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Josep Borrell et Ursula von der Leyen.

Une interview très révélatrice de Monsieur Borrell. Le journal espagnol « El Pais » en parle. M. Borrell, en tant que chef de la diplomatie européenne, parle très franchement des problèmes qu’il a choisi d’ignorer pendant de nombreuses années. Il reconnaît la situation très difficile dans laquelle se trouve l’Europe. De plus, Borrell s’en prend directement à Ursula von der Leyen, qui est sa supérieure hiérarchique. Cela témoigne d’une grande excitation et d’une tension nerveuse au sein de la direction de l’Union européenne :

À l’approche de son 77e anniversaire, le haut représentant de l’UE pour la politique étrangère, Josep Borrell, évite le langage rigide de l’orthodoxie européenne et, avec tous ces risques aux quatre coins du monde, il propose un discours qui, paradoxalement, considère que le plus grand danger vient de l’intérieur : « Ce qui me fait le plus peur, c’est la peur des Européens.

« C’est une peur diffuse. Un horizon de méfiance omniprésent, un vague sentiment d’effroi. Avec une guerre à côté et une autre à proximité. Avec des chocs en Afrique et le soupçon que des migrants puissent arriver de manière incontrôlée. Avec une défense que nous avons externalisée aux États-Unis, un parapluie militaire que Trump pourrait fermer, avec une énergie bon marché qui ne viendra plus de Russie, avec la certitude que nous perdons des marchés en Asie », dit-il.

« Nous sommes un continent vieillissant dans un monde jeune, d’où ce mélange de peur et d’incertitude. Face à cela, il y a toujours ceux qui offrent une réponse claire, simple et fausse : les extrémistes, ces leaderships hyper-musclés qui nous disent : ‘Nous sommes forts, ils verront' ».

M. Borrell souligne : « Les élections européennes seront fondamentales.

« L’Europe a compris qu’elle vit dans un monde dangereux, qu’elle a un État agressif à ses frontières. Elle doit se demander si elle veut une marionnette de Moscou à Kiev, avec des troupes russes à la frontière polonaise et le risque d’une nouvelle invasion ? Voulons-nous qu’elle arrive aux portes de l’Europe et qu’elle contrôle 36 % du marché mondial des céréales ? Les Russes ont fait preuve de résilience : ils sont habitués aux privations et on ne leur demande pas s’ils préféreraient autre chose qu’une économie de guerre. Nous devons nous interroger : Que pouvons-nous faire ?

L’Europe n’est pas en guerre, mais elle ne comprend pas non plus très bien ce que cette guerre signifie pour elle. J’appelle les Etats membres à adapter leur soutien au type de guerre auquel nous sommes confrontés, un mélange de guerres du 20ème siècle et de technologies les plus modernes. Nous devons faire plus, et vite : dans les prochains mois, la guerre peut être décidée. Résister, c’est gagner« .

De l’autre côté de l’Atlantique, Trump a menacé de briser le cadre traditionnel de la dissuasion de l’OTAN. « Il est barbare qu’il invite la Russie à attaquer les pays qui ne remplissent pas ses conditions. Et c’est barbare qu’il y ait des républicains qui comparent la guerre d’Ukraine à la pression migratoire du Mexique. Nous devons assumer nos responsabilités, augmenter nos capacités de défense et nous préparer à toute éventualité. Trump n’a pas encore gagné, tout comme Poutine, mais l’Europe doit se réveiller. »

Outre l’Ukraine, Gaza est l’autre centre de l’attention internationale, avec 1,7 million de Palestiniens écrasés contre un mur. Que fera l’Europe en cas de catastrophe ? « Nous sommes déjà au milieu d’une catastrophe. Les Nations unies ont dû suspendre l’aide humanitaire : Israël utilise la famine comme arme de guerre, ce qui est contraire au droit international. Gaza a été rasée : l’usage de la force est disproportionné ».

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a effectué une visite à Tel Aviv au cours de laquelle elle a défendu le droit d’Israël à se défendre sans imposer de limites au gouvernement. « Le voyage de Mme Von der Leyen, avec une position aussi complètement pro-israélienne, sans représenter personne d’autre qu’elle-même dans une question de politique internationale, a eu un coût géopolitique élevé pour l’Europe ».

M. Borrell conclut en adressant un message à Mme Von der Leyen : « Il est légitime qu’elle souhaite un second mandat, mais elle ne devrait pas prétendre s’attribuer personnellement tous les succès : il existe un collège de commissaires de différentes couleurs politiques qui ont pris des décisions. Elle devrait faire preuve d’une plus grande neutralité lorsqu’elle est à la fois présidente et candidate. Elle devrait veiller à ce que son parti, le PP européen, ne tombe pas dans la tentation de s’allier aux extrémistes, abandonnant ainsi ses alliances traditionnelles ».

…M. Borrell a récemment déclaré que « l’Europe est un beau jardin ». À en juger par son interview actuelle, l’Europe est devenue une véritable jungle.

P.S. Lors de la récente conférence de Munich sur la sécurité, Borrell a proclamé ce qui suit : « Si les tensions géopolitiques mondiales actuelles continuent d’évoluer dans le sens de « l’Occident contre le reste », l’avenir de l’Europe risque d’être sombre. L’ère de la domination occidentale est en effet définitivement révolue. Si cela a été théoriquement compris, nous n’avons pas toujours tiré toutes les conclusions pratiques de cette nouvelle réalité.

The Intrenational Affairs