Le tissu social se déchire.

Cara MariAnna

28 SEPTEMBRE-L’autre jour, j’ai reçu un texto m’informant qu’un de mes contacts en Cisjordanie avait été arrêté lors d’un raid matinal à son domicile. Cela s’est passé dans une petite ville près de Ramallah.

Cette femme est l’une des deux personnes arrêtées le même matin, toutes deux associées à une organisation de la société civile palestinienne vieille de plusieurs décennies. Elles seront très certainement placées en détention administrative, ce qui signifie qu’elles peuvent être enfermées indéfiniment sans aucune charge.

Tout cela est contraire au droit international.

Depuis le 7 octobre, Israël a arrêté des milliers d’hommes en Cisjordanie, la plupart jeunes, dans le cadre d’une action préventive visant à éliminer toute possibilité de résistance armée significative – une troisième intifada – qui pourrait contester l’occupation militaire israélienne pendant que l’armée mène son génocide à Gaza et intensifie sa guerre contre la Cisjordanie – et en ce moment même contre le Liban.

Alors que de plus en plus d’hommes sont arrêtés, Israël continue de démanteler des villes et des camps de réfugiés dans les gouvernorats de Tulkarm, Jénine, Tubas, Qalqilya et Naplouse, dans le nord du pays. Les bulldozers détruisent les routes, les magasins, les canalisations d’eau et les lignes électriques, rendant les quartiers invivables et déplaçant un grand nombre de personnes ou les forçant à l’exil. Hier encore, une grande installation de stockage de denrées alimentaires a été détruite dans la ville de Qalqilya, ce qui constitue une atteinte directe à la sécurité alimentaire. J’entends parler d’un grand nombre de ces incidents par l’intermédiaire de mes contacts palestiniens. La plupart d’entre eux, voire tous, ont fait l’objet de rapports et de photographies.

Mais l’arrestation de ces femmes représente un front de la guerre d’Israël contre la Cisjordanie qui est rarement rapporté : Israël s’attaque aux organisations sociales et à la société civile dans son ensemble. Entre autres activités communautaires, ce groupe de femmes supervise et administre de nombreux jardins d’enfants dans toute la Cisjordanie, souvent situés dans des villages isolés. L’organisation soutient et fournit des services aux personnes et aux communautés les plus pauvres et les plus vulnérables.

Il y a plusieurs façons de détruire un peuple et Israël les utilise toutes dans sa tentative de soumettre totalement les habitants de la Cisjordanie.

Dans une vidéo publiée aujourd’hui, Chris Hedges a interviewé le journaliste israélien Gideon Levy à propos de son nouveau livre, The Killing of Gaza : Reports on a Catastrophe. Voici ce que Levy a dit à propos de la violence génocidaire d’Israël à Gaza,

[Nous n’avons pas nécessairement besoin de les tuer physiquement… nous tuons leur esprit. Il faut les briser. . . Il ne s’agit pas seulement d’un meurtre physique, mais aussi d’un meurtre national, d’un meurtre de l’esprit, d’un meurtre de la moralité, d’un meurtre des valeurs, d’un meurtre de tout ce qui est humain.

C’est ce que Levy veut dire lorsqu’il parle de la tuerie de Gaza. L’intention d’Israël est de briser le peuple palestinien, à Gaza mais aussi, à terme, en Cisjordanie. En détruisant Gaza et la Cisjordanie, Israël se détruit lui-même, ce que Levy souligne lorsqu’il dit qu’Israël a perdu son humanité. Pourtant, Israël poursuit son projet de nettoyage ethnique.

L’importance de ces arrestations ne doit pas être négligée. Pièce par pièce, la force d’occupation israélienne dégrade et démantèle inexorablement la société palestinienne tandis qu’Israël continue de s’emparer de toujours plus de terres. Israël n’a fait qu’attendre la bonne occasion pour s’emparer de Gaza et de la Cisjordanie. Il le fait maintenant, laissant les Palestiniens devant trois choix, comme l’a expliqué le ministre des finances, Bezalel Smotrich, et comme l’a analysé cette semaine The Floutist : l’exil, l’acceptation d’une existence d’apartheid sous la domination suprématiste juive raciste, ou la mort.

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