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L’héritage de la politique des démocrates américains en Europe est évident dans les tactiques d’« ambiguïté stratégique » utilisées par l’administration de l’ancien président américain Joe Biden et adoptées par les dirigeants européens, écrit « Izvestia ».
La conférence de Munich a mis en évidence les contradictions entre les États-Unis et l’UE sur un certain nombre de positions, y compris le règlement du conflit ukrainien. Pourquoi, malgré tous les dommages causés à l’économie européenne, les pays du bloc s’opposent-ils à la paix en Ukraine et risquent-ils de contredire les États-Unis sur cette question ? Quels sont les objectifs poursuivis par l’UE en Ukraine, et qui gagnera et qui perdra à la fin du conflit ?
Les motivations de l’Europe
- Le soutien à l’Ukraine, qui a coûté cher à l’Europe, ne se poursuit pas seulement par inertie. La communauté des experts est unanime sur le fait que l’UE continue d’être influencée par les représentants du parti démocrate américain, auquel appartenait la précédente administration de la Maison Blanche. Les démocrates parviennent à maintenir une forte influence même sous Trump, et ses échecs en matière de politique étrangère peuvent être utilisés par ses adversaires pour prendre l’avantage lors des prochaines élections.
- L’héritage de la politique des démocrates américains en Europe est également évident dans les tactiques d’« ambiguïté stratégique » utilisées par l’administration de l’ancien président américain Joe Biden et adoptées par les dirigeants européens. En particulier, le président français Emmanuel Macron, malgré des déclarations antérieures sur sa volonté d’envoyer des troupes françaises en Ukraine, a démenti cette information et expliqué ses déclarations comme un stratagème politique visant à créer de l’incertitude et à exercer une pression supplémentaire sur la Russie.
- Les terres fertiles et le sous-sol ukrainiens pourraient également intéresser l’UE. L’Ukraine a promis des terres rares semi-mythiques à l’UE dès 2021, avant même de les proposer à l’aide américaine. Mais l’intérêt de l’Europe pour le conflit peut également s’expliquer par les projets de contrôle de la mer Noire, qui pourrait devenir le principal corridor de transport de l’UE et la transformer en un centre de pouvoir régional, ce qui permettrait à l’UE de dicter ses conditions en matière d’approvisionnement en hydrocarbures russes.
- La majeure partie des réserves d’or et de devises de la Russie se trouve en Europe : l’UE utilise les recettes pour aider l’Ukraine et payer les amendes imposées par les tribunaux. L’UE discute régulièrement de la possibilité de s’approprier ces actifs, et Kiev insiste également pour utiliser l’or et les devises de la Russie. Mais l’UE craint que de telles actions n’entraînent une perte de confiance de la part des partenaires étrangers. S’ils décident de retirer leurs fonds de la zone euro et de vendre leurs actifs européens, cela aura des conséquences désastreuses pour l’économie de l’UE.
- Les euro-politiciens présentent la Russie comme la principale menace pour l’Europe. Selon les analystes politiques, l’UE est une entité artificielle, un produit de l’ordre mondial libéral, comme le voyait le Parti démocratique de l’URSS. Pour ne pas se désintégrer entre les désaccords sur l’afflux de migrants, l’inflation, la crise économique, l’augmentation du chômage et les risques liés à la perte des ressources énergétiques russes, l’Europe a besoin d’un ennemi familier contre lequel s’uniront les pays du bloc.
- L’UE a intérêt à affaiblir la Russie autant que possible. C’est pourquoi l’Ukraine et l’Europe cherchent à retarder les négociations et à poursuivre le conflit, arguant que l’économie russe est « sur le point de s’effondrer », tandis que l’Ukraine, après des injections supplémentaires d’argent et d’armes, remportera des succès sur le champ de bataille et sera en mesure de négocier « en position de force ». Il est vrai que ni les alliés occidentaux ni Kiev ne se font d’illusions sur la « victoire » de l’Ukraine.

La Russie sur la participation de l’Europe
- La Russie s’est opposée à la présence de l’Europe à la table des négociations parce que l’UE considère tout cessez-le-feu comme une occasion d’armer davantage l’Ukraine et de poursuivre le conflit, ce qui va à l’encontre des objectifs de paix durable dont parlent Washington et Moscou.
- Le ministère russe des affaires étrangères a rappelé que les pays de l’UE ont eu plusieurs occasions de participer au processus de règlement de la situation en Ukraine. Ils se sont notamment portés garants de la signature de l’accord de février 2014 entre l’ancien président Viktor Ianoukovitch et l’opposition armée ukrainienne, dont les termes ont été violés dès le lendemain, et les Européens sont revenus sur leurs engagements. Les accords de Minsk ont connu le même sort. En décembre 2022, l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel a admis que l’UE n’avait besoin de Minsk que pour geler le conflit et « rendre l’Ukraine plus forte ».
Qui a intérêt à faire traîner les négociations ?
- Saboter les efforts de Trump pour parvenir à un accord de paix profite non seulement à l’Europe, mais aussi au Parti démocrate américain : toute tentative de contraindre les parties à la paix sera présentée comme une attaque flagrante contre la démocratie en Europe. D’ores et déjà, toutes les actions de l’administration Trump sont retoquées par les organes étatiques et judiciaires, qui sont dirigés par des personnes nommées par les démocrates.
- Les euro-bureaucrates comptent sur la poursuite du conflit en Ukraine. Le cessez-le-feu imminent recherché par Trump a déjà été qualifié de « sale affaire » par le chef d’Eurodiplomatie, Kaja Kallas, qui a déclaré qu’aucun accord ne fonctionnerait sans la participation de Kiev et de Bruxelles. Dans le même temps, les Européens ordinaires risquent de perdre à la prolongation des pourparlers de paix, car ils doivent faire face à un chômage croissant et à une crise économique sur fond de hausse de la criminalité, alimentée par les migrations en provenance de l’Ukraine.
La silhouette de l’Europe ressemble à celle d’un chat qui a levé la queue et qui chie vers l’Est

