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par Edouard Husson

La communauté internationale redoute un geste nucléaire désespéré de Netanyahu

La communauté internationale redoute un geste désespéré de Benjamin Netanyahu, qui l’amènerait à utiliser d’une manière ou d’une autre l’arsenal nucléaire d’Israël. Une version moderne du « complexe de Massada ». Depuis qu’Israël a frappé le consulat d’Iran le 2 avril 2024, la communauté internationale a changé de façon de faire vis-à-vis de l’Etat hébreu. Tout se passe comme si une répartition des rôles avait lieu. L’Iran, la Russie, la Chine font passer des avertissements très clairs à Tel-Aviv; tandis que les alliés d’Israël se chargent d’encadrer l’Etat hébreu pour limiter les dégâts commis par Netanyahu.

La forteresse de Massada dans le désert de Judée

Benjamin Netanyahu va pouvoir attaquer le Hamas à Rafah comme il en a envie. mais, auparavant, il doit accepter que les Etats-Unis, l’Egypte, les Emirats Arabes Unis aident Tsahal à réinstaller les réfugiés de Rafah à Khan Younès:

Le plan israélien d’évacuation des civils de la ville prendra deux à trois semaines et sera mis en œuvre en coopération avec Washington, Le Caire et d’autres États arabes, dont les Émirats arabes unis.

Les responsables affirment qu’Israël prévoit un déploiement progressif de troupes à Rafah. Les troupes se concentreront sur des zones spécifiques où Tel Aviv pense que les dirigeants du Hamas sont retranchés.

L’ensemble de l’opération, y compris les évacuations, devrait prendre au moins six semaines, selon le WSJ.

L’attaque sur Rafah aura un « plan opérationnel très serré parce que c’est très complexe là-bas », a déclaré un responsable de la sécurité israélienne au WSJ. « Il y a une réponse humanitaire qui se produit en même temps.

Le plan d’évacuation israélien prévoit de déplacer la population civile de Rafah vers la ville méridionale de Khan Yunis, ainsi que vers d’autres zones de la bande de Gaza, indique le rapport, ajoutant que des abris avec des tentes, de la nourriture et des installations médicales seront mis en place.The Cradle, 23 avril 2024

Ces barres que l’on enfonce dans le réacteur nucléaire pour le faire refroidir

On reconnaîtra qu’il y a quelque chose d’absurde dans ce qui se prépare. Lorsque la population palestinienne aura été déplacée vers le nord – on est très loin du nettoyage ethnique souhaité par Israël au début du conflit – les combattants palestiniens auront eu tout le temps de préparer la défense de Rafah.

En réalité, il faut comprendre que la communauté internationale est très inquiète depuis le 2 avril dernier, jour où Israël a franchi une ligne interdite: en bombardant un bâtiment diplomatique iranien en Syrie. La question qui explique les chancelleries du monde: Netanyahu est-il maîtrisable?

Il est frappant de voir comment les alliés d’Israël font tout pour l’encadrer. Seymour Hersh a révélé, avec la complicité du Pentagone, comment Washington et Téhéran s’étaient parlé par Russie interposée (en pleine guerre d’Ukraine!) avant l’attaque iranienne contre Israël.

L’opération de Rafah aussi relève de la volonté d’encadrer le gouvernement Netanyahu pour éviter une aggravation des massacres à Gaza. En fait, pour détourner Netanyahu de répliquer durement à la riposte iranienne, les Américains lui ont concédé une opération sur Rafah; mais tellement encadrée qu’elle ne ressemble en rien à ce que Tel-Aviv aurait souhaité.

La peur d’un Massada nucléaire

L’obsession internationale est un « Massada nucléaire ».

Perchée sur une falaise au-dessus d’un paysage quasi-lunaire, l’ancienne forteresse de Massada a des airs dramatiques à la hauteur de sa légende.

Le complexe isolé a été le site d’un dernier combat désespéré opposant des Juifs assiégés à l’armée romaine, qui aurait abouti à un suicide de masse, préféré à la capitulation.

Le site, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, monte la garde sur une étendue aride du désert de Judée, bordé par le bleu de la mer Morte scintillant au loin. Les pèlerins arrivent souvent avant l’aube pour emprunter le chemin sinueux menant au sommet de la falaise alors que le lever du soleil fait passer le sable du désert du brun au rose.

Le complexe palatial de Massada a été construit sous le roi Hérode Iᵉʳ le Grand, qui a régné de 37 av. J.-C. à 29 av. J.-C. Véritable exemple classique de l’architecture du début de l’Empire romain, sa grandeur n’a d’égal que le symbolisme de la légende qui lui est associée.

