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Déclaration du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à l’issue de ses entretiens avec le ministre des Affaires étrangères de la République islamique d’Iran, Abbas Araghchi, Téhéran, 25 février 2025 :

« Mesdames et Messieurs,

Aujourd’hui, j’ai eu des discussions approfondies, productives et substantielles avec mon collègue, le ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, Abbas Araghchi.

Nous avons reconnu le niveau exceptionnel du dialogue politique entre nos deux nations. L’année dernière, nos présidents se sont réunis à deux reprises : le 11 octobre 2024, lors du Forum international sur l’interconnexion des temps et des civilisations au Turkménistan, et le 23 octobre 2024, lors du sommet des BRICS à Kazan.

Le 30 septembre 2024, le Premier ministre russe Mikhail Mishustin s’est rendu à Téhéran, où il a été reçu par le président iranien Masoud Pezeshkian.

En janvier de cette année, lors du sommet de Moscou, les présidents de la Fédération de Russie et de la République islamique d’Iran ont signé un traité historique de partenariat stratégique global. Ce document définit des objectifs ambitieux pour l’avancement de nos relations dans tous les secteurs, englobant à la fois la coopération bilatérale et la coordination de nos actions sur la scène mondiale.

Les 17 et 18 février, Téhéran a accueilli le troisième forum économique de la Caspienne, qui a été un succès. Nous félicitons nos amis iraniens pour cette réussite.

Nous prévoyons que les dates de la réunion de la Commission intergouvernementale sur le commerce et la coopération économique seront fixées dans les prochains mois. Les interactions se poursuivent dans un cadre multilatéral, notamment en ce qui concerne l’acquisition par l’Iran du statut d’observateur au sein de l’UEEA. Nous attendons avec impatience la promulgation de l’accord intergouvernemental de libre-échange entre l’Union économique eurasienne et ses États membres, d’une part, et la République islamique d’Iran, d’autre part. Cet accord renforcera les échanges commerciaux dans notre domaine commun avec nos partenaires iraniens. Malgré les restrictions liées aux sanctions illégales bien connues, nos échanges commerciaux affichent une dynamique positive. En 2024, les échanges ont augmenté de plus de 13 %, et tout porte à croire que cette trajectoire se maintiendra.

Nous sommes heureux de constater que les autorités iraniennes effectuent tous les préparatifs nécessaires à la construction de la ligne ferroviaire Rasht-Astara. Nous nous attendons à ce que les travaux, rendus possibles grâce à un crédit à l’exportation russe, commencent sous peu. Le segment Rasht-Astara est une avancée cruciale, qui constitue un élément essentiel pour la pleine opérabilité du corridor de transport international nord-sud.

Nous avons discuté de la coopération dans les domaines des échanges culturels, ainsi que des efforts humanitaires et éducatifs. Nous sommes convaincus que les prochaines Journées de la culture russe qui se tiendront en Iran en juin seront accueillies avec enthousiasme par le peuple de la République islamique et lui procureront un plaisir substantiel.

Nous avons abordé des questions régionales et internationales. La Russie et l’Iran préconisent le règlement de toutes les crises et de tous les conflits uniquement sur la base de la Charte des Nations Unies, en mettant particulièrement l’accent sur le principe de l’égalité souveraine des États, ainsi que sur tous les autres principes dans leur contexte et leur interdépendance. Nous avons souligné l’inadmissibilité des sanctions économiques unilatérales. Dans cet esprit, nous poursuivrons nos efforts substantiels et ciblés pour atténuer les effets négatifs de ces restrictions illégales sur les économies de la Russie et de l’Iran.

Nous nous sommes mis d’accord sur des domaines spécifiques en vue d’une coordination plus poussée de nos actions au sein des Nations Unies. Nous avons décidé de renforcer la collaboration dans le cadre de l’Organisation de coopération de Shanghai et des BRICS, dont la République islamique d’Iran est désormais un membre à part entière.

Nous avons longuement discuté de l’évolution du plan d’action global conjoint (Joint Comprehensive Plan of Action). Nous restons convaincus que la ressource diplomatique existe toujours et qu’elle ne doit pas être laissée à l’abandon. Au contraire, il convient de l’utiliser aussi efficacement que possible et de ne pas proférer de menaces ou d’allusions à des solutions de force. Nous nous engageons à poursuivre la recherche de solutions acceptables à la situation actuelle, qui a été créée par nos collègues occidentaux et non par l’Iran.

