Étiquettes
Dans une courte allocution, le Président a dessiné l’agenda des prochaines semaines après la censure du gouvernement Barnier : nomination d’un gouvernement « d’intérêt général » resserré, mais rassemblant « toutes les forces de l’arc républicain » et nouvelles discussions budgétaires en janvier. En attendant, une loi spéciale reconduisant le budget précédent sera votée « mi-décembre. »3 min
« Mon mandat est un mandat de cinq ans, et je l’exercerai jusqu’à son terme. » Cela a déjà le mérite d’être clair. Dans son allocution diffusée à 20h, Emmanuel Macron a coupé court aux demandes de démission formulées par la France Insoumis. Le Président a d’ailleurs attribué la censure du gouvernement Barnier aux ambitions présidentielles de Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, qui « ne pensent qu’à une seule chose : l’élection présidentielle. »
La dissolution « n’a pas été comprise », « c’est ma responsabilité », a reconnu le chef de l’Etat, tout en affirmant que la situation à l’issue des législatives exigeait « une nouvelle organisation politique ». Il a regretté que Michel Barnier ait été censuré « malgré les concessions » faites pendant le débat budgétaire.
D’après le chef de l’Etat, « l’extrême gauche et l’extrême droite unies dans un front antirépublicain » ce mercredi, aidés par « des forces qui gouvernaient encore le pays hier », a-t-il ajouté en ciblant le Parti socialiste. Emmanuel Macron assure ainsi « assumer toutes [ses] responsabilités », mais qu’il n’assumerait jamais celle « des parlementaires qui ont – en conscience – fait tomber le budget de la France à quelques jours de Noël. »
« Je ne pourrai pas me représenter en 2027, donc le seul calendrier qui m’importe ce sont les 30 prochains mois qu’aura le gouvernement pour agir », a insisté le Président de la République.
Un nouveau Premier ministre sera nommé « dans les prochains jours ». Emmanuel Macron souhaite un « gouvernement d’intérêt général », « représentant toutes les forces politiques d’un arc de gouvernement qui puisse y participer ou, à tout le moins, qui s’engage à ne pas le censurer ». La nouvelle équipe devra par ailleurs être « resserrée », alors que le gouvernement Barnier comptait 41 ministres et secrétaires d’Etat.
« A partir d’aujourd’hui, c’est une nouvelle époque qui doit commencer, où tous nous devrons agir pour la France et où il faudra bâtir des compromis nouveaux », a-t-il développé.
Emmanuel Macron précise que la « priorité » du nouveau Premier ministre sera le budget. Il a annoncé le dépôt au Parlement d’un projet de loi spéciale, « avant la mi-décembre ». Cette loi temporaire devra reconduire les choix du budget 2024 et permettre la continuité des services publics. « Je compte bien qu’une majorité puisse se dégager pour l’adopter au Parlement », a-t-il espéré.
Le nouveau gouvernement préparera « en début d’année » un nouveau budget, un texte « nécessaire » selon Emmanuel Macron pour permettre « au pays d’investir » et « protéger les Français des hausses d’impôts mécaniques liées à l’inflation ». « Je refuse que les Français payent la facture de cette censure », a-t-il martelé.
Pour Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron est « la cause du problème » et « s’en ira par la force des événements »
Emmanuel Macron est « la cause du problème » politique en France et « s’en ira par la force des événements », a assuré le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, sur TF1.
« C’est lui qui fiche la pagaille c’est lui qui bloque tout et ne veut entendre personne », a dénoncé M. Mélenchon, en estimant que « dans un mois ou dans deux mois peut être, le Rassemblement national finira par se dire qu’il n’y a pas d’autre solution » que le départ d’Emmanuel Macron de l’Elysée, que les « insoumis » appellent de leurs vœux depuis l’été.
« S’il y a un parti à gauche qui a un programme, c’est nous et nous seuls », a défendu le leader « insoumis », appelant à ce que le nouveau gouvernement le respecte. « Il faut tenir notre parole, nous les gens de gauche. Si le prochain premier ministre applique les mesures pour lesquelles nous avons été préférés – abrogation de la retraite à 64 ans, augmentation du smic, alors on le soutiendra. Sinon, on le combattra. »
Marine Tondelier dénonce son « mépris »
« Il y a une bonne nouvelle ce soir : le président de République n’a pas nommé à la va-vite un premier ministre encore plus à droite », s’est félicité la cheffe de file des Ecologistes, Marine Tondelier, sur X. « Sur tout le reste, c’est simple : rien n’allait », a-t-elle toutefois ajouté, dénonçant le « mépris » du chef de l’Etat.
La députée « insoumise » Clémence Guetté dénonce de son côté « l’arrogance » du président qui « insulte tout le monde, s’exonère de son bilan et n’annonce rien ». « Il doit partir ».
Lucie Castets a regretté que le président ne semble pas avoir l’intention de nommer un premier ministre issu du Nouveau Front populaire (NFP).
Mme Castets a déploré qu’Emmanuel Macron qualifie de « front antirépublicain » le vote commun du NFP et du Rassemblement national (RN) pour censurer le gouvernement Barnier, alors même que l’alliance de gauche avait justement formé un front républicain lors des législatives pour empêcher l’élection de députés RN, permettant ainsi à certains candidats du camp présidentiel d’être élu. C’est « absolument désolant et révoltant », a-t-elle réagi.