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Par Mike Whitney

La Syrie est un maillon indispensable de l’ambitieux plan d’Israël pour remodeler le Moyen-Orient. Le pays se trouve au cœur de la région et sert à la fois de passage terrestre crucial pour le transport d’armes et de troupes de l’Iran vers ses alliés, ainsi que de centre géopolitique de la résistance armée à l’expansion israélienne. Pour dominer véritablement la région, Israël doit renverser le gouvernement de Damas et installer un régime fantoche semblable à celui de la Jordanie et de l’Égypte. Puisque Washington est résolu à soutenir “inconditionnellement” les intérêts d’Israël (au détriment des siens), c’est le moment ou jamais d’opérer les changements susceptibles de concrétiser le projet suprême de Tel-Aviv. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu est donc prêt à déclencher une guerre terrestre à partir du Sud pour créer une guerre sur deux fronts qui divisera les forces syriennes en deux, augmentant ainsi considérablement ses chances de succès. Dans le même temps, les djihadistes soutenus par les États-Unis continueront à se déchaîner dans le nord, érodant progressivement les défenses défaillantes de la Syrie tout en sécurisant davantage la capitale industrielle de la Syrie, Alep. Si Damas tombe et qu’Assad est écarté du pouvoir, le rêve d’Israël d’une hégémonie régionale sera à portée de main et probablement réalisable si – comme nous le supposons – le président Trump s’engage à initier une guerre contre l’Iran dans le cadre d’un quid pro quo avec les puissants lobbyistes qui l’ont fait entrer à la Maison-Blanche à coups de dollars. Mais, d’abord, la Syrie doit être pacifiée, son armée vaincue et son dirigeant actuel évincé. C’est la seule façon de couper efficacement l’Iran de ses alliés et partenaires et de le préparer à l’effroyable assaut qui se profile à l’horizon.

À l’heure actuelle, seul un homme sur terre peut mettre un terme à la croisade sanguinaire d’Israël :

Si Poutine n’agit pas rapidement et ne fournit pas une aide d’urgence à Assad, le cours actuel des événements risque d’être irréversible. Il pourrait même devoir déployer des troupes russes pour repousser l’offensive terroriste soutenue par les États-Unis ou les provocations (qui ne tarderont pas à se produire) dans le Sud. En bref, l’État souverain qu’est la Syrie est désormais confronté à une crise existentielle qui aura un impact néfaste sur l’ensemble de la région et du monde si Poutine n’abandonne pas son approche ordinairement prudente et ne fournit pas à la Syrie les outils dont elle a besoin pour repousser les terroristes.

Dans l’édition de dimanche du Times of Israël, on apprend que les planificateurs de guerre israéliens ont déjà trouvé un prétexte pour envahir la Syrie par le sud. Voici un extrait d’un article intitulé “Rebels’ advances in Syrie spell short-term benefits, potential trouble for Israël, intel chiefs said to tell PM” [La progression des rebelles en Syrie offre des avantages à court terme, et peut aussi être source de problèmes potentiels pour Israël, selon les chefs des services de renseignement)

Israël observe les avancées des rebelles djihadistes en Syrie avec une grande réserve, les chefs du renseignement ayant déclaré à la classe politique que l’évolution de la situation en Syrie pourrait à terme causer des problèmes à Israël, rapporte Channel 12….. Netanyahu aurait été informé que l‘attention du Hezbollah se porterait désormais sur la Syrie, et “ses forces aussi, afin de défendre le régime d’Assad”. ….

Les chefs du renseignement ….ont averti que l’effondrement du régime d’Assad créerait probablement un chaos propice aux menaces militaires contre Israël.

Channel 12 rapporte en outre qu’au cours de la consultation de vendredi sur la sécurité, des craintes ont été exprimées quant à l’éventualité que les “ressources stratégiques” du régime d’Assad tombent entre les mains des djihadistes. La principale préoccupation concerne les reliquats d’armes chimiques, selon le média.

L’armée israélienne se préparerait à un scénario exigeant une intervention d’Israël, indique le rapport sans plus de précision.

On estime aussi que la Syrie pourrait ouvrir ses portes à un nombre significatif de forces iraniennes pour tenter de stabiliser le pays, selon l’article.

