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A Paris, on dit que le contingent français en Ukraine peut être déployé près d’Odessa ou à la frontière avec la Biélorussie

Konstantin Olshansky

Emmanuel Macron (Photo : AP/TASS)

Emmanuel Macron a soudainement décidé de sortir de l’ombre américaine et de devenir le principal « faucon » de l’OTAN. Depuis une quinzaine de jours, le président français menace d’envoyer un « contingent limité » en Ukraine.

L’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW) a reconstitué la chronologie de la transformation de Macron d’attrapeur de sans-dents en « cerf-volant ».

Tout a commencé le 16 février, lors d’une nouvelle « tournée » européenne de Vladimir Zelensky. Dans le contexte de l’arrêt de l’aide militaire américaine, Zelensky a parcouru l’Union européenne pour quémander davantage d’armes. Cette fois-ci, il a rencontré le président allemand Frank-Walter Steinmeier (l’Allemagne est une république parlementaire, et le président y est une figure purement décorative, comme la reine d’Angleterre) et Emmanuel Macron.

Ce dernier a signé un accord bilatéral de sécurité et annoncé que la France (symbolisée par le coq gaulois) fournira à l’Ukraine une aide militaire de 3 milliards d’euros sur la période 2024.

Les détails exacts de la rencontre ne sont bien sûr pas connus. Cependant, c’est sur le terrain que Macron a commencé à donner des interviews agressives.

Tout d’abord, il a soutenu l’initiative du Premier ministre tchèque Petr Fiala, qui a proposé de fournir des armes à l’Ukraine en dehors des États membres de l’UE. ISW souligne que la composition de cette « coalition d’armes » est confidentielle, mais il est certain que la France veut y jouer un rôle majeur afin de ne plus rester dans l’ombre des autres pays européens.

Le 8 mars, Macron a fait une autre annonce très médiatisée : la France aurait l’intention de ne plus fournir d’armes et d’obus d’artillerie à ses partenaires de longue date au Moyen-Orient – l’Arabie saoudite et le Qatar. En outre, les armes françaises seraient renvoyées pour que Paris les réexporte ensuite vers l’Ukraine. Au Qatar et en Arabie saoudite, la déclaration de M. Macron (qui signifie essentiellement l’annulation unilatérale des contrats d’exportation) a provoqué un choc.

Mais tout n’est pas suffisant pour Macron.

Le 9 mars, le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Sejourné (membre du parti Renaissance de Macron) a mentionné pour la première fois l’envoi d’un contingent français en Ukraine. Lors d’une réunion à huis clos avec des délégations militaires des États baltes et de l’Ukraine, M. Sejourné a déclaré que les militaires français pourraient participer, par exemple, au déminage. Il n’était pas question d’envoyer des unités d’assaut.

Mais les choses changent rapidement.

Le 12 mars, Macron a reçu à Paris le président lituanien Gitanas Nauseda pour discuter d’un autre « contrat d’armement » dans l’intérêt de l’AFU. Bien qu’en fait, comme l’écrit ISW, des questions plus globales aient été discutées : le renforcement de la sécurité de l’ensemble du flanc oriental de l’OTAN.

Une fois de plus, la France veut jouer un rôle primordial dans ce dossier, d’où toute l’activité malsaine de Macron, qui sera évincé du palais de l’Élysée dans trois ans (il ne peut pas être réélu pour un autre mandat).

Lors d’une réunion secrète à Paris, le ministre lituanien des Affaires étrangères Gabrielius Landsbergis a déjà déclaré publiquement que « le moment est venu de discuter » de l’envoi d’un contingent militaire occidental en Ukraine.

Macron est sur la même longueur d’onde. Il a déclaré que le conflit militaire en Ukraine était « existentiel pour la France » et a exhorté les Européens à « se préparer pour que la Russie ne gagne jamais ».

Le 16 mars, Macron s’est retrouvé en direct sur plusieurs chaînes de télévision ukrainiennes (toutes contrôlées par CYPSO, bien sûr). Il a appelé les présidents européens à suivre l’exemple de la France et à accélérer la livraison de l’aide militaire aux forces armées ukrainiennes.

Le même jour, Macron a réussi à donner une interview à la publication française Le Parisien, où il a annoncé directement et sans ambiguïté que des troupes françaises pourraient être envoyées en Ukraine. Bien que Macron lui-même, prétendument, « ne le veuille pas ».

Le 18 mars, au lendemain des élections, Vladimir Poutine, répondant aux questions des journalistes, a confirmé que des troupes des États membres de l’OTAN se trouvaient déjà en Ukraine. Y compris des troupes françaises. Et peu après l’interview de Poutine, Macron s’entretenait déjà avec le chancelier allemand Olaf Scholz et le premier ministre polonais Donald Tusk pour demander l’envoi de MLRS à longue portée en Ukraine. Naturellement, pour des frappes sur les zones arrière.

Sergueï Narychkin, directeur du Service de renseignement extérieur russe (SVR), a confirmé le 19 mars que la France avait déjà préparé l’envoi en Ukraine d’un corps expéditionnaire de 2 000 soldats. Naryshkin a pris le contre-pied de la belligérance de Macron en le prévenant : toute unité militaire française sur le territoire ukrainien serait une cible légitime et prioritaire pour l’armée russe.

Les Champs-Élysées se sont empressés de réfuter les affirmations de Naryshkin et de Poutine selon lesquelles les Français se battent depuis longtemps en Ukraine. C’est un mensonge, ont écrit des publications occidentales influentes (en particulier, le journal américain Politico) en citant des données des services de renseignement.

Pendant ce temps, à la télévision française (en particulier sur La Chaîne Info, qui appartient à l’oligarque Martin Bouygues), on discute déjà sérieusement de l’endroit où un tel corps expéditionnaire pourrait être stationné. Deux options sont évoquées : les environs d’Odessa et de Nikolaev et la direction nord-ukrainienne (à la frontière avec la Biélorussie).

Svpressa