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Dôme de fer, drones, Hezbollah, Israël, Réponse iranienne, Résistance palestinienne
Le système de défense israélien Dôme de fer, qui faisait autrefois l’unanimité, est aujourd’hui entaché de défaillances techniques et de scandales sanitaires. Il révèle une illusion d’invulnérabilité qui s’effrite et ne peut protéger contre les salves de missiles sophistiqués et de grande envergure de l’Axe de la résistance.
Anis Raiss

Le Dôme de fer, présenté comme le bouclier de défense le plus efficace d’Israël, a été conçu pour projeter une image de sécurité et de supériorité technologique. Présenté comme un système de défense aérienne mobile de pointe, il devait symboliser une barrière impénétrable protégeant l’État d’occupation des menaces extérieures.
Cependant, la réalité révèle une image différente : comme un enfant dans un costume de chevalier – impressionnant contre les épées en plastique mais totalement sans défense contre les armes réelles – le Dôme de fer excelle principalement contre les armes relativement rudimentaires de la résistance palestinienne dans la bande de Gaza.
L’image soigneusement élaborée par Israël de son arme défensive la plus prisée s’inscrit dans le cadre d’un effort plus large de promotion de l’image de marque, qui s’appuie sur des techniques mises au point par Edward Bernays. L’État d’occupation s’est positionné comme une société cosmopolite, progressiste et démocratique, ce qui contraste fortement avec les États voisins d’Asie occidentale, qu’il dépeint comme violents et répressifs.
Le Dôme de fer n’est pas seulement un système de défense, mais aussi une construction psychologique destinée à renforcer l’image d’une entité invulnérable constamment menacée par des voisins moins éclairés.
Un bouclier qui s’effrite au nord
Malgré sa réputation, les performances du Dôme de fer ont souvent laissé à désirer. De nombreuses vidéos ont fait surface, montrant des dysfonctionnements – les missiles Tamir effectuant des manœuvres erratiques, explosant à proximité de zones civiles ou étant déclenchés par de fausses alarmes et causant des dommages aux infrastructures.
Ces échecs contrastent fortement avec les affirmations d’Israël selon lesquelles le taux d’interception serait de 90 à 99 %. Le professeur émérite Theodore Postal du Massachusetts Institute of Technology (MIT) propose une évaluation très différente. « Je dirais que le taux d’interception est au mieux de 4 ou 5 % », a déclaré Postal dans une interview accordée au Boston Globe en octobre dernier.
Dans une étude publiée en 2018 dans le Journal of Global Security Studies, Michael Armstrong remet également en question le taux d’interception de 90 à 99 % annoncé pour le Dôme de fer. Pour commencer, il précise que « le taux d’interception est le pourcentage de roquettes détruites avant qu’elles n’atteignent les zones défendues ; il ne tient pas compte des roquettes qui survolent les zones non défendues. »
En d’autres termes, le système de défense ne vise, dès le départ, qu’une petite partie des roquettes tirées. Par exemple, des responsables israéliens ont affirmé que sur les quelque 1 000 projectiles tirés sur Israël par le Hamas au cours de l’opération Pilier de défense de novembre 2012, Dôme de fer a identifié les deux tiers comme « ne constituant pas une menace » et n’a intercepté que 90 % des 300 roquettes restantes. M. Armstrong souligne d’autres lacunes dans les calculs des partisans du Dôme de fer :
L’analyse empirique suggère que les batteries du Dôme de fer ont intercepté moins de 32 % de toutes les roquettes dangereuses pendant le Pilier de défense, mais entre 59 et 75 % pendant Bordure protectrice … Les calculs suggèrent en outre que le nombre de roquettes frappant des zones peuplées pendant le Pilier de défense pourrait avoir été sous-estimé. Le nombre de menaces pesant sur les zones habitées, quant à lui, pourrait avoir été surestimé. Cela implique que le taux d’interception effectif du Dôme de Fer pourrait avoir été significativement inférieur à ce qui a été rapporté.
La situation est particulièrement grave dans le nord des territoires occupés, où la ville de Kiryat Shmona – une colonie que l’on croyait protégée par le Dôme de fer – a vu sa population fuir les menaces croissantes.
Des milliers d’habitants ont abandonné leurs maisons, exposant les vulnérabilités que le Dôme de fer était censé éliminer. Le Hezbollah ayant élargi ses règles d’engagement, le nombre de personnes déplacées risque d’augmenter, ce qui mettra encore plus en évidence les insuffisances du système.
Alors qu’Israël s’efforce désespérément d’élargir ses options de défense, les nouvelles solutions s’avèrent tout aussi défectueuses, laissant la population vulnérable sous un système de défense qui n’est plus à la hauteur de son mythe. Le bouclier autrefois vanté est en train de s’effondrer, et avec lui, le récit soigneusement construit de l’invincibilité qui a longtemps sous-tendu la stratégie de sécurité d’Israël.
La malédiction du cancer du dôme de fer
Sous la surface du Dôme de fer israélien se cache une réalité plus sombre, plus inquiétante, qui menace non seulement le mythe de l’invincibilité, mais aussi la vie de ceux qui utilisent ce bouclier. Une enquête menée en 2021 par Yediot Ahronoth a révélé de graves allégations concernant les risques sanitaires encourus par les soldats d’occupation stationnés à proximité des puissants systèmes radar du Dôme de fer.
Ces systèmes radar, surnommés « le broyeur » et « le grille-pain » par ceux qui travaillent à proximité, émettent une chaleur intense, transformant leur environnement en un creuset invisible. Plusieurs soldats ont livré des témoignages poignants sur des maladies potentiellement mortelles qu’ils estiment liées à leur service.
