Étiquettes

, , ,

François Burgat dénonce une censure académique après l’annulation d’un séminaire à l’IEP Aix-en-Provence, prétextée pour des « raisons de sécurité », et souligne une dégradation des libertés académiques et publiques en France.

François Burgat dénonce une censure académique après l’annulation d’un séminaire à l’IEP Aix-en-Provence/ Photo: AFP (AFP)

François Burgat, politologue et ancien directeur de recherches au CNRS, devait présenter, avec le chercheur Thomas Pierret, l’ouvrage Histoire des mobilisations islamistes : XIXe-XXIe siècles dans le cadre d’un séminaire à l’Institut d’Études Politiques (IEP) d’Aix-en-Provence. Cependant, l’administrateur provisoire de l’établissement, Frank Biglione, a annulé la séance, invoquant des « raisons de sécurité ».

Pour lui, cette justification cache une censure. “Ce motif farfelu s’agissant d’un séminaire universitaire cache mal, une censure en bonne et due forme, qui porte atteinte à la liberté d’expression et aux libertés académiques”, a dénoncé son avocat Rafiq Chekkat dans un communiqué partagé sur Facebook.

La décision a provoqué une vive réaction de Burgat, qui y voit une entrave grave aux libertés académiques. « Deux chercheurs du CNRS sont interdits de participer à un séminaire organisé par deux chercheuses du CNRS. C’est exceptionnellement grave », a-t-il déclaré lors d’une interview avec TRT Français.

Il dénonce notamment une situation reflétant, selon lui, une dégradation des libertés publiques en France, accentuée par des pressions liées à des « officines d’extrême droite ou sionistes » qui critiquent ses travaux.

L’annulation de ce séminaire a une résonance particulière pour l’ancien directeur de recherches au CNRS, qui a enseigné à l’IEP d’Aix-en-Provence et réside dans la ville. « C’est un cas extrême, qui souligne l’état lamentable des libertés publiques dans notre pays aujourd’hui », a-t-il ajouté. Il insiste également sur la nature confidentielle de cette rencontre : « Ce n’était pas une conférence, mais une simple participation à un séminaire en petit comité. »

Le politologue dénonce une évolution préoccupante du climat politique en France, qu’il qualifie d’ »islamophobie d’État ». Il cite deux tournants majeurs : un discours présidentiel de 2019, qu’il considère comme le « lancement de la campagne d’islamophobie d’État », et la répression accrue des critiques à l’égard d’Israël, particulièrement depuis la réponse israélienne aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023.

“La réponse israélienne à la révolte du Hamas le 7 octobre 2023 est une étape majeure et là on a franchi des étapes rapidement puisque le ministre de la Justice a demandé par circulaire que soit criminalisée toute analyse faisant entrer l’action du Hamas dans le cadre de la résistance face à l’occupation israélienne. Le pouvoir d’Etat a dit en quelque sorte aux penseurs, intellectuels, ce qu’ils devaient penser” a-t-il expliqué.

“Nous n’avons pas de signaux permettant d’espérer que cette tendance soit inversée à ce jour” a-t-il conclu.

TRT