Voilà, noir sur blanc, la justification de l’invasion de la Syrie. Israël avance un certain nombre de prétextes : des “armes chimiques” aux “forces iraniennes” en passant par le “chaos” consécutif au changement de régime et les forces du Hezbollah qui “soutiennent le régime d’Assad”. À chaque étape, on peut constater à quel point Israël est bien préparé à toute éventualité. Ce plan est en préparation depuis des années, si ce n’est plus. Et, bien sûr, la stratégie doit être exécutée au plus vite afin de préparer le champ de bataille pour le Grand Final, l’inauguration de janvier, lorsque le président le plus pro-sioniste de l’histoire des États-Unis montera sur le trône et récompensera Israël avec la guerre contre l’Iran qu’il réclame avec tant d’ardeur. Rien n’est laissé au hasard.

Vidéo – Le président syrien Assad explique que “les terroristes sont les nouvelles armées de l’Occident” – 3 minutes

Assad (2023) : « La troisième guerre mondiale est déjà en cours, mais sa forme est différente… les guerres évoluent vers des guerres par procuration. Zelensky fait la guerre au nom de l’Occident avec son armée nazie. De même, les terroristes sont des armées agissant au nom de l’Occident en Syrie et ailleurs » pic.twitter.com/BIxnRzvaLs

– COMBATE |🇵🇷 (@upholdreality) November 30, 2024

De manière surprenante, les gens du Jerusalem Post sont plus directs dans leur vision de l’évolution de la situation à Alep. En fait, un analyste éclairé admet sans détour que la capitulation de la capitale industrielle du pays aux mains d’égorgeurs fanatiques est une “bonne nouvelle”. Comment ça ? Voici un extrait de l’article :

“L’attaque islamiste sur Alep estapparemment une bonne nouvelle pour Israël’”, a déclaré Daniel Rakov, chercheur senior à l’Institut de Jérusalem pour la stratégie et la sécurité, dans un message publié samedi sur X/Twitter. Il a déclaré que “la chute du nord de la Syrie aux mains des rebelles porte atteinte à l’infrastructure des Iraniens et du Hezbollah sur place et compliquera leur mission de reconstitution du Hezbollah”.

“Le chercheur israélien a également déclaré que les médias d’État russes ignorent majoritairement le conflit à Alep, tout en prétendant que les commentateurs russes sur les conflits mondiaux auraient affirmé que Moscou n’est pas responsable de l’échec des opérations défensives de la ville syrienne, disant que la Russie ne dispose que de très peu de ressources sur place et que l’incident est un énorme échec pour le régime d’Assad…

L’occasion pour Israël de frapper la Syrie ?

Rakov évoque ensuite l’idée qu’Israël aurait l’opportunité d’attaquer la Syrie en raison de l’affaiblissement du régime d’Assad….

“En perdant Alep, Assad nuit à l’image de la Russie en tant que puissance susceptible de projeter son influence en dehors de l’espace post-soviétique et menace un atout stratégique important de Poutine, à savoir les bases en Syrie”, écrit-il. “Cela nuit également à l’image de la Russie dans la région.

“Les Russes, comme nous le montre l’offensive ukrainienne à Koursk, n’ont pas l’air pressés de céder à l’hystérie, mais la rapidité avec laquelle Alep est tombée va les obliger à réagir rapidement”, a-t-il écrit.

Le chercheur du JISS a conclu son post en ajoutant que si la situation instable en Syrie peut amener Assad et les Russes à ouvrir grand la porte aux forces militaires iraniennes, l’effondrement du régime d’Assad peut créer un scénario propice à la multiplication de menaces militaires significatives contre Israël. Les attaques à Alep “ostensiblement une bonne nouvelle pour Israël”, selon un chercheur de la JISS, Jerusalem Post.

Je répète : “L’occasion pour Israël de frapper la Syrie ?”

Oui, bien sûr, “chasser la Russie du Moyen-Orient” est presque aussi intéressant que de renverser Assad. (Du point de vue d’Israël.) Et il est également clair que M. Rakov pense que Poutine est “aux abois” et qu’il ne parviendra pas à réagir en temps voulu, au grand profit d’Israël. Mais, bien sûr, le plus choquant dans l’évaluation globale de M. Rakov, c’est la joie manifeste qu’il tire de la destruction d’une ville prospère par des barbares dérangés, déterminés à remplacer un système stable et rationnel par une autocratie religieuse despotique. Mais si le génocide est votre critère de réussite, rien ne devrait nous surprendre.


The Unz Review