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Alors qu’une invasion de Rafah se profile, les FDI renforcent leur contrôle sur les Palestiniens et pourraient établir une présence à long terme.
Maya Krainc
Israël accélère le développement d’une route stratégique qui traverse la bande de Gaza, selon de nouvelles images satellite, qui montrent que les forces israéliennes ont modernisé deux avant-postes militaires au croisement de routes clés que les Palestiniens utilisaient pour fuir vers le sud au début de la guerre.
Cette route, qui fait partie de ce que l’on appelle le « corridor de Netzarim », s’étend d’est en ouest de la frontière entre Gaza et Israël jusqu’à la mer Méditerranée, juste au sud de la ville de Gaza. Le corps du génie de l’armée israélienne l’aménage depuis peu de temps après les attaques du Hamas du 7 octobre.
Les responsables israéliens affirment que l’objectif stratégique du corridor est de permettre aux forces de défense israéliennes (FDI) de cibler plus facilement les réseaux de tunnels souterrains du Hamas. Le personnel des FDI a également déclaré que le corridor facilite les incursions militaires dans les deux directions et renforce le contrôle israélien sur les mouvements des Palestiniens, les empêchant de se déplacer librement du nord au sud.
Cependant, alors qu’une invasion de Rafah se profile, les experts affirment que l’emprise croissante d’Israël sur les flux de personnes et d’aide dans le nord de la bande de Gaza risque d’exacerber la crise humanitaire déjà très grave.
Selon Lex Takkenberg, ancien fonctionnaire de longue date de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés du Proche-Orient (UNRWA), les forces militaires israéliennes étaient déjà en mesure de contrôler tous les mouvements de personnes et de nourriture dans les deux sens depuis qu’elles ont commencé à évacuer les habitants du nord de la bande de Gaza en octobre : « Ce que cette mesure semble faire, c’est consolider davantage le contrôle d’Israël sur cette séparation de facto de la bande de Gaza ».
Netzarim Corridor, Gaza

M. Takkenberg, qui a travaillé à Gaza pendant dix ans en tant que haut fonctionnaire de l’UNRWA, estime que le choix de l’emplacement du corridor facilite ce contrôle. Il traverse le Wadi Gaza, une vallée fluviale plus difficile à traverser et qui fait office de frontière naturelle entre le nord et le sud de la bande de Gaza. C’est également la partie la plus étroite de la bande de Gaza.
« D’un point de vue militaire, elle est relativement facile à contrôler », a déclaré M. Takkenberg, qui travaille aujourd’hui comme conseiller principal à la Renaissance arabe pour la démocratie et le développement.
Le contrôle exercé par les FDI sera encore plus fort à mesure qu’elles avanceront dans la « zone tampon » du corridor. En défrichant le terrain et en rasant des bâtiments dans la zone entourant la route, les forces israéliennes ont renforcé leur emprise sur le corridor, a déclaré le personnel des FDI.
Ce niveau élevé de contrôle soulève des inquiétudes quant à la crise humanitaire déjà en cours. Des centaines de milliers d’habitants du nord de la bande de Gaza ont été déplacés depuis qu’Israël leur a ordonné d’évacuer le sud de Wadi Gaza en octobre de l’année dernière. Ils sont maintenant confrontés à des conditions de vie désastreuses dans le sud de la bande de Gaza, qui ne feront qu’empirer si Israël envahit Rafah, comme l’a promis le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
En cas d’invasion, les Palestiniens disposeront d’un espace limité s’ils ne sont pas autorisés à franchir le corridor de Netzarim, a déclaré Daniel Davis, expert militaire et membre de Defense Priorities. « Si Israël a vraiment un plan pour relocaliser la population de plus d’un million d’habitants avant l’attaque, il n’est pas évident de savoir où il les enverrait », ajoute-t-il.
Le ministre israélien des affaires de la diaspora, Amichai Chikli, a déclaré en janvier que les habitants du nord de la bande de Gaza ne seraient pas autorisés à revenir tant que les infrastructures souterraines du Hamas ne seraient pas démolies.
Le contrôle étroit exercé par Israël sur le corridor pourrait également constituer un risque pour les habitants du nord de la bande de Gaza, confrontés à des pénuries de nourriture et d’aide. Si Israël contrôle totalement ce qui entre dans le nord, il a la possibilité de bloquer l’entrée de l’aide, note M. Takkenberg.
Les envois d’aide en provenance de l’extérieur de la bande de Gaza – réglementés par l’Égypte et Israël – représentaient environ deux tiers de la consommation alimentaire dans la bande avant le début de la guerre. Aujourd’hui, la quasi-totalité de la population dépend de l’aide alimentaire pour survivre, selon le Programme alimentaire mondial. Les pénuries et les retards dans l’acheminement de l’aide au cours des derniers mois ont poussé Gaza au bord de la famine.
L’aide pourrait être acheminée vers le nord et le sud de la bande de Gaza via une jetée construite par les États-Unis, juste à l’endroit où le corridor de Netzarim rejoint la côte. Reste à savoir comment cette aide sera distribuée à partir de là. Hier encore, la zone de rassemblement de la jetée a été la cible de tirs de mortier, ce qui a alimenté les craintes que ce plan n’entraîne les forces américaines dans les combats.
Les FDI ont déclaré que les structures construites le long du corridor de Netzarim n’étaient pas permanentes. Israël prévoit toutefois de les maintenir en place dans un avenir prévisible afin de mener des opérations contre le Hamas. Que les avant-postes restent en place ou non, il est peu probable que les forces israéliennes se retirent complètement de Gaza, selon M. Davis.
« Il est probable que la bande de Gaza d’après-guerre sera encore plus limitée aux déplacements des Palestiniens, bien au-delà de la seule route qui la coupe en deux », a-t-il déclaré.
Maya Krainc est stagiaire à Responsible Statecraft. Son travail a déjà été publié dans l’Evanston RoundTable. Elle est étudiante en dernière année de journalisme et de sciences politiques à l’université Northwestern, où elle écrit pour le magazine STITCH et rédige des articles pour le magazine North by Northwestern.
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