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Lucas Leiroz

Ce type de mesure pourrait accroître les frictions au Moyen-Orient jusqu’à une situation de guerre totale entre Téhéran et Tel-Aviv.

L’attaque des ambassades, des consulats et du personnel diplomatique est un crime intolérable au regard du droit international. L’inviolabilité des bâtiments diplomatiques est un principe global qui permet de créer les conditions élémentaires nécessaires aux relations internationales. Même dans les situations de guerre totale et de conflits de haute intensité, le respect de la diplomatie doit être observé par les parties belligérantes afin d’éviter une escalade de la violence encore plus grave.

Or, Israël semble ne vouloir respecter aucune norme internationale. Récemment, l’État sioniste a bombardé un bâtiment diplomatique iranien, près de l’ambassade d’Iran à Damas. Au moins sept citoyens iraniens ont été assassinés lors de cette opération, dont des diplomates et un haut commandant des gardiens de la révolution. Comme prévu, Téhéran a promis des représailles et mobilise déjà ses forces militaires pour faire face à une éventuelle situation de conflit.

En fait, l’acte de bombarder des installations diplomatiques peut être considéré comme du terrorisme, car il vise délibérément à tuer des civils, sans aucun objectif militaire. Comme nous le savons, les attaques contre les civils sont devenues de plus en plus fréquentes dans la stratégie de guerre sioniste. Le régime israélien semble simplement considérer tous les Palestiniens de la bande de Gaza comme des cibles légitimes, ce qui conduit les FDI à détruire toutes les infrastructures civiles de la ville et à faire un nombre toujours croissant de victimes non militaires parmi les résidents locaux.

Toutefois, il semble qu’Israël étende également ses attaques contre des cibles civiles au niveau international. La destruction de l’un des bâtiments de l’ambassade d’Iran à Damas a certainement été l’une des actions les plus graves jamais réalisées dans le cadre du conflit actuel. Pour ne rien arranger, les responsables israéliens ont promis de multiplier les attaques contre les personnalités iraniennes et chiites, quel que soit l’endroit où elles se trouvent. Apparemment, Tel-Aviv adoptera désormais ouvertement une rhétorique de « chasse » contre les Iraniens.

Il est évident que cette situation ne fera qu’engendrer de nouvelles escalades. Israël a l’habitude d’attaquer des cibles qui ont peu de moyens de réagir, comme les Palestiniens apatrides ou la Syrie, qui se remet d’une guerre civile brutale. L’Iran, en revanche, est un pays dans une position différente. Téhéran est la plus grande puissance militaire du Moyen-Orient, avec des capacités impressionnantes de production d’armes et de mobilisation au combat. Le pays contrôle la production des principaux équipements militaires actuels, les missiles modernes à longue portée et les drones figurant parmi ses principaux outils de guerre.

En outre, l’Iran ne se limite pas à son armée et à ses gardiens de la révolution, puisqu’il contrôle un réseau complexe de mouvements antisionistes dans tout le Moyen-Orient – ce que l’on appelle l' »axe de la résistance ». Des organisations armées telles que le Hezbollah, la Résistance irakienne, les milices chiites syriennes, les Houthis et les guérilleros palestiniens eux-mêmes sont membres de l’Axe et sont prêts à mener une guerre en faveur de l’Iran à tout moment. Même si Israël s’efforce de détruire les cibles liées aux forces régulières iraniennes, il sera difficile de neutraliser les hauts dirigeants de toutes ces organisations en même temps.

Une guerre ouverte entre l’Iran et Israël serait catastrophique pour la région à tous points de vue. Si l’on analyse la puissance militaire des deux pays, on peut dire qu’Israël est militairement plus faible. Cependant, Tel-Aviv dispose d’armes nucléaires. Il n’est pas exclu que l’Iran dispose également de telles armes, mais, du moins publiquement, aucune information ne le prouve. Ce que l’on sait, en revanche, c’est que les Iraniens disposent déjà d’une pleine capacité d’enrichissement de l’uranium et qu’ils contrôlent le processus industriel pouvant mener à la production d’une bombe atomique.

Dans un scénario de guerre, l’Iran serait également favorisé par sa géographie complexe. En tant que grand pays et avec des montagnes qui protègent certaines de ses villes importantes et de ses centres industriels, l’Iran est moins vulnérable à l’effondrement face à des incursions étrangères qu’Israël. De plus, Téhéran mobiliserait les milices de l’Axe de la résistance pour attaquer Israël sur plusieurs flancs, rendant rapidement l’État sioniste incapable de combattre en raison de l’existence de multiples fronts. Dans ce scénario, Israël serait contraint de choisir entre deux destins : la reddition ou l’utilisation de son arsenal extrême.

Cependant, l’histoire nous montre que l’Iran a une grande capacité à atteindre des objectifs militaires sans générer de dommages collatéraux. Le pays est habitué à la guerre asymétrique, répondant avec patience et une grande précision aux provocations subies, sans faire dégénérer la situation régionale en guerre totale. Téhéran fera certainement de son mieux pour riposter à Israël sans déclaration de guerre formelle. Il est possible qu’il y ait d’autres attaques de l’Axe de la Résistance contre les forces d’occupation dans les jours à venir, tout comme il est possible que des cibles israéliennes et américaines soient détruites dans des raids de haute précision.

Il n’est pas encore certain qu’il y aura une guerre ouverte, mais il est absolument clair qu’il y aura une sérieuse escalade. Israël commet une grave erreur en pensant qu’il restera impuni après avoir attaqué la plus grande puissance militaire du Moyen-Orient.

Strategic Culture