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Robert Inlakesh

Un rapport récent suggère que des négociations discrètes sont en cours entre Riyad et Washington, les deux nations s’efforçant de conclure un accord de sécurité américano-saoudien avant la fin du mandat du président Biden. L’initiative semble viser à établir ce que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé « le nouveau Moyen-Orient ».
Avant que le conflit à Gaza n’éclate le 7 octobre 2023, les responsables américains et saoudiens étaient en pleines discussions sur un pacte de sécurité controversé. L’accord proposé fait partie d’une vaste initiative destinée à ouvrir la voie à une normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël.
Le cadre initial de l’accord américano-saoudien devait inclure une disposition semblable à l’article 5 de l’OTAN, affirmant qu’une attaque contre l’un d’entre eux constituerait une attaque contre tous. En septembre 2023, il est devenu évident que le pacte de sécurité dépendrait de la décision de Riyad de normaliser ses liens avec Israël. Une autre exigence clé du prince héritier saoudien Mohammed bin Salman était le développement d’un programme nucléaire, un point qui devrait être une caractéristique déterminante de l’accord.
Les États-Unis offrent à l’Arabie saoudite un traité de défense formel en échange de la normalisation de ses relations avec Israël et de l’engagement de prendre ses distances avec la Chine et d’interdire les bases chinoises.
Il y a quelques mois, l’Arabie saoudite a révélé qu’elle n’avait PAS rejoint les BRICS, bien qu’elle y ait été invitée et qu’elle ait initialement confirmé sa participation. pic.twitter.com/sc90WSswMS
– Ben Norton (@BenjaminNorton) 10 juin 2024
L’accord américano-saoudien était toutefois bien plus ambitieux qu’une simple incitation à la normalisation ; il s’inscrivait dans une stratégie globale englobant toute la région de l’Asie occidentale.
En juin 2022, le roi Abdallah II de Jordanie a publiquement exprimé son soutien à une « OTAN de type Moyen-Orient ». Des spéculations ont rapidement suivi, selon lesquelles une telle alliance pourrait inclure la Jordanie, l’Égypte, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et d’autres pays arabes alignés sur les États-Unis, tous travaillant en tandem avec Israël et les États-Unis. L’objectif serait d’établir un bloc régional capable de faire contrepoids à l’axe de résistance iranien et de renforcer l’influence des États-Unis dans la région.
Une telle alliance s’alignerait étroitement sur les efforts déployés pour établir le corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe, une route commerciale conçue pour relier l’Asie et l’Europe par un passage terrestre traversant les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, la Jordanie et Israël.
Le 9 septembre 2023, la Maison Blanche a publié un mémorandum vantant les mérites de ce corridor commercial « historique », que le président Biden a qualifié de « très important » lors de sa visite au sommet du G20 à New Delhi. Plus tard dans le mois, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est adressé à l’Assemblée générale des Nations unies, dévoilant une carte qui soulignait le partenariat israélo-arabe émergent et présentait la route commerciale, qu’il a qualifiée de « nouveau Moyen-Orient ».
Le seul obstacle à l’alliance israélo-arabe contre l’Iran, soutenue par les États-Unis, et à l’ambitieux corridor commercial, était l’absence d’accord formel de normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël. Fin septembre, le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman a publiquement laissé entendre qu’un accord avec Israël « se rapprochait », mettant de fait la cause palestinienne sur la touche.
Cependant, l’ensemble du projet – qui reposait sur l’hypothèse que la question palestinienne n’était plus un facteur important – a été bouleversé par l’attaque surprise menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.
Le ministre saoudien des affaires étrangères Faisal bin Farhan Al-Saud :
La normalisation des relations avec Israël n’est plus d’actualité tant qu’un État palestinien n’aura pas été créé.
Le boucher Blinken et le génocidaire Joe doivent faire face à la réalité ; l’Arabie saoudite et le reste du monde sont dégoûtés non seulement par… pic.twitter.com/BIHi1qPX78
– Afshin Rattansi (@afshinrattansi) 31 octobre 2024
L’Arabie saoudite a récemment souligné que la création d’un État palestinien était une condition préalable à tout accord de normalisation avec Israël. Tout au long de l’année 2024, les discussions entre Riyad et Washington concernant un pacte de sécurité controversé ont fait surface par intermittence dans les médias. Selon un rapport d’Axios, il existe un effort concerté pour finaliser cet accord de sécurité avant la fin du mandat du président Joe Biden en janvier.
Si tous les détails de l’accord n’ont pas été divulgués, deux aspects principaux ont suscité des inquiétudes : la mise en place d’un programme nucléaire civil saoudien et une clause de défense qui pourrait obliger les États-Unis à s’engager militairement contre les adversaires de Riyad en cas d’attaque.
Dans le discours qu’il a prononcé en 2024 devant l’Assemblée générale des Nations unies, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est à nouveau tourné vers les accessoires, illustrant sa vision d’une alliance israélo-arabe qu’il a décrite comme le « rêve » opposé au « cauchemar » de l’Iran. Cette présentation a clairement montré que M. Netanyahou garde l’espoir de faire revivre le projet régional d’avant la guerre de Gaza.
Un accord de défense américano-saoudien liant Washington à la défense de l’Arabie saoudite pourrait avoir des conséquences importantes. Toute rupture de la trêve entre Riyad et Sanaa pourrait entraîner les forces américaines dans le conflit du Yémen. En outre, la mise en place d’un programme nucléaire saoudien risque d’être perçue par l’Iran comme une menace pour sa sécurité, ce qui accentuerait les tensions régionales et ajouterait une nouvelle couche de volatilité au Moyen-Orient.
Robert Inlakesh est un analyste politique, un journaliste et un réalisateur de documentaires actuellement basé à Londres, au Royaume-Uni. Il a vécu et réalisé des reportages dans les territoires palestiniens occupés et anime l’émission « Palestine Files ». Réalisateur de « Steal of the Century : Trump’s Palestine-Israel Catastrophe ».
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