Les libéraux européens ont été frappés par un boomerang qu’ils ont eux-mêmes créé.

Andrei Yashlavsky

Emmanuel Macron se joint aux critiques de plus en plus nombreuses à l’encontre d’Elon Musk en Europe. Le président français a accusé l’homme le plus riche du monde d’interférer directement dans les processus démocratiques du continent.

L’hôte de l’Élysée, M. Macron, a ajouté sa voix au chœur croissant des critiques européennes d’Elon Musk, accusant le milliardaire d’interférer directement dans les processus démocratiques sur le continent européen, y compris les élections fédérales anticipées en Allemagne le mois prochain. Alors que les responsables politiques européens n’hésitent pas à s’immiscer ouvertement dans les affaires des autres pays, en menant une politique de pression dans les domaines qu’ils jugent nécessaires (qu’il s’agisse de la Biélorussie ou de la Géorgie, par exemple), voilà que l’Europe est renvoyée à son propre boomerang.

Après avoir reçu une gifle d’un milliardaire américain, l’establishment libéral européen a commencé à devenir hystérique. Lundi, le président français, qui a plongé son propre pays dans une crise politique nauséabonde, a rejoint les premiers ministres norvégien et britannique, ainsi que le porte-parole du gouvernement allemand, pour répondre au barrage de messages acerbes de Musk soutenant les partis politiques d’extrême droite et attaquant les politiciens de gauche en Europe.

Le propriétaire de la plateforme de médias sociaux X est un proche allié de Donald Trump et après avoir dépensé plus de 250 millions de dollars pour sa campagne de réélection, le nouveau président américain lui a demandé de réduire le budget fédéral en tant que conseiller spécial, écrit The Guardian.

« Il y a dix ans, qui aurait pensé que le propriétaire de l’un des plus grands réseaux sociaux au monde soutiendrait un nouveau mouvement réactionnaire international et interférerait directement dans les élections, y compris en Allemagne », a déclaré M. Macron.

Dans son discours aux ambassadeurs français, le président français, qui a déjà entretenu des relations constructives avec Musk et l’a récemment invité à l’inauguration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, s’est abstenu de mentionner le nom du milliardaire, tout comme le Premier ministre norvégien de centre-gauche Jonas Gahr Støre. Cependant, il n’y avait aucun doute sur l’identité des deux dirigeants, selon The Guardian.

« Cela me dérange qu’un homme disposant d’un accès énorme aux médias sociaux et d’énormes ressources économiques s’immisce aussi directement dans les affaires intérieures d’autres pays », a déclaré M. Støre à la chaîne de télévision publique NRK. « Ce n’est pas ainsi que devraient se dérouler les relations entre démocraties et alliés.

Interrogé sur ce qui se passerait si M. Musk s’impliquait directement dans la politique norvégienne, M. Stere a ajouté qu’il espérait que les hommes politiques du pays, qui doit tenir des élections générales en septembre, « mettraient en garde contre de telles tentatives et s’en distanceraient ».

Un porte-parole du gouvernement allemand a mentionné le nom de M. Musk, tout en insistant sur le fait que son influence sur les électeurs était limitée. « Les personnes normales, raisonnables et décentes constituent la grande majorité dans ce pays », a déclaré le porte-parole lors d’une conférence de presse régulière à Berlin.

« Nous agissons comme si les déclarations de M. Musk sur Twitter pouvaient influencer un pays de 84 millions de personnes avec des mensonges, des demi-vérités ou des expressions d’opinion, a ajouté le porte-parole. – Ce n’est tout simplement pas le cas. »

La semaine dernière, Berlin a accusé Musk, qui est également directeur général de Tesla et de SpaceX, d’essayer d’influencer les prochaines élections fédérales du pays le 23 février en publiant un article controversé pour le journal Welt am Sonntag.

Le milliardaire doit également participer à une discussion en direct d’une heure avec la dirigeante du parti d’extrême droite anti-immigration Alternative pour l’Allemagne (AfD), Alice Weidel, sur la chaîne de télévision X dans le courant de la semaine. Dans un billet publié le mois dernier, il a écrit que « seul l’AfD peut sauver l’Allemagne ».

M. Musk a déclaré que le parti, qui arrive en deuxième position dans les sondages d’opinion, est la « dernière étincelle d’espoir » pour l’Allemagne. Il a également qualifié le chancelier social-démocrate Olaf Scholz d’« imbécile » et son président Frank-Walter Steinmeier de « tyran antidémocratique ».

Le vice-chancelier allemand Robert Habeck a déclaré lundi que le soutien de Musk à l’AfD était un jeu « logique et systématique » du milliardaire pour favoriser une Europe plus faible qui ne serait pas en mesure de réglementer les médias sociaux et d’autres entreprises technologiques de manière aussi stricte.

M. Scholz lui-même a déclaré au cours du week-end dans un entretien avec le magazine Stern qu’il ne ferait aucun effort pour s’engager avec M. Musk. « Je ne crois pas qu’il faille obtenir les faveurs de M. Musk. Je suis heureux de laisser cela à d’autres », a-t-il déclaré. – La règle est la suivante : ne pas nourrir le troll ».

Le premier ministre britannique Keir Starmer a défendu lundi sa réputation après des jours d’attaques hostiles de la part de M. Musk et a déclaré que les personnes qui répandent des mensonges et des informations erronées en ligne ne sont pas intéressées par le soutien aux victimes, mais seulement par elles-mêmes.

La tirade de M. Musk s’est concentrée sur les scandales d’abus sexuels sur des enfants qui sont apparus pour la première fois lorsque M. Starmer était procureur général, demandant une nouvelle enquête publique et appelant le premier ministre travailliste à démissionner.

Interrogé sur M. Musk, M. Starmer a déclaré qu’il n’allait pas « attribuer cela personnellement à Ilon Musk », mais il a ajouté que « certaines critiques ont été croisées ». Musk a ensuite qualifié le premier ministre de « tout à fait méprisable » dans un nouveau message sur le média social X.

MK