Un groupe de rebelles juifs s’insurgeant contre la domination romaine s’est emparé et du site de Massada en 66 de notre ère et l’a occupé pendant plusieurs années. Les forces romaines ont encerclé la forteresse en 72 après J.-C. et ont finalement réussi à percer les murs en construisant une rampe géante, dont les traces sont encore visibles aujourd’hui.

Selon l’historien Titus Flavius Josèphe, avant que les Romains ne puissent envahir l’enceinte de Massada, les rebelles ont fait le choix du suicide de masse ; les hommes ont tué leurs propres femmes et enfants, puis se sont tués les uns les autres, le dernier homme restant ayant retourné son épée contre lui. Selon ce récit, 960 personnes seraient mortes dans ce sursaut d’honneur. Seuls deux femmes et cinq enfants auraient survécu.

Alors que d’aucuns ont depuis remis en question ce récit, affirmant que les archives archéologiques ne mentionnaient pas cet épisode sanglant, la légende a pris une grande importance symbolique dans la culture juive, et notamment israélienne.nationalgeographic;com

Il existe en Israêl un véritable « complexe de Massada »:

Certains évoquent de nos jours un « complexe de Massada » ou « complexe de la citadelle assiégée » par analogie avec les événements de l’époque romaine, au cours desquels les défenseurs de cette forteresse isolée, entourée de troupes hostiles, préférèrent le suicide à la reddition. L’expression désigne l’idée selon laquelle dans une perspective sioniste, Israël serait le dernier refuge à préserver à tout prix, source de comportements irrationnels7.

Il est coutumier que les soldats de l’armée israélienne viennent y prêter le serment: « Massada ne tombera pas une nouvelle fois » (« Chenit Matzada lo tipol, שנית מצדה לא תיפול »).Wikipedia français, article Massada

La crainte internationale vient de ce qu’Israël est doté de l’arme nucléaire (sans l’avoir jamais révélé officiellement).

La curieuse histoire de Pepe Escobar

Cette fin de semaine, le journaliste brésilien Pepe Escobar, l’une des personnes les mieux informées de ce qui se raconte dans le monde des BRICS, a publié le message suivant sur X/twitter:

EXCLUSIVE

THE REAL STORY OF THE ISRAELI COUNTER RESPONSE

From a very high level intel source.

In Asia.

NOT Russia-China.

Although the strategic partnership, of course, exchanges at the highest level 24-7.

Confirmed and re-confirmed.

It will be great to know what Sy Hersh…

— Pepe Escobar (@RealPepeEscobar) April 20, 2024

Traduction:

EXCLUSIF

LA VÉRITABLE HISTOIRE DE LA CONTRE-RÉPONSE ISRAÉLIENNE

D’une source de renseignements de très haut niveau.

En Asie.

PAS entre la Russie et la Chine.

Bien que le partenariat stratégique, bien entendu, donne lieu à des échanges au plus haut niveau 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Confirmé et re-confirmé.

Il sera intéressant de savoir ce que Sy Hersh entend de ses sources du Beltway.

Nous y voilà.

Israël a d’abord choisi de répondre par une force extrême.

Un F-35 chargé d’une bombe nucléaire a été envoyé à l’est au-dessus de la Jordanie.

La mission : provoquer une détonation à haute altitude au-dessus de l’Iran qui provoquerait une surtension dans les lignes électriques à haute capacité, paralysant le réseau électrique iranien et mettant hors d’état de fonctionner tous les appareils électroniques.

Une attaque EMP.

Cependant…

… Le F-35 israélien a été abattu par l’armée de l’air russe alors qu’il quittait l’espace aérien jordanien.

C’est pourquoi la version rendue publique de la riposte israélienne n’était qu’une parodie.

En fin de compte, toutes les parties ont décidé de ne pas publier les vraies nouvelles, afin de désamorcer ce qui pourrait bien se transformer en Troisième Guerre mondiale.compte X de Pepe Escobar

Une explosion nucléaire au-dessus de l’Iran, pour créer une « impulsion électro-magnétique » et détruire les infrastructures électriques et les télécommunications iraniennes? Des experts militaires ont souligné que l’histoire, telle qu’elle est présentée, est peu vraisemblable. En particulier, l’utilisation d’un F35.

Pourtant, il faut prendre au sérieux cette histoire, même si c’est une fiction: il se peut que la Russie ait voulu faire passer un message à Israël et à la communauté international: la crainte est réelle que le gouvernement israélien, Benjamin Netanyahu en tête, soit atteint du complexe de Massada et commette un geste irréparable.

Il faut que les dirigeants israéliens sachent qu’à Moscou, Téhéran ou ailleurs, on prendra tous les moyens d’empêcher une folie. A Washington on l’a bien compris et on est au fond d’accord.

Le Courrier des Stratèges