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par Edouard Husson

Démissions dans les forces de sécurité israéliennes: révolte latente ou purges?

Israël connaît une série spectaculaire de démissions de haut niveau dans ses forces de sécurité. Au moment où des manifestations d’ampleur ont lieu à Tel Aviv pour réclamer un accord de cessez-le-feu pour la libération des otages retenus à Gaza, certains voient dans la vague de démissions, l’amorce d’une révolte contre le gouvernement. Cependant cette vision des choses n’est pas exclusive d’une tendance du gouvernement à imposer au sein de l’appareil d’Etat les tenants d’un nettoyage ethnique de la Palestine.

Le chef de la division des renseignements de la police israélienne, Dror Assaraf, envisage de démissionner, selon le Jerusalem Post.

Assaraf est le quatrième à démissionner de son poste ces derniers jours.

Démissions en série

The Cradle fait le point:

Le général de division Tamir Yadai, commandant des forces terrestres de l’armée israélienne, a décidé de démissionner pour des « raisons personnelles », a rapporté le site d’information hébreu Walla le 3 septembre.
Walla a également rapporté récemment que le commandant de l’unité 8200 d’Israël, le général de brigade Yossi Shariel, envisageait d’annoncer sa démission dans les semaines à venir. L’unité 8200 est celle dont le quartier général a été pris pour cible par le Hezbollah dans le cadre de son attaque de représailles à la fin du mois d’août.
Ynet a rapporté que le chef du renseignement de la division de Gaza de l’armée envisage également de quitter son poste.
En avril, Aharon Haliva, chef de la direction du renseignement militaire, a démissionné parce qu’il n’avait pas réussi à empêcher l’opération « Al-Aqsa Flood » du 7 octobre.
Le chef du Shin Bet, Ronen Bar, aurait également exprimé son intention de démissionner pour la même raison une fois la guerre terminée.
Le journaliste israélien Yossi Yehoshua a écrit pour le média Ynet le 4 septembre que le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, a également « assumé la responsabilité [du 7 octobre] et devrait lui aussi démissionner en temps voulu ». Peut-être cela se produira-t-il réellement dans les mois à venir ».

Révolte latente ou purge?

Cette série de démissions impressionne parce que le gouvernement fait face à des manifestations de plus en plus dures et une menace de grève générale.

Mais comment interpréter ces démissions dans l’appareil d’Etat. Les médias israéliens voient plutôt une tendance de fond:

Selon le journal hébreu Maariv, le ministre israélien de la sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qui est en charge du système pénitentiaire et de la police, a bloqué la promotion de plusieurs officiers, dont M. Assaraf. Les médias israéliens ont rapporté au début de l’année que la Haute Cour d’Israël s’était montrée très préoccupée par une loi adoptée en décembre 2022 qui accordait à M. Ben Gvir des pouvoirs plus étendus sur le système policier.
Le même rapport de Maariv, publié le 4 septembre, indique que la nomination de chaque nouveau commissaire de police s’accompagne d’une vague de démissions. Il ajoute que certains réalisent qu’ils pourraient ne pas être promus et décident de démissionner, tandis que d’autres sont informés qu’ils devraient prendre leur retraite.

La révolte latente contre le gouvernement n’est pas exclusive d’un noyautage toujours plus efficace de l’appareil d’Etat avec les partisans de la politique du gouvernement de « nettoyage ethnique » à Gaza et en Cisjordanie.

Le courrier des Stratèges