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Edouard Husson

Hier 17 octobre, Ulrike Reisner vous parlait du discours belliciste tenu, la veille, par Friedrich Merz, le chef de l’opposition, au parlement allemand. Or il existe une convergence étonnante entre son discours et celui que tenait, au même moment, Vladimir Zelensky, devant le parlement ukrainien. L’enjeu, caché chez Merz, ouvertement révélé chez Zelensky, c’est le dépeçage de l’économie ukrainienne avant la fin de la guerre. Ce qui, automatiquement, prolonge celle-ci.

Friedrich Merz, candidat chrétien-démocrate, à la succession d’Olaf Scholz
Hier 17 octobre, Ulrike Reisner écrivait ici même:
Le président de la CDU a réinterprété le projet de paix de l’Union européenne : au lieu d’une politique étrangère et de sécurité européenne commune, il souhaite une « gestion des revendications » dans la meilleure tradition historique anglo-américaine, celle de la politique de la canonnière pour faire valoir les intérêts des grands fonds de la finance internationale.
Zelensky révèle ce que Friedrich Merz a caché devant le parlement allemand
Simultanément, ou presque, avec le discours de Friedrich Merz, Vladimir Zelensky tenait devant le parlement ukrainien un « discours de la victoire ». Il a semblé insignifiant à beaucoup de commentateurs. De fait, l’espoir encore caressé par Zelensky de voir l’Ukraine rejoindre l’OTAN ou bien le discours sur une « arme de dissuasion non nucléaire », semblent bien décalés par rapport à la réalité militaire et diplomatique actuelle.
En revanche, comme le fait remarquer Simplicius, il est un point significatif du discours de Zelensky, qui aurait dû être analysé de près, est celui où il parle d’économie :
« Quatrième point : le potentiel économique stratégique.
L’Ukraine est riche en ressources naturelles, notamment en métaux essentiels d’une valeur de plusieurs billions de dollars américains. Il s’agit notamment de l’uranium, du titane, du lithium, du graphite et d’autres ressources stratégiques et stratégiquement précieuses qui renforceront soit la Russie et ses alliés, soit l’Ukraine et le monde démocratique dans la concurrence mondiale.
Les gisements de ressources critiques en Ukraine, ainsi que le potentiel de production énergétique et alimentaire de l’Ukraine, d’importance mondiale, font partie des principaux objectifs prédateurs de la Fédération de Russie dans cette guerre.
Et c’est là notre chance de croissance.
La croissance économique des Ukrainiens, de notre État tout entier. Le renforcement économique de l’Union européenne – pour le bien de l’autonomie économique et, à bien des égards, sécuritaire de l’Europe. C’est aussi l’occasion pour les États-Unis et leurs partenaires du G7 de travailler avec l’Ukraine, l’allié qui peut fournir un retour sur investissement.
Le point économique de notre stratégie comporte une annexe secrète, qui n’est partagée qu’avec certains partenaires.
L’Ukraine propose aux États-Unis, ainsi qu’à des partenaires sélectionnés, dont l’Union européenne, dont l’Ukraine fera partie, et d’autres partenaires dans le monde qui sont nos partenaires, de conclure un accord spécial sur la protection conjointe des ressources critiques disponibles en Ukraine, l’investissement conjoint et l’utilisation du potentiel économique correspondant.
C’est aussi la paix par la force. La force économique.
Il s’agit d’un accord qui complétera et renforcera organiquement le système existant de pression économique sur la Russie, à savoir toutes les sanctions existantes contre la Fédération de Russie, les restrictions sur les prix du pétrole, les restrictions sur les exportations vers la Russie et d’autres mesures de pression.
