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Vienne, 21 novembre 2024
Vérification et surveillance en Iran à la lumière de la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité des Nations unies.
Monsieur le Président ,
Nous exprimons notre reconnaissance au directeur général et au département des garanties du Secrétariat de l’AIEA pour leurs efforts visant à mener des activités de vérification en Iran. Nous avons lu attentivement le rapport pertinent du directeur général. Nous en avons tiré plusieurs conclusions importantes.
Tout d’abord, la visite du directeur général de l’AIEA en Iran les 14 et 15 novembre est d’une grande importance. Nous sommes convaincus que les contacts avec les dirigeants du pays, y compris le président Pezeshkian, constituent une bonne base pour poursuivre un dialogue mutuellement respectueux qui prend en compte les intérêts des deux parties afin de progresser dans la mise en œuvre de la déclaration commune de l’Iran et de l’AIEA de mars 2023.
Nous pensons que le sérieux de l’attitude de la partie iranienne est confirmé par les mesures concrètes que Téhéran a déjà permis de mettre en œuvre et par les mesures qu’elle est prête à prendre à l’avenir. Il s’agit notamment de la visite du directeur général lors de sa visite des installations d’enrichissement de l’uranium sous garantie de l’AIEA à Fordow et Natanz, ainsi que d’autres installations liées à l’enrichissement. En outre, le directeur général se félicite de la décision de l’Iran d’envisager la nomination de quatre inspecteurs supplémentaires possédant l’expertise nécessaire. Il est également important que le directeur général ait discuté avec les dirigeants iraniens de la possibilité que Téhéran ne constitue pas son stock d’uranium enrichi à 60 %. Comme le souligne le rapport, l’Iran a déjà effectué les préparatifs nécessaires et l’interaction avec l’Agence se poursuivra à cet égard.
La retenue de l’Iran dans l’expansion des éléments sensibles de son programme nucléaire mérite également la plus grande attention. Le rapport du directeur général montre qu’au cours de la période considérée, aucune nouvelle centrifugeuse d’enrichissement de l’uranium n’a été mise en service et aucune expérience avec de l’uranium métal n’a été menée.
Monsieur le Président,
Bien entendu, nous ne serions pas confrontés à tous ces problèmes aujourd’hui si le JCPOA était pleinement en vigueur. Il donnerait à l’AIEA un ensemble d’outils de vérification « avancés », principalement le protocole additionnel à l’accord de garanties. Néanmoins, même sans cela, l’Iran reste l’État membre de l’Agence qui fait l’objet des vérifications les plus intensives et les plus approfondies et, comme le montrent les rapports de mise en œuvre des garanties de l’AIEA, le volume des activités de vérification dans ce pays ne fait que croître.
Nous voudrions rappeler à cet égard que la cause première de la situation actuelle autour du JCPOA reste inchangée : le retrait unilatéral et illégitime des États-Unis, la poursuite de la politique de « pression maximale » sur l’Iran et le refus de finaliser le processus de négociation en vue de relancer le JCPOA. Les confirmations répétées par la partie iranienne de sa volonté de « finaliser » le projet de restauration des documents, ainsi que les nombreuses tentatives de la Chine et de moi-même de contribuer à ce processus, n’ont pas rencontré de réponse appropriée, que ce soit à Washington, à Bruxelles ou dans les capitales des pays de l’Euro-troïka.
Suivant l’exemple négatif des États-Unis, les pays européens, qui se sont engagés dans la voie du démembrement du JCPOA, ont également suivi la voie de la violation ouverte de la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies. Le transfert, le 18 octobre 2023, par le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France et l’UE, et avec eux un certain nombre d’autres pays, des restrictions de sanctions unilatérales, qui ont été levées le « jour de transition » du JCPOA, en est une autre preuve. JCPOA conformément à la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies. Pour la Russie, ces restrictions et d’autres sont considérées comme ayant expiré automatiquement. C’est dans cet esprit que notre pays interprétera également le Jour de l’achèvement du JCPOA le 18 octobre 2025. Toute autre ligne, compte tenu des dispositions claires de la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU toujours en vigueur, constituerait une violation flagrante de celle-ci.
Téhéran ne peut être tenu responsable des difficultés rencontrées par les pays occidentaux dans la mise en œuvre des mesures volontaires prévues par le JCPOA. Si les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France ne sont pas prêts à s’engager sur la voie du rétablissement du JCPOA, cela signifie que le TNP et l’accord de garanties sont suffisants pour que l’Iran continue à coopérer avec l’AIEA. C’est pourquoi il est important que le Secrétariat adopte une approche plus équilibrée dans la présentation du matériel dans les rapports, en évitant toute indication que la non-application des mesures de vérification volontaire dans le cadre du JCPOA sape la capacité de l’Agence à confirmer la nature pacifique du programme nucléaire iranien. Ce n’est pas le cas.
Il est surprenant que les pays occidentaux susmentionnés, qui violent depuis longtemps la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies et sabotent les efforts multilatéraux visant à rétablir le JCPOA, prennent à nouveau des mesures d’escalade sur la voie iranienne en introduisant un projet de résolution anti-iranien politiquement motivé et inapproprié. Cette tentative pourrait « annuler » tous les efforts déployés par le directeur général et les résultats obtenus à la suite de sa visite en Iran, et entraîner de graves mesures de rétorsion de la part de la République islamique d’Iran, qui auront presque certainement un impact sur la coopération avec l’AIEA. Nous sommes au regret de constater que les pays occidentaux n’apprennent pas de leurs propres erreurs.
Nous demandons instamment à nos adversaires d’abandonner leurs politiques destructrices, de ne pas enflammer la situation autour du programme nucléaire iranien et de reconsidérer les approches qui conduisent à un rétrécissement de l’espace pour le processus diplomatique visant à résoudre le JCPOA. Les dirigeants iraniens ont confirmé à plusieurs reprises qu’ils étaient prêts à le faire.
Je vous remercie, Monsieur le Président.