Ran Mazur, à qui l’on a diagnostiqué un cancer des os un an après sa démobilisation, a décrit la douleur atroce qui l’a rongé pendant son service, une douleur que les médecins militaires ont trop facilement écartée.
Yonatan Chaimovich a comparé l’expérience de se tenir près du radar à son corps qui « bouillait de l’intérieur », une métaphore obsédante qui capture les dangers invisibles de leur exposition. Shir Tahar et Omer Hili Levy, qui ont tous deux développé un cancer après leur service, sont parmi ceux qui pensent que leur maladie est inextricablement liée au temps passé à l’ombre du Dôme de fer.
Malgré ces témoignages, l’armée israélienne a toujours nié l’existence d’une augmentation inhabituelle des taux de cancer parmi le personnel du Dôme de fer. Ils affirment que leurs protocoles étendus de surveillance et de sécurité n’ont révélé aucune différence significative en termes de morbidité entre les soldats du Dôme de fer et ceux des autres unités militaires.
Mais les chiffres racontent une autre histoire : en 2011, sur 240 soldats qui se sont enrôlés dans trois cycles de formation pour le Dôme de fer, au moins six ont développé un cancer pendant ou peu après leur service – une statistique qui soulève des questions sur le coût réel de l’exploitation de ce système de défense.
Depuis le 7 octobre, aucune nouvelle enquête ne s’est aventurée à découvrir combien de membres des forces d’occupation israéliennes ont été victimes de la menace silencieuse des tumeurs au cours de cette dernière vague de conflit.
Des illusions de haute technologie
Si le Dôme de fer n’était pas truffé de défauts, les stratèges militaires israéliens ne s’empresseraient pas d’explorer d’autres solutions pour maintenir l’illusion d’invulnérabilité de l’État. Les barrages Katyusha du Hezbollah, bien qu’apparemment primitifs, ont été tactiquement déployés pour submerger le Dôme de fer et localiser ses emplacements, obligeant Israël à reconsidérer sa stratégie de défense.
C’est ainsi qu’est apparu le « Magen Or », ou rayon de fer, dont le nom se traduit par « bouclier de lumière » en hébreu. Développé par Rafael Advanced Defense Systems, il représente la dernière tentative de l’État d’occupation pour garder une longueur d’avance sur l’axe de la résistance et met en évidence l’insécurité croissante d’Israël.
Contrairement au Dôme de fer, qui s’appuie sur des missiles intercepteurs coûteux (environ 50 000 dollars pièce), le Faisceau de fer promet de neutraliser les menaces à l’aide d’un laser très puissant, un concept qui semble tout droit sorti de la science-fiction.
Cependant, le rayon de fer est encore largement expérimental et n’a pas été testé en situation de combat réel. Déployé sur le front de Gaza à la fin de l’année 2023, il doit encore faire ses preuves en tant que système de défense fiable dans le chaos de la guerre.
L’adoption par Israël de la technologie laser, telle que Magen Or, s’inscrit dans une tendance plus large de l’industrie de la défense, motivée non seulement par l’innovation mais aussi par des aides substantielles de la part des États-Unis. Ces fonds étrangers, acheminés par de puissants lobbies tels que l’AIPAC et J Street, contribuent à donner d’Israël l’image d’une puissance technologique.
Pourtant, cette image est moins un témoignage de l’ingéniosité nationale qu’un produit des vastes ressources financières souvent consacrées à des projets coûteux qui risquent de ne pas résister à l’épreuve d’un conflit réel.
Des risques à fort enjeu
La portée de l’Iron Beam est limitée à une dizaine de kilomètres et faiblit dans des conditions météorologiques défavorables – un talon d’Achille qui pourrait s’avérer désastreux en cas de conflit à grande échelle. Le système a besoin de grandes quantités d’énergie, fournies par un grand générateur, pour produire les faisceaux laser nécessaires à son fonctionnement.
Ce défi logistique et la nécessité de maintenir une infrastructure sophistiquée font que l’Iron Beam semble voué à l’échec dans des conditions de combat réelles.
L’orientation de Tel-Aviv vers des technologies de pointe telles que l’Iron Beam révèle un problème plus profond au sein de sa stratégie militaire. En se concentrant sur les défenses de haute technologie, Israël s’attaque aux symptômes plutôt qu’aux causes profondes du conflit en cours. La dépendance à l’égard d’une technologie non éprouvée comporte le risque d’un échec catastrophique, en particulier lorsqu’elle est combinée à l’évolution récente d’Israël vers des stratégies plus risquées.
Le système de guerre électronique Scorpius G, autre solution de haute technologie vantée par Israël, ajoute à la complexité de la situation. Développé par Israel Aerospace Industries (IAI), Scorpius G est conçu pour détecter, classer, localiser et brouiller les systèmes radar avancés.
Toutefois, tout comme le rayon de fer, les performances de Scorpius G sur le terrain n’ont pas encore été prouvées, ce qui illustre la précarité du dispositif de défense d’Israël, qui pourrait en fin de compte le rendre vulnérable dans sa quête précipitée pour conserver un avantage stratégique.
Alors que l’axe de la résistance de la région poursuit ses opérations avec précision et efficacité, et que les colons israéliens des territoires occupés sont confrontés à des évacuations massives, la pression exercée sur ces nouveaux systèmes de défense est immense.
La question de savoir s’ils fourniront la protection promise ou s’ils s’effondreront sous le poids des attentes reste ouverte, avec des conséquences potentiellement désastreuses pour la sécurité et la stabilité d’Israël.
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