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Une frappe houthiste a touché pour la première fois cette nuit le centre de Tel-Aviv, ville emblématique d’Israël. Ce « nouveau drone » pourrait compromettre le système de défense aérien de l’État hébreu.
Suzy Wolfarth

Il s’agit de la première attaque confirmée des Houthis contre Tel-Aviv, la plus grande ville d’Israël. Ce vendredi 19 juillet, une personne a été tuée dans la nuit par une explosion survenue dans le centre-ville, au 287e jour de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien. L’attaque a été rapidement revendiquée par les forces rebelles yéménites, qui affirment l’avoir menée à l’aide d’un « nouveau drone ». Le groupe armé, considéré comme « terroriste » par les États-Unis, mène depuis plusieurs mois des attaques répétées dans les eaux stratégiques de la mer Rouge et du golfe d’Aden. Il avait déjà réussi à atteindre le port israélien d’Eilat, dans le sud du pays. Disant agir en solidarité avec les Palestiniens, les rebelles houthistes avaient prévenu samedi dernier qu’ils « n’hésiteraient pas à étendre leurs opérations militaires… jusqu’à ce que l’agression cesse« .
Plusieurs dégâts à Tel-Aviv après une attaque de drone revendiquée par les Houthis
Suite à l’explosion, l’armée israélienne a affirmé qu’un « très grand drone« , capable de « parcourir de très grandes distances » avait été utilisé pour l’attaque, qui a fait également quatre blessés selon le dernier bilan. Bien que le passage du drone a été détecté, ce dernier n’a pas été analysé comme un objet hostile par Tsahal, lequel n’a donc pas activé les systèmes d’interception et de défense. Aucun système d’alerte, sirènes comprises, n’a donc retenti.
Système de défense faillible
Par le passé, l’État hébreu, situé dans une région globalement hostile à sa présence, a prouvé maintes fois l’efficacité de son système de défense aérien. Fonctionnant par couche, il protège théoriquement le territoire aussi bien des menaces en haute altitude que de celles à moyenne et basse altitude. Pour autant, « les drones envoyés à basse altitude ne sont pas toujours détectables, car ils peuvent voler lentement et suffisamment bas que pour ne pas être repérés par les radars« , explique Amélie Ferey, spécialiste du conflit israélo-palestinien et responsable du Laboratoire de recherche sur la défense (LRD) de l’Institut français de relations internationales (Ifri). D’autres attaques similaires pourraient donc contourner de la même façon les systèmes d’interception israéliens.
Nommé « Jaffa », l’objet volant est une référence à une ville de la Palestine historique, l’une des étapes importantes des anciennes routes de l’Orient, bordée par la mer Méditerranée. Aujourd’hui, cet ancien port est devenu un des quartiers sud de Tel-Aviv. Cette zone est désormais considérée comme « non sûre » pour les forces yéménites, qui assurent « qu’elle sera une cible principale » des attaques yéménites pour « atteindre en profondeur » le territoire israélien. S’exprimant via un communiqué transmis au journal israélien Yediot Aharonot, les Houthis ont également affirmé qu’ils possèdent « une banque de cibles en Israël, y compris des sites militaires et de sécurité sensibles », qu’ils n’hésiteront pas à frapper.
Menace sécuritaire pour Israël
Alors que l’État hébreu mène depuis plus de dix mois une guerre sanglante dans la bande de Gaza, « la sécurité d’Israël dans la région est compromise« , note cette experte. Bien que la milice yéménite affirme confectionner ses missiles et drones elle-même, son rôle dans l’Axe de résistance dirigé par l’Iran ne fait aucun doute pour de nombreux experts.
Ainsi, « Israël doit déjà faire face à des frappes menées par le Hezbollah, d’autres tirées par les milices iraniennes présentes dans le nord de la Syrie, sans compter les milices pro-irakiennes, importantes pour faire passer l’armement iranien vers les autres membres de l’Axe de résistance« , déclare Amélie Ferey. Dans ce contexte, et compte tenu de l’efficacité d’une frappe émise à plus de 2500 km de son territoire, l’escalade des tensions avec le Hezbollah libanais, à la frontière nord de leur pays, prend une nouvelle dimension.