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Agence France-Presse

Le président américain Joe Biden a ordonné à l’armée américaine de construire un port temporaire à Gaza afin d’acheminer davantage d’aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé par Israël.

Dans son discours au Congrès sur l’état de l’Union, le démocrate a réitéré son appel à « un cessez-le-feu immédiat d’au moins six semaines », entre Israël et le Hamas, qui permettrait notamment « la libération de tous les otages » encore retenus dans la bande de Gaza.

« Ce soir, j’ordonne aux forces armées américaines de conduire une mission d’urgence pour établir un port temporaire sur la côte de Gaza pouvant accueillir de grands navires transportant de la nourriture, de l’eau des médicaments et des abris provisoires », a-t-il indiqué.

La réalisation de cet ouvrage ne nécessitera « aucun déploiement au sol de troupes américaines », a-t-il assuré.

Le président américain a par ailleurs appelé le gouvernement israélien à « laisser entrer davantage d’aide humanitaire à Gaza », soulignant que l’aide humanitaire « ne peut être une considération secondaire ni une monnaie d’échange ».

La construction du port temporaire prendra plusieurs semaines et sera conduite en partenariat avec des « alliés » au sol, ainsi qu’avec l’ONU et des organisations humanitaires, avaient auparavant indiqué de hauts responsables américains.

« L’élément principal sera une jetée temporaire », a expliqué un de ces responsables à des journalistes. Le port permettra l’arrivée dans la bande de Gaza de l’équivalent de la capacité « de centaines de camions d’aide supplémentaire chaque jour ».

L’aide en question partira du port de Larnaca à Chypre.

Israël a été informé de cette initiative et les États-Unis doivent travailler avec eux sur les questions de sécurité, selon les mêmes sources.

Largages insuffisants

La Maison Blanche ne cache pas sa frustration grandissante vis-à-vis d’Israël qui assiège et bombarde le territoire depuis l’attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre. L’aide humanitaire, soumise au feu vert israélien, n’arrive qu’au compte-gouttes dans la bande de Gaza, qui est dans une situation humanitaire dramatique. Selon l’ONU, 2,2 millions des 2,4 millions d’habitants sont menacés de famine.

Jeudi, des avions des États-Unis, principal allié d’Israël, de Jordanie, de France, des Pays-Bas, de Belgique et d’Égypte y ont parachuté des repas, selon Amman.

Mais ces largages sont insuffisants tant les besoins sont immenses.

« Les enfants meurent ou s’évanouissent dans les rues à cause de la faim et nous ne pouvons rien faire », a dit à l’AFP un bénévole, Bassam Al-hou, lors d’une distribution de repas aux déplacés à Jabaliya, dans le nord de Gaza.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 20 civils, la plupart des enfants, sont morts de malnutrition et de déshydratation. « Nous pensons que des dizaines de personnes meurent silencieusement de faim », a déclaré son porte-parole, Ashraf al-Qudra.

Négociations « pas rompues »

Jusqu’ici paralysé, le Conseil de sécurité de l’ONU tient de nouveau jeudi une réunion sur ce conflit.

Lors de quatre jours de discussions au Caire, les médiateurs — États-Unis, Qatar, Égypte — espéraient arracher un accord avant le ramadan, le mois sacré du jeûne pour les musulmans qui commence en début de semaine prochaine.

Mais la délégation du Hamas est repartie jeudi pour Doha où est basé le chef du mouvement, Ismaïl Haniyeh. Un responsable du Hamas a indiqué que « les réponses initiales » d’Israël « ne répondent pas aux exigences minimales » du groupe.

Les négociations, qui portent sur une trêve associée à une libération d’otages en échange de Palestiniens détenus par Israël, ne sont pas « rompues » et les « divergences s’estompent », a toutefois souligné l’ambassadeur des États-Unis en Israël, Jack Lew. Selon le média égyptien progouvernemental Al-Qahera News, elles « reprendront la semaine prochaine ».

Le Hamas réclame avant tout accord un cessez-le-feu définitif et un retrait des troupes israéliennes de Gaza, ce qu’Israël refuse.

« L’armée israélienne continuera à opérer dans toute la bande de Gaza, y compris à Rafah, le dernier bastion du Hamas », a répété jeudi le premier ministre Benjamin Nétanyahou.

Pour parvenir à la « victoire totale », Israël a annoncé préparer une offensive terrestre sur Rafah, à l’extrême sud de la bande de Gaza, contre la frontière fermée avec l’Égypte, où sont massés selon l’ONU près de 1,5 million de Palestiniens.

À 3 km au nord, les chars israéliens ont quitté cette semaine le centre de Khan Younès, laissant derrière eux d’immenses destructions après des semaines de combats et de bombardements aériens.