Par Elijah J. Magnier

« Nous sommes confrontés à une bataille ouverte sur tous les fronts. Une nouvelle phase a commencé », a déclaré Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah libanais, après l’assassinat par Israël du commandant des opérations du front de soutien libanais au Déluge d’Al-Aqsa, depuis le 8 octobre 2023. Mais qu’est-ce que cela signifie? Une guerre s’amorcera-t-elle dans toutes les régions libanaises où habitent les musulmans chiites qui soutiennent la Résistance? S’agira-t-il plutôt d’une guerre totale qui embrasera le Moyen-Orient impliquant de nombreux acteurs, dont les USA et l’Iran?

Nasrallah a esquissé la prochaine étape, qui s’aligne sur les demandes formulées par le Hamas depuis le 7 octobre, à savoir ouvrir tous les fronts simultanément. Cependant, lancer une telle bataille à ce moment-là aurait détourné l’attention de la Palestine et de sa juste cause, ce qui aurait pu amener l’ensemble des membres de l’OTAN, dirigés par les USA, à déclencher des représailles massives sous le prétexte de défendre Israël.

Mais aujourd’hui, dix mois plus tard, la situation a évolué. Israël a attaqué simultanément Beyrouth, Téhéran et Damas, en assassinant le commandant des opérations du front de soutien du Hezbollah libanais, Sayyed Fouad Shukr, dans la banlieue sud de Beyrouth, et le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, dans la capitale iranienne. Un conseiller iranien a également été tué en Syrie et le port de Hodeidah au Yémen a été bombardé il y a quelques jours. Pour leur part, les USA ont bombardé les centres des forces de mobilisation populaire irakiennes à Bagdad.

Cette séquence d’événements montre que ces fronts s’apprêtent à répondre à une agression en affirmant leur droit de riposte, plutôt qu’attaquer Israël pour l’anéantir, comme le prétend le premier ministre Benjamin Netanyahou. Celui-ci apparaît désormais comme l’agresseur qui a violé toutes les lignes à ne pas franchir et les règles d’engagement, en particulier après le meurtre de civils lors de ces agressions.

Le message de Hassan Nasrallah est que la guerre n’a plus de limite et que tout peut survenir, ce qui implique qu’Israël peut cibler et assassiner n’importe quel responsable du Hezbollah, indépendamment de son rang et de sa responsabilité militaire, et où qu’il se trouve, que ce soit dans la capitale libanaise ou ailleurs. Toutefois, le discours du secrétaire général du Hezbollah contient également des éléments de non-escalade, l’Axe de la Résistance ne cherchant pas à déclencher une guerre totale, en déclarant que le « front de soutien poursuivra ses opérations comme d’habitude ». Il laisse entendre ainsi qu’après les représailles, le Hezbollah ne veut pas poursuivre l’escalade, à moins que la réponse d’Israël ne dépasse à nouveau les règles d’engagement. Il reconnaît que Netanyahou pourrait ne pas rester au pouvoir jusqu’en octobre 2026 s’il ne s’engage pas dans des guerres prolongées sur plusieurs fronts. Par conséquent, l’Axe de la Résistance souhaite que la guerre reste circonscrite, mais ne croit pas qu’Israël pense de la même manière.

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