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Et ils sont en grande partie des belligérants volontaires dans un conflit qu’ils ont eux-mêmes créé.

Belen Fernandez


Hier, l’Iran a tiré un barrage de missiles sur Israël en représailles à l’assassinat par Israël à Beyrouth du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, la semaine dernière, et à l’assassinat à Téhéran du chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, en juillet.

Le président des États-Unis, Joe Biden, a demandé à l’armée américaine d’aider Israël à neutraliser les missiles – ce qui ne veut pas dire qu’Israël n’est pas déjà équipé de plusieurs couches de protection ultra-sophistiquée contre les projectiles entrants, qui lui permettent de massacrer des gens à gauche et à droite tout en ne subissant que des dommages minimes en retour.

Lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche, le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a annoncé que des destroyers de la marine américaine avaient « rejoint les unités de défense aérienne israéliennes pour tirer des intercepteurs afin d’abattre des missiles entrants ». Louant le « professionnalisme » de l’armée israélienne, M. Sullivan a également salué « le travail qualifié de l’armée américaine et la planification conjointe méticuleuse en prévision de l’attaque ».

Bien entendu, il n’est pas venu à l’esprit de l’administration Biden de contrecarrer méticuleusement le génocide israélien en cours des Palestiniens dans la bande de Gaza, où officiellement plus de 41 000 personnes ont été tuées en moins d’un an, bien que le nombre réel de morts soit sans aucun doute beaucoup plus élevé. L’armée américaine, si compétente, n’a pas non plus jugé nécessaire d’intervenir dans la boucherie gratuite qui se déroule actuellement au Liban, où Israël vient de tuer plus de 700 personnes en moins d’une semaine.

Et si de nombreux observateurs internationaux ont tiré la sonnette d’alarme sur le fait que les États-Unis pourraient désormais être « entraînés » dans une guerre régionale – des avertissements qui ne feront que s’amplifier après l’attaque des missiles iraniens – en réalité, les États-Unis ne sont pas vraiment « entraînés » où que ce soit.

En réalité, les États-Unis ne sont pas vraiment « entraînés » quelque part, mais se trouvent dans une position qu’ils ont eux-mêmes créée. Et le fait est que les Etats-Unis sont déjà en guerre.

Certes, même avant le déclenchement du génocide, l’habitude qu’ont les États-Unis de déverser chaque année des milliards de dollars sur l’armée israélienne les rendait manifestement complices des efforts déployés par Israël pour faire disparaître la Palestine. Depuis le 7 octobre, les milliards n’ont fait que se multiplier, malgré les cris intermittents de Biden sur l’interruption de la fourniture de certains armements offensifs à Israël.

En août, l’administration Biden a approuvé un paquet d’armes de 20 milliards de dollars pour son partenaire israélien dans le crime. Le 26 septembre, l’agence de presse Reuters a rapporté l’annonce d’Israël selon laquelle « il avait obtenu des États-Unis un programme d’aide de 8,7 milliards de dollars pour soutenir ses efforts militaires en cours et maintenir un avantage militaire qualitatif dans la région ».

Ce programme comprendrait « 3,5 milliards de dollars pour des achats essentiels en temps de guerre… et 5,2 milliards de dollars destinés à des systèmes de défense aérienne, notamment le système antimissile Iron Dome, la fronde de David et un système laser avancé ».

En d’autres termes, Israël sera de mieux en mieux placé pour se « défendre » contre les réactions légitimes à ses propres actions – des actions qui sont littéralement qualifiées de terroristes.

En fin de compte, ce n’est pas sorcier : le soutien financier et militaire que les États-Unis accordent systématiquement à Israël n’est pas le signe d’un pays qui est « entraîné » dans un conflit. Il s’agit d’un pays qui est, à toutes fins utiles, un belligérant actif dans le conflit.

Les États-Unis ont également prêté main forte à Israël en avril dernier, lorsque l’Iran a lancé des centaines de drones et de missiles en réponse à une frappe israélienne meurtrière sur le consulat iranien à Damas. À cette occasion également, l’Iran a été largement catalogué dans le rôle de l’agresseur terroriste – sans parler de la nature de représailles de son action.

Entre-temps, il est utile de rappeler que les États-Unis ont, pendant des décennies, fait un excellent travail pour s’« entraîner » dans des guerres régionales – on se souvient de la pulvérisation de l’Irak par les États-Unis en 2003 – et il ne faut donc pas s’étonner de trouver une fois de plus le pays au premier plan dans un contexte de massacre de masse. Des attaques de drones américains contre les mariages au Yémen aux envois précipités de bombes à l’armée israélienne en 2006 pour l’aider à ravager le Liban, il semble que les États-Unis n’aient jamais rencontré de conflit au Moyen-Orient qui ne les enthousiasmait pas.

Et bien que l’administration Biden continue d’affirmer ad nauseam qu’elle souhaite un cessez-le-feu à Gaza, le chemin vers un cessez-le-feu dans un cas de génocide ne passe pas par des milliards et des milliards de dollars d’armement à la partie génocidaire.

Lors de la réunion d’information de mardi, M. Sullivan a lancé un avertissement : « Cette attaque aura de graves conséquences et nous travaillerons avec Israël pour qu’il en soit ainsi. Traduction : Les États-Unis continueront à jouer leur rôle dans l’escalade du chaos régional en tandem avec Israël et à imposer davantage de, hum, « conséquences ».

M. Sullivan a également souligné qu’il s’agissait d’une situation de « brouillard de guerre » et qu’il se réservait le droit de « modifier et d’ajuster si nécessaire » son évaluation initiale.

Mais dans le brouillard de la dernière guerre, une chose au moins est claire : les États-Unis sont déjà un belligérant de premier plan.

Belén Fernández est l’auteur de Inside Siglo XXI : Locked Up in Mexico’s Largest Immigration Detention Center (OR Books, 2022), Checkpoint Zipolite : Quarantine in a Small Place (OR Books, 2021), Exile : Rejecting America and Finding the World (OR Books, 2019), Martyrs Never Die : Travels through South Lebanon (Warscapes, 2016), et The Imperial Messenger : Thomas Friedman at Work (Verso, 2011). Elle est rédactrice au Jacobin Magazine et a écrit pour le New York Times, le blog de la London Review of Books, Current Affairs et Middle East Eye, parmi de nombreuses autres publications.

Al Jazeera