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Invité de LCI jeudi, l’ancien Premier ministre a livré son regard sur la situation politique actuelle et plaidé pour un gouvernement d’union nationale

Sur le plateau de LCI, l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin s’est longuement exprimé jeudi soir sur la situation politique actuelle. À ses yeux, les résultats des élections législatives portent trois leçons : « Le front républicain a marché », « le président de la République a perdu » et « les Français, manifestement, souhaitent une cohabitation. »

La première est celle de la « tradition républicaine ». « On choisit la force arrivée en tête [le Nouveau Front populaire] qui, à partir de celui qui le dirige, est chargée de former un gouvernement », a détaillé l’ancien Premier ministre. Face à l’absence de majorité absolue pour le bloc de gauche, « il faut donc qu’il construise une majorité qui lui permette de durer un peu plus qu’un, deux ou trois jours ».

« C’est le début pour tous les Français et toute la classe politique de l’apprentissage de l’ère nouvelle », a-t-il asséné, conscient des difficultés que la gauche pourrait rencontrer au pouvoir. « Ils vont se trouver devant une dure réalité. Ce n’est pas un cadeau que de former un gouvernement aujourd’hui. La vérité même, c’est un bateau merdeux. Il faut voir la réalité en face. »

Dominique de Villepin se projette déjà dans l’hypothèse où un tel exécutif ne ferait pas long feu, ce qui créerait « d’autres opportunités ». « La deuxième étape qui se présente est la création d’une force à partir d’un front républicain, tel qu’il s’est joué dans les urnes, contre le Rassemblement national », a-t-il expliqué. « Nous allons voir si ce rassemblement républicain est capable, lui, d’élargir ses forces et de rassembler davantage. »

« Si vous procédez étape par étape, vous avez de plus en plus d’opportunités. Vous avez une créativité politique qui s’accroît », souligne l’ancien Premier ministre. Si, à son tour, la seconde étape échoue, la troisième option suggérée par Dominique de Villepin est la création un « gouvernement d’union nationale ». « La meilleure, la plus ambitieuse » à ses yeux, car elle « n’exclut personne, même le RN, même LFI ».

Après le second tour des élections législatives qui n’a accouché d’aucune majorité absolue et claire, la question du vote du budget se pose très vite. Comment l’adopter avec une majorité relative ? Mode d’emploi

Interrogé sur l’intérêt qu’auraient certaines forces politiques à intégrer un tel exécutif, Dominique de Villepin s’est montré très lucide : « C’est facile de rester sur l’aventin et vous faites ce que tout le monde veut faire – et c’est exactement ce qui va se produire dans les prochains jours – préparer la présidentielle. » L’ancien Premier ministre leur intime de soutenir ce gouvernement, « au moins dans ses efforts pour constituer un budget. Parce que là c’est une question de dignité et de responsabilité politique ».

Dans cette situation politique inédite, Dominique de Villepin a détaillé le rôle que devrait jouer Emmanuel Macron, à savoir d’être « le moment venu, le guide, le garant et l’arbitre ». L’ancien ministre des Affaires étrangères a critiqué l’interventionnisme du président, avec sa lettre aux Français qui est en réalité une « lettre aux partis politiques » : « Le président doit être au-dessus de ce jeu-là. » « Jupiter est mort et Jupiter a été battu dans les urnes », a-t-il martelé.

Trois jours après le résultat des législatives, le chef de l’État est sorti du silence. Il appelle les partis de l’arc républicain au dépassement et à prendre le temps de s’entendre. Sans oublier de fixer ses conditions.

Enfin si cette troisième étape n’est pas fructueuse, Dominique de Villepin propose un « joker », à savoir un gouvernement technique. Cet exécutif devrait répondre aux « aspirations » des Français : la sécurité et l’immigration, le déclassement social et l’abaissement de la France. L’ancien Premier ministre met toutefois en garde, « le gouvernement technique ne peut pas surgir du bon plaisir du chef de l’État qui mettra un de ses anciens collaborateurs à Matignon ».

« À Matignon, les Français veulent quelqu’un qui puisse tenir tête au président, quelqu’un qui apportera au président ce que le président n’a pas pu lui-même apporter au pays en sept ans », a relevé l’ancien Premier ministre. Dominique de Villepin pourrait-il être cet homme ? « Je ne suis candidat à rien », a-t-il répondu.