Les alliés de la Russie dans le monde doivent réaliser, savoir et voir que ce régime n’a pas d’avenir économique. »
« En fait, nous pouvons nous risquer à dire que ce point est (…) la raison même de l’existence non seulement de tous les autres points, mais aussi de la guerre elle-même. N’est-il pas intéressant que Zelensky dévoile cette pièce maîtresse seulement un jour ou deux après l’annonce de la vente de la plus grande entreprise de production de titane de l’Ukraine pour quelques centimes de dollars ?
Le plus inquiétant, c’est que Zelensky insiste sur le fait que l’accord comporte une composante « secrète » qui ne sera communiquée qu’aux quelques alliés les plus importants, et qu’il semble lier à la protection militaire par les alliés de leurs « investissements » dans les ressources. (C’est nous qui soulignons) Que dire de plus ? Il ne s’agit de rien d’autre que de la vente par Zelensky des trésors économiques et de l’avenir de son pays afin d’attacher désespérément l’OTAN militairement à l’Ukraine. Il s’agit simplement de la poursuite du même vieux plan, mais cette fois-ci par le biais d’une corruption pure et simple : créer une incitation monétaire massive pour obliger l’OTAN à envoyer des troupes sur le terrain pour affronter la Russie et sauver l’Ukraine en vertu de la dissuasion de la Troisième Guerre mondiale. Il s’agit de leur faire miroiter des milliers de milliards pour obtenir leur aide, la composante la plus « secrète » de l’accord étant probablement liée à la nature préférentielle de l’extraction du capitalisme du désastre et de la thérapie de choc économique en même temps.
Ce n’est qu’une confirmation de ce que nous savions déjà, à savoir que le jeu ukrainien consiste pour l’élite occidentale à se positionner pour piller les ressources et les industries de l’Ukraine. Par exemple, la plupart des gens ont manqué cet extrait du récent « faux appel » de l’ex-chef de la CIA Pompeo avec les Russes Vovan et Lexus qui se sont fait passer pour Porochenko. Dans cet appel privé, il décrit comment il a obtenu sa propre sinécure confortable dans une grande entreprise ukrainienne. N’est-il pas intéressant de constater que l’ancien directeur de la CIA dirige aujourd’hui une banque qui rachète des entreprises ukrainiennes ? Il est également intéressant de constater qu’il s’agit d’une entreprise de télécommunications, tout comme Vodafone, détenue par l’oligarque azerbaïdjanais qui vient de racheter le reste de l’industrie ukrainienne du titane. Pratiquement toutes les élites de l’État profond impliquées dans la débâcle ukrainienne ont les doigts dans le pot ».
Ce que tout ceci nous dit sur la suite de la Guerre d’Ukraine
Rien ne nous permet de dire, tangiblement, que Merz et Zelensky s’étaient concertés avant leurs discours. En revanche, il est évident que Merz fait partie des interlocuteurs occidentaux à qui Zelensky s’adresse.
Ou , pour le dire autrement, il semble bien qu’il existe un réseau d’hommes politiques, d’entrepreneurs, de hauts fonctionnaires internationaux occidentaux qui ont intérêt à faire durer la guerre de manière à pouvoir s’emparer des actifs de l’économie ukrainienne. Friedrich Merz en fait partie.
Il y a bien entendu quelque chose d’illusoire dans l’attitude de Zelensky : deux ans et demi après que les sanctions contre la Russie ont été mises en place, sans résultat,, et à une semaine du sommet des BRICS de Kazan, il parle encore de faire chuter l’économie russe. Mais, par ailleurs, comment les Occidentaux ne voient-ils pas que leur intérêt serait de signer la paix maintenant, pour conserver un territoire ukrainien viable et pouvoir, selon les vues de Zelensky, garantir aux USA et à l’UE un accès aux ressources du sous-sol ukrainien ?
que croyez-vous qu’il arrivera si la guerre dure et amène les Russes à s’emparer de plus de territoires que ce qu’ils envisagent actuellement ? Actuellement, on observe à Moscou une radicalisation des cercles dirigeants dans la formulation des buts de guerre en Ukraine !
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