par Edouard Husson

Depuis hier 17 avril, des photos et vidéos de Gazaouis se baignant dans la mer Méditerranée à Deir Balah, au centre de la bande de Gaza. De façon intéressante, le « Times of Israël », journal conservateur, reste sur la réserve: en effet, les images révèlent le retrait de l’armée israélienne et l’échec du projet fondamental du gouvernement Netanyahu lorsqu’il a déclenché les représailles pour le 7 octobre: la volonté d’expulser les Gazaouis de leur terre. Un peuple écrasé, martyrisé, affirme dès qu’il le peut, son envie de vivre.

Depuis hier 17 avril, des voix s’indignent en Israël. Sur les réseaux sociaux en langue arabe, en effet, circulent des des photos et des vidéos de Palestiniens de Gaza se réjouissant du retrait des troupes israéliennes et se baignant ou se tenant sur la plage au bord de la Méditerranée.

Citons L’Orient-Le Jour:

Une météo estivale a offert mercredi un moment de répit aux Gazaouis déplacés à Deir el-Balah, dans le centre du territoire palestinien, qui par centaines se sont baignés dans les eaux encore fraîches de la Méditerranée pour se laver des affres de la guerre. « Aujourd’hui, c’était l’occasion pour nous d’aller à la mer. A cause de la forte chaleur, la tente est comme un four, et l’air est comme le feu », raconte à l’AFP Mahmoud Al-Khatib, 28 ans, qui a dû fuir la ville de Gaza, au nord, avec sa femme et ses enfants.

En attendant le jour où ils pourront rentrer chez eux, ils vivent dans un camp, sous des tentes chauffées à blanc par le soleil d’avril et un mercure qui a atteint les 34°C mercredi à Deir el-Balah. « Les enfants étaient heureux », assure Naji Abou Waseem, lui aussi déplacé de Gaza-ville. « C’était notre but, les sortir de la destruction et de la mort, de l’atmosphère de la guerre, même s’ils entendent tout le temps des explosions et les avions ».L’Orient-Le-Jour, 18 avril 2024

La terrible défaite du gouvernement Netanyahu

Voici ce qu’en pense le Times of Israël:

Des vidéos et des images capturées mercredi, montrant des masses de Palestiniens dans le centre de Gaza en train de se rafraîchir à la plage, constituent un contrepoint saisissant aux scènes de combat, de décombres et de mort qui proviennent de la bande depuis que la guerre a éclaté contre le groupe terroriste palestinien du Hamas, il y a plus de six mois.

Les scènes ont été filmées mercredi près de Deir al-Balah, à proximité d’un corridor est-ouest qui est la seule partie de Gaza encore activement investie par les troupes de l’armée israélienne.

Malgré la proximité, aucun soldat n’apparaît dans la vidéo, et la libre circulation des habitants de Gaza montre à quel point les soldats se sont retirés.

En ligne, certains défenseurs d’Israël considèrent cette vidéo comme une preuve que les allégations de famine ou de génocide sont exagérées. D’autres l’ont utilisée pour critiquer le gouvernement.

Le législateur Zeev Elkin, du parti Tikva Hadasha, qui a récemment quitté la coalition, a écrit sur X : « Si c’est ainsi que l’on mène une guerre, il n’est pas étonnant que le Hamas ne se sente pas sous pression et ne soit pas disposé à accepter un accord sur les otages et que l’Iran attaque Israël avec des centaines de missiles ».Times of Israël, 17.04.2024

L’échec du projet de nettoyage ethnique

Nous vous avions expliqué dès la fin du mois d’octobre que l’objectif du gouvernement Netanyahu était d’arriver à l’expulsion des Palestiniens de Gaza. Rappelons-nous aussi les propos tenus par Jared Kushner, gendre de Donald Trump, en février 2024:

En février, lors d’une intervention à l’université de Harvard mise en ligne ce mois-ci et révélée par The Guardian mardi, Jared Kushner a estimé que la bande de Gaza pourrait être « très précieuse » en matière d’immobilier, si Israël pouvait expulser par la force toutes les personnes qui y résident actuellement afin de développer des « propriétés en bord de mer ». S’adressant à Tarek Masoud, professeur à Harvard, le mari d’Ivanka Trump a déclaré : « C’est une situation un peu fâcheuse mais, à la place d’Israël, je ferais mon possible pour expulser les habitants et faire le ménage sur la zone. »Vanity Fair, 27 mars 2024

Ce que disent les images diffusées sur les réseaux sociaux, c’est que les Gazaouis ne veulent pas quitter leur terre et que le bord de mer est le leur.

Le macabre bilan au jour 195

Rappelons le terrible bilan à presque deux cents jours de guerre. Ce sont les chiffres donnés par les autorités de Gaza – et dont les organisations internationales considèrent qu’ils sont sans doute sous-estimés puisqu’ils ne donnent, au-delà de 7000 disparus, que les victimes identifiées:

 33.970 morts

 7.000 disparus

 76.770 blessés

 14.685 enfants tués

 9.670 femmes tuées.

 72% des victimes sont des enfants et des femmes.

 485 morts dans le corps médical.

 66 agents tués de la Défense Civile.

 140 journalistes tués.

 17.000 enfants vivent sans leurs parents ou l’un d’eux

Nouvelles de Palestine, 18 avril 2024

Courrier des Stratèges