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par Edouard Husson

Pourquoi l’IEP de Strasbourg a eu raison de rompre avec l’université Reichman d’Herzliya

La décision du conseil d’administration de l’IEP de Strasbourg de rompre les liens avec l’université Reichman de Herzliya est courageuse et légitime. N’en déplaise au ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot: non seulement il semble ignorer que les universités françaises sont autonomes depuis quinze ans; mais il ne connaît pas, visiblement, cette université qui est l’un des centres névralgiques du complexe militaro-industriel occidental.

Le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot s’est ému, et une partie du monde dirigeant français avec lui, que l’Institut d »‘Etudes Politiques de Strasbourg ait voté, en son conseil d’administration, la fin du partenariat avec l’université Reichman de Herzliya.

Le Courrier des Stratèges vous avait déjà parlé de ce lieu clé du complexe militaro-industriel occidental

Avec le Courrier des Stratèges, vous avez toujours plusieurs temps d’avance ! Dès le mois de février, nous attirions votre attention sur un rapport publié par le « Centre contre le Terrorisme » de cette université et nous vous avions souligné l’importance de ce lieu de recherche militaire et stratégique dans le dispositif occidental:

de l’Université Reichman (située à Herzliya au nord de Tel-Aviv), où se tient chaque année une conférence internationale sur la “menace terroriste”, sorte d’académie israélienne du néo-conservatisme.

J’insiste, comme je le fais souvent, sur la nécessité, pour comprendre la “gouvernance mondiale” des Occidentaux, sur la multiplicité des clubs et des réseaux. On est beaucoup trop focalisé sur “Davos” ou “Bilderberg”, alors qu’il existe des dizaines de “clubs” où se retrouvent les puissants du monde occidental et où ils invitent (de moins en moins) les représentants du reste du monde.

Le “sommet mondial contre le terrorisme” est un de ces endroits peu connus, où se rencontre l’élite des “experts occidentaux du terrorisme” – prenons l’expression au sens littéral.

Le directeur de l’IEP mis sous pression par le pouvoir – malgré l’autonomie des universités

On peut se demander par quelle idée bizarre l’Institut d’Etudes Politiques de Strasbourg avait ainsi lié son destin à un lieu essentiel du néoconservatisme. En tout cas, il n’y a qu’une chose à dire: bravo aux représentants étudiants au conseil d’administration qui ont entraîné ce vote ! On notera que ce vote a eu lieu dès le 25 juin 2024. Mais nos dirigeants vivent dans le temps de la communication; donc c’est maintenant qu’ils se réveillent, sous prétexte que les médias se sont emparés du sujet.

Le directeur de l’IEP, Jean-Philippe Heurtin, fait des contorsions, pliant sous l’avalanche de critiques médiatiques et de pressions du pouvoir, très bien décrites dans Journal Officiel de la Soumission Parisienne, alias Le Monde. Heurtin n’est pas bien courageux mais on ne lui en voudra pas trop vu ce qu’il subit.

Visiblement les dirigeants français, ministre des Affaires étrangères en tête ont oublié que depuis la Loi Pécresse de 2007, les universités sont autonomes!

Jean-Noël Barrot visiblement remercié par Israël pour son soutien

Le Ministre des Affaires étrangères a fait part de son incompréhension face à la décision d’une université autonome. Et il nous assure connaître des partisans du processus de paix à l’université Reichman. Il ne connaît visiblement pas l’université Reichman, profondément intriquée avec Tsahal et le renseignement israélien. Le problème vient de ce qu’il est ministre…..

Et puis, mettons en regard l’incident d’hier 7 novembre, lors de la visite du même Jean-Noël Barrot en Israël:

#Israël / #Territoirespalestiniens | @jnbarrot devait se rendre à l’Eleona, domaine national français.

Sans y avoir été autorisée, la sécurité israélienne y est entrée armée. Le Ministre n’a pas souhaité se rendre dans le domaine dans ces conditions.

https://t.co/Q1ttnvyhM6 pic.twitter.com/iXDNtoMSGl

— France Diplomatie (@francediplo) November 7, 2024

J’ai essayé d’intégrer le post X, outré du Ministre, mais X/Twitter m’en empêche…..Pourtant, cela vaut son pesant de cacahouètes:

La sécurité israélienne est entrée armée dans le domaine français de l’Eleona. J’ai donc refusé d’y pénétrer. Deux agents de notre consulat ont ensuite été arrêtés, puis relâchés. Je condamne fermement ces actes, alors que la France travaille à l’apaisement dans la région.

Le propre des paillassons, c’est qu’on ne les épargne jamais, on s’essuie toujours plus vigoureusement les pieds sur eux.

Le Courrier des Stratèges