Étiquettes

, , , , ,

Scholz et Macron avec leurs épouses.Photo : AFP

A moins de deux semaines des élections européennes, le Français Emmanuel Macron est à Berlin ce mardi dans le cadre d’une démonstration d’unité franco-allemande. Selon un fonctionnaire français, M. Macron a pour objectif de « fixer l’agenda » et de « définir les priorités stratégiques » pour l’avenir de l’Europe aux côtés de son homologue allemand, Olaf Scholz, au cours de cette visite, note POLITICO.

Le problème est que l’Europe n’est pas sûre que ces deux-là – le légendaire moteur franco-allemand du projet de l’UE – devraient encore être aux commandes.

Ce n’est pas seulement que Macron et Scholz ont une relation personnelle notoirement glaciale. Les Français accusent les Allemands d’être étroits d’esprit et de s’enfermer dans leur coalition, tandis que les Allemands affirment que la France raconte n’importe quoi (ou autre chose) sur l’Ukraine. Ce n’est même pas que, sur des questions clés comme l’énergie, Paris et Berlin soient désespérément en désaccord.

Le nouveau risque pour l’Europe est que Scholz et Macron apparaissent de plus en plus comme des canards boiteux aux yeux de leurs homologues européens, politiquement affaiblis sur le front intérieur et incapables d’inspirer la confiance dans une vision commune de l’Union.

Tous deux sont à la tête d’économies peu reluisantes. Ils risquent tous deux de subir des défaites humiliantes face aux partis d’extrême droite avant l’élection du Parlement européen qui aura lieu du 6 au 9 juin. Dans le cas de M. Macron, les sondages suggèrent que l’élection pourrait être une déroute, le parti de Marine Le Pen, le Rassemblement national, pouvant l’emporter de 16 points de pourcentage sur son groupe centriste Renaissance. Les socialistes de M. Scholz risquent également d’être battus par la droite dure et de se retrouver à une humiliante troisième place.

Le mélange de faiblesse économique, de froideur personnelle et de faiblesse politique est toxique – et les critiques disent qu’il pourrait sérieusement miner leur autorité lors des négociations pour les postes à responsabilité après les élections du Parlement européen.

« Macron va prendre une sérieuse raclée dans cette élection. Les autres dirigeants le savent et sentent leur faiblesse. Pense-t-il qu’après cela, il pourra dicter ses conditions au reste de l’Europe ? Il prendra ce qu’il peut obtenir », a déclaré un haut responsable politique conservateur à Bruxelles.

La visite de M. Macron en Allemagne est présentée comme un moment diplomatique majeur. Première visite d’État d’un dirigeant français depuis 24 ans, elle coïncide avec le 75e anniversaire de la loi fondamentale allemande, qui définit la constitution démocratique du pays. Invité par le président allemand Frank-Walter Steinmeier, le dirigeant français est dans le pays pour trois jours et cherche à mettre en valeur ses efforts pour apprendre l’allemand.

Même lorsque Paris et Berlin parviennent à s’entendre, leurs efforts pour montrer la voie et inciter les autres à suivre ne sont pas couronnés de succès. En avril, les deux parties ont passé quelques jours à aligner leurs objectifs en vue d’une réunion du Conseil européen. L’objectif était de donner le coup d’envoi des discussions sur l’union des marchés de capitaux, que M. Draghi a décrite comme une étape nécessaire pour libérer le potentiel économique de l’Europe.

Toutefois, l’initiative franco-allemande a été rapidement repoussée par un groupe de dix pays qui n’étaient pas favorables à l’UMC, et les conclusions manquent de précision quant aux prochaines étapes.

Il en va de même pour l’élargissement. Si Paris et Berlin ont travaillé en étroite collaboration sur un livre blanc soulignant la nécessité de réformes internes à l’UE en complément de l’adhésion de nouveaux membres, cette discussion a depuis été mise de côté, tout comme la perspective immédiate d’ouvrir des négociations formelles d’adhésion pour l’Ukraine et la Moldavie, jugées trop sensibles pour être traitées en période de campagne électorale. Les diplomates prévoient désormais timidement l’ouverture de négociations d’adhésion formelles pour le 25 juin, après les élections.

Le résultat ? L’Europe manque désormais à la fois d’un moteur et d’une feuille de route cohérente.

The International Affairs