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Juan Cole

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, contre lequel la Cour pénale internationale a demandé des mandats d’arrêt pour crimes de guerre, a renforcé le dossier à son encontre en massacrant des civils palestiniens innocents lors de la libération bâclée d’otages dans le camp de réfugiés de Nuseirat, à Gaza. À l’heure où j’écris ces lignes, les Nations unies signalent, d’après les autorités sanitaires de Gaza, que les tirs israéliens ont tué 270 personnes et en ont blessé près de 700. Netanyahou a délibérément endommagé ou détruit tous les hôpitaux de Gaza, de sorte que l’établissement de santé de Nuseirat n’est absolument pas préparé à accueillir 600 blessés et qu’il n’y a pas de morgue en état de fonctionner pour conserver les 270 cadavres.

Bien que la libération des otages soit une excellente nouvelle et que l’on soit de tout cœur avec leurs familles, qui vivent un enfer depuis les crimes de guerre du Hamas du 7 octobre, ces statistiques suggèrent malheureusement que chaque vie israélienne vaut 67,5 vies palestiniennes.

Ce raid n’est cependant pas la victoire politique que recherchait M. Netanyahou, car il s’agissait d’un stratagème cynique de sa part pour justifier son rejet de la proposition de M. Biden en faveur d’un arrêt au moins temporaire des hostilités, qui aurait entraîné la libération de tous les otages restants. M. Netanyahou subissait la pression non seulement de M. Biden, mais aussi de l’opinion publique israélienne, qui a organisé de grandes manifestations contre lui pour n’avoir pas négocié la libération des otages. Même Joe Biden a admis qu’il est raisonnable de conclure que M. Netanyahou insiste pour poursuivre sa guerre totale contre Gaza afin de rester au pouvoir et d’éviter les poursuites judiciaires pour corruption auxquelles il est confronté et qui pourraient l’envoyer en prison.

L’opération n’a pas dissuadé l’opposant Benny Gantz de démissionner dimanche du cabinet de guerre, le gouvernement d’unité nationale formé après les atrocités commises par le Hamas le 7 octobre. M. Gantz a déclaré qu’il s’agissait d’une décision douloureuse, qu’il avait prise parce que M. Netanyahou faisait obstacle à une véritable victoire à Gaza. Il a ajouté que M. Netanyahou avait entravé des décisions stratégiques essentielles et lui a demandé de convoquer des élections anticipées : « Il est nécessaire d’avoir un gouvernement sioniste, nationaliste et d’unité véritable ».

« Je dis aux familles des personnes enlevées que nous avons échoué le test et que nous n’avons pas été en mesure de leur rendre leurs enfants ».

Sur les quelque 120 otages israéliens encore aux mains du Hamas, on pense que l’armée israélienne a tué jusqu’à un tiers d’entre eux par des frappes aériennes sur des cibles du Hamas.

En tant qu’ancien général, M. Gantz est bien conscient que la campagne de Gaza de M. Netanyahou a été un échec militaire, sans aucune fin en vue, et il aurait dit au premier ministre qu’il se retirerait si un plan clair d’après-guerre n’était pas présenté.

Les Brigades al-Qassam, l’organisation paramilitaire du Hamas, ont annoncé que le raid avait fait trois morts parmi les otages israéliens, dont un citoyen américain ayant la double nationalité. L’armée israélienne a démenti cette information, mais on voit mal comment les Israéliens pourraient le savoir, puisqu’ils ont bombardé sans discernement le camp de Nuseirat dans le cadre de l’opération. Tant que le Hamas ne fournira pas la preuve de ces décès, il n’y aura aucun moyen pour les personnes extérieures de connaître la vérité.

Le fait que l’opération ait tué près de 300 enfants, femmes et hommes, et en ait blessé près de 700, est probablement suffisant pour porter un coup à l’opération. L’administration Biden et l’armée américaine semblent avoir été entraînées dans l’atrocité de Netanyahou, ce qui donne une piètre image des États-Unis en tant que superpuissance et du jugement du président Joe Biden.

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