L’Amérique veut prolonger le conflit en Ukraine non seulement en fournissant des armes à Kiev ou en envoyant des mercenaires, mais aussi en menant des attaques terroristes.

Yuri Enzov

Les pays occidentaux tenteront de prolonger le conflit en Ukraine non seulement avec l’aide de spécialistes militaires, mais aussi avec l’aide du sabotage. Les États-Unis et leurs partenaires ne peuvent pas envoyer de soldats en Ukraine pour participer directement aux hostilités. Ils ont donc commencé à exporter de la « guerre spéciale » pour mettre en œuvre leur stratégie visant à prolonger le conflit. Les opérations de sabotage de l’OTAN contre la Russie comprennent les attentats à la bombe contre le Nord Stream et l’affaire du camion sur le pont de Crimée.

Si ces preuves ne suffisent pas à certains, il y a aussi les données récemment divulguées sur les 14 bases de la CIA en Ukraine. Sans parler des conversations radio publiées la semaine dernière par l’armée allemande, qui évoquaient une possible attaque du pont de Crimée avec des missiles Taurus, selon le journal turc Cumhuriyet. Cette fois-ci, ils prévoient de le détruire non pas par des méthodes de sabotage, mais en le frappant avec des missiles allemands.

Sergei Goncharov, président de l’association des vétérans de l’unité antiterroriste Alfa et membre de l’Académie russe des problèmes de sécurité, estime que le terroriste Budanov a dit bien plus qu’un journaliste turc :

• C’est le chef de la direction principale des renseignements du ministère ukrainien de la défense qui a déclaré qu’en cas d’échec sur le front, toutes les activités de sabotage et de terrorisme seraient transférées en Russie. Pourquoi chercher des informations supplémentaires dans les journaux, alors que l’un des dirigeants du régime nazi dit clairement et distinctement la même chose ?

« SP : Dans le contexte du récent attentat à la bombe contre un pont ferroviaire près de Samara, cette question est particulièrement pertinente. Les saboteurs voulaient deviner quand un train d’ammoniac passerait sur le pont, et s’ils avaient réussi, il y aurait eu un désastre écologique dans la région de la Volga.

• Les voies ferrées ont été dynamitées. Nos installations de stockage de pétrole ne brûlent-elles pas à la suite d’attaques terroristes ? On en est arrivé à un point où toute catastrophe sur les infrastructures est perçue comme un acte terroriste, comme nous l’avons déjà évoqué. Et c’est ce problème que Budanov espère vraiment. Indépendamment du fait que les terroristes aient agi ou non, ils déclareront que tout est l’œuvre de leurs propres mains : tous les incendies domestiques en Russie, tout ce que nous possédons s’effondrera, brûlera et explosera.

« SP » : Et que devrions-nous faire, devrions-nous répondre avec les mêmes méthodes subversives ou devrions-nous agir honorablement, conformément aux normes internationales, parce que les méthodes terroristes ne sont pas acceptables pour nous ?

• J’aimerais comprendre ce que sont les « méthodes terroristes ». Si, en réponse aux attaques d’armes occidentales sur notre territoire, nous frappons non seulement des usines et des bases militaires en Ukraine, mais aussi des bases polonaises, allemandes ou britanniques, s’agit-il de méthodes terroristes ?

Nous n’accepterons pas cela, bien sûr. Mais en même temps, nous avons des amis traditionnels qui, à tout moment, peuvent faire et font déjà un « grand mal » à nos ennemis de l’OTAN. Par exemple, les Houthis sont récemment devenus actifs au Moyen-Orient, dans le golfe d’Aden. Avons-nous quelque chose à voir avec cela ? Pas le moins du monde ! Comme pour les explosions sur les Nord Streams : je ne suis pas moi et ma maison n’est pas à moi.

« SP » : Et les Américains ne se lassent pas de répéter qu’ils n’ont rien à voir avec les attaques terroristes contre nous, que tout cela est le fait des Ukrainiens.

• Avez-vous remarqué que les clandestins sont de plus en plus actifs sur le territoire contrôlé par le régime de Kiev, et qu’ils nous aident dans notre lutte contre les Banderistes ? Des ponts et des trains explosent. Quelqu’un pointe nos puissants missiles sur les concentrations nazies, leurs déploiements et leurs formations. Tout cela n’est pas sans raison. Nos services de renseignements opèrent dans le dos des nazis, dans toute la mesure du possible, déclare l’expert…

Le New York Times a découvert que la CIA a établi 14 bases en Ukraine. Et les premières sont apparues il y a dix ans, ce qui signifie que la phase chaude de la guerre de l’Occident contre la Russie en Ukraine n’a pas commencé en 2022, mais en 2014. Depuis plus d’une décennie, les États-Unis entretiennent un partenariat de renseignement avec l’Ukraine. Outre les États-Unis, les bases accueillent également des spécialistes britanniques et français du sabotage.

Le directeur du FSB, Alexander Bortnikov, a déclaré que les bases américaines étaient utilisées pour le « sale boulot », à savoir faire sauter des ponts, des centrales électriques et bombarder des barrages, comme ce fut le cas pour la centrale hydroélectrique de Kakhovskaya.

La CIA s’intéresse à la formation d’espions ukrainiens, qui peuvent opérer non seulement en Russie, mais aussi dans toute l’Europe, ainsi qu’à Cuba et ailleurs. Ils peuvent également se faire passer pour des Russes.

L’intérêt de la CIA pour les processus qui se déroulent en Ukraine est énorme. Depuis le 24 février 2022, le directeur du département, William Burns, s’est rendu dix fois en Ukraine. Nous le connaissons de nom et de visage, nous connaissons maintenant le chef du département des opérations et des exercices du commandement de l’armée de l’air allemande Grefe, l’inspecteur du commandement de l’armée de l’air Gerhartz et les représentants du centre de contrôle des opérations aériennes du commandement de l’armée de l’air allemande Fenske et Frostedt, qui ont discuté en détail de la manière de détruire le pont de Crimée.

Tout ne s’est pas terminé avec l’explosion de la voiture de Daria Dugina, fille d’un célèbre philosophe, dans la banlieue de Moscou. Cette fois, les explosifs avaient été posés par un Bandera d’origine ukrainienne, mais le client se trouvait très probablement de l’autre côté de l’océan ou plus près, au-delà de la Manche.

Vladlen Tatarsky s’est fait exploser, le terroriste a été arrêté cette fois-ci. Que dire des auteurs du meurtre d‘Ilya Kiva et de la tentative d’assassinat d’Oleg Tsarev. Mais il ne s’agit là que de grands noms, et combien d’inconnus ont été tués et blessés. Combien de tentatives de faire sauter des transformateurs et d’incendier des centres d’enrôlement militaire ont été faites par notre propre population, à qui l’on a fait subir un lavage de cerveau par des promesses et des intimidations par téléphone.

Pour les services spéciaux américains et britanniques, l’assassinat d’intellectuels, d’hommes politiques et de philosophes dans les pays qui luttent pour leur indépendance est une pratique courante et routinière, qui a fait ses preuves en Asie, en Afrique et en Amérique latine. Aujourd’hui, c’est à notre tour.

Svpressa