Étiquettes

, , , ,

Le gouvernement Netanyahou ne se soucie manifestement pas de fouler aux pieds le droit international et la Charte des Nations unies, mais le reste d’entre nous devrait le faire.

Daniel Larison

Selon le Washington Post, Israël pourrait attaquer les installations nucléaires iraniennes au cours du premier semestre de cette année :

Selon les services de renseignement américains, Israël va probablement tenter de frapper le programme nucléaire iranien dans les mois à venir, dans le cadre d’une attaque préventive qui retarderait le programme de Téhéran de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois, mais qui provoquerait une escalade des tensions au Moyen-Orient et relancerait la perspective d’une conflagration régionale de plus grande ampleur.

Le gouvernement israélien menace de le faire depuis des décennies, mais cette fois-ci, il pourrait mettre sa menace à exécution en lançant une attaque majeure non provoquée sur le territoire iranien. Aucun État ne peut légalement utiliser la force contre un autre de cette manière. Si Israël lance une telle attaque, il commettra un acte d’agression criminelle. Le gouvernement Netanyahou ne se soucie manifestement pas de fouler aux pieds le droit international et la Charte des Nations unies, mais le reste d’entre nous devrait s’en soucier.

Le rapport parle d’une « attaque préventive », mais c’est faux. Il est important de rappeler qu’une attaque israélienne ou américaine contre les installations nucléaires iraniennes n’est en aucun cas une attaque préventive. On parle de préemption lorsqu’un État agit pour contrer une menace imminente, et les installations nucléaires iraniennes ne constituent pas une telle menace. Les faucons ont tellement déformé le sens du terme « préemption » qu’il est devenu courant pour les partisans et même pour certains opposants à la guerre préventive de qualifier cette agression de « préemption ».

Le problème a réellement commencé, comme tant d’autres, avec l’administration Bush. George W. Bush a approuvé l’idée d’une action militaire visant à éliminer les menaces avant qu’elles n’existent, puis a qualifié cette politique insensée de préemption. Comme l’indique la stratégie de sécurité nationale de 2002, « pour prévenir ou empêcher de tels actes hostiles de la part de nos adversaires, les États-Unis agiront, si nécessaire, de manière préemptive ». Ainsi, Bush et ses alliés ont embrassé la guerre préventive en l’appelant autrement, et leur marque malhonnête est restée. C’est ainsi que les partisans de l’invasion illégale de l’Irak ont maquillé la guerre en « légitime défense » alors qu’il n’en était rien.

Il est impossible que le bombardement des installations nucléaires iraniennes soit préventif. D’une part, il ne s’agit pas d’une réponse à une menace imminente. D’ailleurs, ce n’est pas du tout une réponse à une menace. Il s’agit d’un choix d’attaquer un autre pays des années avant qu’il ne dispose d’une arme à portée de main. C’est d’autant plus absurde que l’agresseur potentiel possède des dizaines d’armes nucléaires et n’a donc pas grand-chose à craindre de cet arsenal iranien imaginaire.

L’une des principales raisons pour lesquelles il ne peut s’agir d’une attaque préventive est que l’Iran n’a pas de programme d’armement nucléaire. Malgré tous les efforts déployés par les faucons iraniens pour les provoquer, les Iraniens ne travaillent pas à la mise au point d’armes nucléaires. La menace que l’attaque israélienne est censée prévenir n’existe pas. L’existence possible d’une menace dans plusieurs années ne justifie pas une action militaire, et il ne s’agit certainement pas d’autodéfense. En outre, l’action militaire israélienne accroît la probabilité que le gouvernement iranien décide finalement de fabriquer des armes nucléaires. Loin d’anticiper quoi que ce soit, l’action militaire risque de créer une menace qui n’existe pas actuellement.

Attaquer les installations nucléaires iraniennes risque également de déclencher une nouvelle série d’hostilités entre l’Iran et Israël. Il existe toujours un risque que les États-Unis se joignent à ce conflit dès le début ou qu’ils y soient entraînés. L’administration Trump pourrait très bien être assez imprudente pour assister ou participer à l’attaque, et dans ce cas, les forces américaines deviendraient immédiatement des cibles pour les représailles iraniennes. Le gouvernement iranien pourrait décider de tenir les États-Unis pour responsables de toute attaque israélienne, puisque les États-Unis sont le principal mécène et fournisseur d’armes d’Israël. Si les États-Unis autorisent une attaque israélienne, ils mettent en danger le personnel militaire américain, même si les forces américaines ne sont pas directement impliquées dans le bombardement.

Malheureusement, Trump a publiquement approuvé l’idée d’une attaque israélienne contre les installations nucléaires iraniennes par le passé. Je doute qu’il change de position à ce sujet. Si Trump se voit proposer cette option, je suppose qu’il donnera le feu vert aux Israéliens pour qu’ils frappent. Ce serait une erreur désastreuse.

Les États-Unis devraient dire au gouvernement israélien qu’une attaque serait imprudente, inutile, illégale et inacceptable pour Washington. Les États-Unis ne doivent en aucun cas participer ou aider à une attaque contre l’Iran. Les États-Unis ne doivent pas aider Israël s’il se lance dans une attaque de son propre chef.

Eunomia