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Par Elijah J. Magnier

Pour la première fois, Israël a officiellement déclaré une attaque aérienne contre l’Iran, qui a mobilisé 100 appareils (bombardiers et avions d’escorte) pour cibler 20 sites dans l’ouest de l’Iran, près de la frontière irakienne. Cette opération témoigne d’une approche élaborée à plusieurs niveaux, conçue pour maximiser la précision tout en minimisant les risques, compte tenu notamment des formidables défenses aériennes de l’Iran. En lançant l’attaque depuis l’espace aérien irakien, Israël a opté pour la prudence stratégique, afin de réduire le risque d’exposition directe aux systèmes antiaériens iraniens.

Israël a abandonné son habituelle politique d’ambiguïté, qui consiste à présenter ses actions contre ses adversaires régionaux comme faisant partie d’une stratégie plus globale de « bataille entre les guerres », en choisissant de revendiquer ouvertement la responsabilité de sa récente attaque contre l’Iran. En abandonnant son plan antérieur de déni plausible et en défiant ouvertement les capacités iraniennes, Israël signale à la fois sa volonté d’affrontement et sa confiance, fort du soutien des États-Unis.

Malgré l’importante préparation psychologique qui a précédé l’opération, la portée de la frappe était limitée. Elle a révélé des aspects plus profonds de la posture militaire d’Israël, qui n’est réalisable qu’avec un soutien américain important. Bien qu’elle ait été présentée comme une réponse décisive, la nature restreinte de l’opération souligne certaines limites des capacités autonomes d’Israël. Elle met en évidence sa dépendance considérable à l’égard des États-Unis pour la planification, l’identification des cibles, le ravitaillement en carburant et les mesures défensives. Ce soutien comprend le déploiement de systèmes de défense antimissile THAAD pour contrer de manière préventive toute riposte iranienne éventuelle et renforcer l’infrastructure défensive d’Israël.

Israël a annoncé avoir mené des frappes aériennes contre des radars militaires, des systèmes de défense antiaérienne, des batteries de missiles et des usines dans le Khuzestân, l’Ilam et la banlieue de Téhéran, tout en évitant soigneusement de frapper les installations pétrolières et les infrastructures essentielles de l’Iran. Toutefois, ces cibles n’auront pas pour effet de dissuader l’Iran ou de le faire reculer dans ses capacités en matière de missiles.

Cette retenue semble être une tentative de réduire le risque de graves représailles iraniennes et d’éviter une nouvelle escalade de la situation. Les États-Unis, principal allié stratégique d’Israël, souhaitent qu’Israël maintienne sa position dominante dans la région, car la crédibilité de Washington semble liée à l’efficacité militaire d’Israël. Alors que les attaques de missiles hypersoniques iraniens auraient eu raison des systèmes de défense israéliens, les Etats-Unis ne peuvent pas se permettre qu’Israël apparaisse vulnérable, surtout après cet événement sans précédent dans l’histoire militaire.

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