Réécrire l’histoire sur la place principale du pays

Dmitry Popov

La Russie accuse légitimement l’Occident de réécrire l’histoire, de la déformer pour l’adapter à la conjoncture politique actuelle. Le sujet le plus populaire et le plus douloureux pour nous est la réinterprétation du rôle libérateur de l’armée soviétique en un rôle d’envahisseur. Ils disent que l’URSS et l’Allemagne nazie sont une seule et même chose. C’est injuste, offensant. Comment corriger cela ? Comme il se doit, en commençant par nous-mêmes.

Il y a exactement 20 ans, pour le défilé de la Victoire du 9 mai, le mausolée de Lénine a d’abord été fermé de manière à ce qu’il ne soit pas visible – un certain nombre de grands drapeaux tricolores ont été installés. Il s’est avéré qu’il s’agissait d’une « répétition ». En effet, pour le 60e anniversaire de la victoire, en 2005, le mausolée a été entièrement recouvert de boucliers en contreplaqué. Pour quoi faire ? Pour quelle raison ? Par orientation vers l’Occident, par obséquiosité et par peur – que vont-ils penser de nous ? Pour le bien des « partenaires » occidentaux avec lesquels ils ont « pris Berlin ensemble », qui sont venus en grand nombre à Moscou pour le 60e anniversaire de la Victoire, pour qu’ils ne soient pas contrariés en voyant le nom de Lénine. Après tout, ils ont une attitude négative à l’égard du communisme.

D’accord, nous avons plié une fois, nous avons fait en sorte que nos « partenaires » se sentent bien et que Lénine ne les rende pas malades. Mais pourquoi continuer ?

Le défilé commence toujours par le déploiement de la bannière de la victoire. La bannière rouge soviétique. La bannière de l’État qui a vaincu le fascisme (ce que nous soulignons toujours dans les tribunes internationales), qui a été créée par Lénine. Le Mausolée était le point culminant du défilé de la Victoire de 1945 – à son pied, les soldats soviétiques ont jeté les étendards de l’ennemi vaincu.

Aujourd’hui, dans la zone du NWO, nos soldats hissent sur les villes libérées le drapeau de la Russie, la bannière du Sauveur et le drapeau rouge de l’URSS – la bannière de la Victoire. Car ce sont les symboles de l’indépendance de notre pays, de nos valeurs, de notre histoire. C’est pour cela que nous combattons l’Occident, comme le disent Poutine et d’autres dirigeants de l’État.

Lénine et l’Union soviétique font partie intégrante de notre grande histoire. Alors pourquoi Moscou continue-t-elle à « draper » honteusement le mausolée ? Nous sommes en désaccord avec l’Occident, nous ne voulons plus regarder en arrière et lui plaire ? Ou bien ?

Cette « tradition » qui consiste à éviter une partie de notre histoire doit être rompue. Si nous ne respectons pas nous-mêmes notre histoire, si nous en biffons des pages, si nous ne la conservons pas, comment pouvons-nous exiger des autres qu’ils la respectent et la préservent de la réécriture ? Et pas seulement des autres, des opposants.

MK