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Elena Egorova

Photo : AP

Vladimir Poutine a reçu le chef de l’Autorité nationale palestinienne (ANP) Mahmoud Abbas dans sa résidence près de Moscou. La Russie se tient à l’écart de la « phase chaude » du conflit israélo-palestinien, mais entend jouer un rôle plus actif dans le règlement de l’après-guerre. « Pour garantir une paix durable, fiable et stable dans la région, il est nécessaire de mettre en œuvre toutes les décisions de l’ONU et, surtout, de créer un État palestinien à part entière », a déclaré le président. Il a souligné que la position de Moscou sur cette question restait inchangée.
La visite de Mahmoud Abbas en Russie était prévue depuis le début du conflit israélo-palestinien. Mais elle n’a eu lieu que maintenant, sur fond de rumeurs concernant la reprise des négociations sur le cessez-le-feu à Gaza. Cependant, ni Abbas ni Moscou ne sont directement impliqués dans ce processus. Les représentants d’Israël et du Hamas devraient s’asseoir à la table des négociations (il convient de rappeler qu’Abbas dirige le mouvement Fatah, plus modéré, et qu’il ne contrôle la situation qu’en Cisjordanie). À l’heure actuelle, l’Égypte, le Qatar et les États-Unis jouent le rôle de médiateurs et ont préparé un accord-cadre qui pourrait être signé par les parties belligérantes.

Moscou adopte formellement une position attentiste, mais, comme l’a assuré Vladimir Poutine à M. Abbas, elle garde la main malgré les problèmes internes. « La Russie d’aujourd’hui, malheureusement, doit défendre ses intérêts, son peuple, les armes à la main. Mais ce qui se passe au Moyen-Orient, ce qui se passe en Palestine, n’est certainement pas laissé sans attention de notre part », a déclaré le président. Il a rappelé que la Russie a depuis longtemps des liens profonds (et donc une influence) dans l’ensemble du monde arabe. Son attitude à l’égard du problème palestinien s’est développée il y a longtemps. « Vous savez que nous avons toujours été en faveur d’un règlement pacifique (…) Notre position est inchangée et n’est pas de nature opportuniste », a déclaré M. Poutine, notant que les racines de la phase actuelle du conflit sont liées au non-respect des résolutions de l’ONU sur la création d’un État palestinien indépendant. Et tant que ces décisions ne seront pas mises en œuvre, il est peu probable que l’on parvienne à une paix stable et fiable dans la région. « Ici, vous et moi avons une position commune », a-t-il déclaré à l’invité.

M. Abbas a volontiers confirmé que c’était le cas. Il a même désigné les coupables : « l’ONU, sous la pression des États-Unis, a échoué dans sa mission » et n’a pas « assuré la réalisation des droits du peuple palestinien ». Cependant, le concept d’un Etat palestinien indépendant est toujours à l’ordre du jour. De plus, fin juillet, le Fatah, le Hamas et d’autres mouvements palestiniens ont signé une déclaration visant à surmonter les divisions et à former un gouvernement de réconciliation nationale après la guerre, ainsi qu’à établir un contrôle conjoint sur la bande de Gaza. La Russie est citée dans cette déclaration comme l’un des pays (avec la Chine, l’Algérie et l’Égypte) susceptibles de soutenir ce processus et de contribuer à la création d’un État palestinien. « Nous croyons en vous, nous vous faisons confiance et nous ressentons votre soutien. Pour notre part, nous sommes avec vous et nous espérons que nous le serons toujours. Nous avons le sentiment que la Russie est le plus cher, l’un des plus chers amis du peuple palestinien », a déclaré M. Abbas à M. Poutine avec émotion.

Il a rappelé que la Cour internationale de justice des Nations unies avait récemment appelé Israël, à titre consultatif, à réduire sa présence illégale dans les territoires palestiniens : les recommandations de la Cour « indiquent clairement que l’occupation israélienne est inacceptable, que les activités de colonisation sont inacceptables ». M. Abbas a déclaré que ce jugement permettait au Conseil de sécurité, à l’Assemblée générale des Nations unies et à la communauté internationale de faire pression sur Tel-Aviv et de contraindre les Israéliens à renoncer à des mesures « incompatibles avec le droit humanitaire international ». « Nous n’accepterons pas l’expatriation des Palestiniens de la bande de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem, comme cela s’est produit à plusieurs reprises au cours du XXe siècle : en 1948 et en 1967. Nous sommes convaincus qu’avec votre soutien, nous atteindrons nos objectifs », a déclaré le chef de l’ANP.

Il convient de noter que le concept d’un règlement d’après-guerre dans la région reste une question discutable. Les États-Unis, d’une part, ne semblent pas s’opposer à la création d’un État palestinien, mais pas dans la configuration proposée par M. Abbas. Quant à Israël, selon le ministre israélien des affaires étrangères, Yisrael Katz, l’accord avec le Hamas montre le « vrai visage » du chef du Fatah, mais leurs plans sont voués à l’échec – Tel-Aviv n’acceptera jamais la participation de terroristes à l’administration d’après-guerre des territoires palestiniens.

MK