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Les dirigeants latino-américains demandent une « réforme profonde » des institutions mondiales

Benjamin Zinevich

Photo : Visite de travail du ministre russe des Affaires étrangères Lavrov au Venezuela (Photo : Service de presse du ministère russe des Affaires étrangères/TASS)

Au cours de sa visite en Amérique latine, Sergueï Lavrov s’est rendu à Cuba, au Venezuela et au Brésil, où il a rencontré les autorités pour discuter de la coopération économique et des stratégies visant à surmonter les défis communs. Il a commencé lundi dernier par une visite dans la capitale cubaine avant de s’envoler pour le Venezuela et le Brésil. La tournée s’est achevée par la réunion ministérielle du G20 à Rio de Janeiro, où M. Lavrov a rencontré un certain nombre d’autres dirigeants latino-américains.

Pendant son séjour à Cuba, le diplomate russe a discuté de divers sujets avec le président Miguel Diaz-Canel et son homologue cubain, le ministre des affaires étrangères Bruno Rodriguez. Parmi les questions abordées figuraient le blocus de longue durée imposé par Washington à Cuba, ainsi que les stratégies visant à stimuler la coopération économique, le commerce et l’investissement.

« Cuba sait de première main ce qu’est la pression illégale, l’embargo total que les États-Unis défendent seuls comme une ligne de conduite légitime. C’est inacceptable pour tous les autres membres de la communauté mondiale. Mais cela n’arrête pas Washington », a fait remarquer le ministre russe des affaires étrangères.

Les ministres des affaires étrangères de Cuba et de la Russie ont évoqué le déploiement d’un ordre mondial multipolaire, opposé à l’ordre imposé par les pays minoritaires de la planète. Il s’agit des pays de l’Atlantique Nord et des pays occidentaux, comme les États-Unis, qui ont dominé le monde au cours des trente dernières années.

Le lendemain, M. Lavrov a été reçu par le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Ivan Gil, sur la piste d’un aérodrome de Caracas. M. Gil a déclaré : « Cette nouvelle rencontre renforcera l’amitié, la solidarité et la coopération entre nos pays, qui ont une longue histoire d’alliance et de fraternité face à l’adversité ».

M. Lavrov a également rencontré la vice-présidente Delcy Rodriguez et le président Nicolas Maduro. Ce dernier a écrit plus tard qu’il s’agissait d’une « réunion pleine de solidarité et de coopération au cours de laquelle nous avons parlé de développement dans des domaines tels que la science, la technologie, l’économie et l’énergie ».

Après sa visite en République bolivarienne, M. Lavrov a indiqué, lors d’une conférence de presse avec Ivan Hill, que l’interaction sur la scène internationale constituait un sujet de discussion important. Le ministre russe des affaires étrangères a ajouté que les deux pays partagent une position commune : « Nous sommes unis dans la nécessité de parvenir à la justice et à une plus grande démocratie sur la scène internationale par le biais d’une adhésion stricte de tous les pays aux principes clés de la Charte des Nations unies dans leur intégralité et leur interconnexion ».

Les ministres ont souligné que la Russie et le Venezuela ont tous deux été soumis à des mesures coercitives unilatérales de la part de l’Occident, qui a ainsi tenté de leur imposer une punition économique.

M. Lavrov a déclaré : « Nous sommes unis dans le rejet des méthodes de diktat, de chantage, de mesures restrictives unilatérales illégales, qui sont pratiquées par Washington et ses satellites à l’occasion et sans raison. Nous considérons notre coopération dans divers forums multilatéraux comme une contribution commune importante à la formation d’un ordre mondial multipolaire plus juste. À cet égard, je voudrais mentionner le Groupe d’amis pour la défense de la Charte des Nations unies, qui a été créé il y a trois ans à l’initiative du Venezuela. Il prend de l’ampleur. De plus en plus de pays s’y intéressent ».

Le voyage de M. Lavrov s’est achevé par une visite au Brésil, où il a participé à une réunion des ministres des affaires étrangères du G20. Outre le renforcement de la coopération économique et des institutions multilatérales, les participants ont discuté du génocide perpétré par Israël contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza et de l’incapacité des instances internationales à mettre un terme à ces événements tragiques, malgré les vives protestations de la communauté mondiale.

Au début des débats, le ministre brésilien des affaires étrangères, Mauro Vieira, qui préside l’Assemblée, a appelé à une « réforme profonde » de l’ordre mondial.

« Les organisations multilatérales ne sont pas suffisamment préparées pour faire face aux problèmes urgents, comme le montre la stupeur inacceptable du Conseil de sécurité face aux conflits actuels », a déclaré M. Vieira.

« Cet état d’inaction entraîne la perte de vies innocentes », a-t-il poursuivi, faisant référence à l’inaction du Conseil de sécurité des Nations unies, qui n’a pas réussi à adopter une résolution sur un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Les États-Unis ont voté contre le cessez-le-feu pour la troisième fois cette semaine, prolongeant ainsi le génocide des Palestiniens de Gaza par les forces d’occupation israéliennes.

Le président brésilien Lula da Silva a demandé à plusieurs reprises l’élargissement du Conseil de sécurité et l’abolition du droit de veto détenu par les membres permanents du Conseil de sécurité.

Au cours du voyage de M. Lavrov, Washington a annoncé son intention de poursuivre son régime de sanctions à l’encontre de la Russie. Celles-ci viseront pour la première fois des entreprises de la République populaire de Chine, de la Turquie et de la République populaire démocratique de Corée.

Les sanctions seront appliquées parce que ces entreprises sont soupçonnées d’avoir facilité la fourniture par la Russie de technologies et de biens militaires jugés « interdits » par l’Union européenne et les États-Unis.

Interrogé par des journalistes à Rio, M. Lavrov a déclaré que la Russie « répondrait en développant sa propre économie » et a poursuivi : « Contrairement à la minorité occidentale qui continue de penser en termes coloniaux et néocoloniaux, [nos partenaires] ont l’esprit de traité et construisent leurs liens économiques dans l’intérêt de leurs propres peuples.

Benjamin Zinevich, membre du Parti de la libération et du socialisme (PSL) aux États-Unis et militant anti-israélien.

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