique pour les Houthis, qui ont vu affluer de nouvelles recrues désireuses de rejoindre leurs rangs. Leur succès en matière de recrutement s’explique en grande partie par leur opposition à la guerre de Gaza qui a débuté à l’automne dernier, mais aussi par la campagne militaire menée par les États-Unis et leurs alliés.

Selon une analyse, quelque 37 000 nouvelles recrues ont rejoint les rangs depuis que les États-Unis et leurs alliés ont entamé la campagne le mois dernier. Même si cela n’entraîne pas une reprise du conflit interne au Yémen, cela renforce les Houthis face à leurs opposants locaux. Ce n’est pas la première fois qu’une politique américaine irréfléchie sert de sergent recruteur à ceux-là mêmes auxquels Washington prétend s’opposer, et ce ne sera probablement pas la dernière. Le peuple du Yémen en paiera le prix aujourd’hui et à l’avenir.

Il est clair que cette dernière série de bombardements n’empêchera pas les Houthis de lancer d’autres attaques. Si la situation reste inchangée, ils répondront à ces frappes par une rhétorique plus provocatrice et une nouvelle vague d’attaques contre les navires commerciaux et les bâtiments de la marine américaine. Les marins américains sont mis en danger dans une guerre inutile, et le pire, c’est qu’ils sont mis en danger dans le cadre d’une mission impossible. Presque tout ce que les Américains détestent dans nos guerres étrangères inutiles se retrouve ici. Le fait que les États-Unis mènent cette guerre principalement pour détourner l’attention des horreurs de la guerre atroce que notre gouvernement favorise rend la décision d’escalade encore plus scandaleuse.

Eunomia