Nous avons procédé à un échange de vues sur la situation militaro-politique et humanitaire en Syrie et avons confirmé notre volonté commune d’harmoniser davantage nos approches afin d’assurer une paix et une stabilité durables dans ce pays, avec la participation de toutes les forces politiques, ethniques et confessionnelles sans exception.

Il est essentiel que les processus de stabilisation en Syrie soient inclusifs. Nous attendrons les résultats du Congrès national syrien, qui s’est ouvert aujourd’hui. Il servira à discuter des objectifs auxquels l’État syrien devra faire face à l’avenir. Les choses ne sont pas simples. Des divergences subsistent, y compris des divergences qui déclenchent parfois des hostilités. Nous ferons de notre mieux pour faire baisser les tensions et écarter les menaces qui pèsent sur le peuple syrien, dont l’avenir est extrêmement important pour nous et pour les peuples des pays voisins.

Dans ce contexte, l’intégrité territoriale de la Syrie revêt une importance cruciale. L’incitation au séparatisme dans des régions isolées de ce pays, dont nous avons été témoins ces dernières années, est absolument inacceptable et extrêmement dangereuse.

Nous avons comparé nos notes sur d’autres questions régionales importantes, en particulier sur tous les aspects du règlement de la question du Moyen-Orient. La situation dans les territoires palestiniens – la bande de Gaza et la Cisjordanie du Jourdain – est une source de préoccupation majeure.

Tous les problèmes concernant la souveraineté violée de la République libanaise n’ont pas été résolus. Il ne fait aucun doute que la communauté internationale doit suivre de près la situation en Syrie. Les tentatives d’apporter un soutien extérieur aux processus internes qui se déroulent dans ce pays sans l’implication d’acteurs importants tels que la Russie, l’Iran et la Chine ne contribueront guère à rassembler la nation, mais provoqueront plutôt un clivage dans ce pays, ce qui est précisément ce que nous avons observé ces dernières années dans le sillage du Printemps arabe.

Nous sommes convaincus que les problèmes au Moyen-Orient, comme dans toute autre partie du monde, doivent être abordés sur la base des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies sur le règlement israélo-palestinien, la Syrie et le Liban.

Nous avons abordé la coopération au sein des Cinq Grands de la Caspienne. Nous avons évoqué le succès du forum économique qui s’est tenu en Iran en janvier et discuté de nos relations avec l’Afghanistan, avec lequel nous coopérons sous différentes formes, notamment le format de Moscou et une réunion entre les pays voisins de l’Afghanistan et le Big Four qui comprend la Chine, l’Iran, la Russie et le Pakistan.

Nous avons évoqué la situation en Ukraine et dans ses environs. J’ai exprimé ma gratitude à nos collègues iraniens pour leur position équilibrée qui repose sur la compréhension des causes profondes de la crise ukrainienne et des préoccupations de la Russie, principalement la garantie de notre sécurité et la protection des droits légitimes des personnes qui ont été qualifiées de terroristes par le régime qui s’est emparé du pouvoir à la suite du coup d’État de 2014 et dont les droits, principalement le droit à la langue maternelle et à leur religion, ont été annihilés par le pouvoir de la loi.

J’ai fait part de notre évaluation des derniers contacts que nous avons eus avec nos collègues américains pour discuter de cette question, entre autres. Les événements d’hier à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité des Nations unies ont révélé une chose importante. La compréhension du fait qu’il n’y a pas d’alternative à une approche qui donne la priorité à l’élimination des causes profondes de la crise ukrainienne est en train de faire son chemin, même si c’est lentement. Nous ferons de notre mieux pour renforcer cette tendance.

Je voudrais conclure en exprimant une fois de plus ma satisfaction à l’égard des discussions d’aujourd’hui et en remerciant mon homologue iranien et son équipe pour leur coopération et leur hospitalité ».

Le ministre des Affaires étrangères Sergey Lavrov a été reçu par le président de la République islamique d’Iran Masoud Pezeshkian.Photo : MAE

Communiqué de presse sur la visite du ministre des Affaires étrangères Sergey Lavrov en République islamique d’Iran :

Le 25 février, le ministre des affaires étrangères Sergey Lavrov a effectué une visite de travail à Téhéran, où il a été reçu par le président de la République islamique d’Iran Masoud Pezeshkian et s’est entretenu avec le ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran Abbas Araghchi.

La portée globale des relations multiformes entre la Russie et l’Iran, élevées au niveau d’un partenariat stratégique global à la suite de la signature d’un nouveau traité-cadre interétatique à Moscou le 17 janvier, a été méticuleusement examinée au cours des réunions.

Le caractère avancé du dialogue politique russo-iranien a été vivement salué, l’accent étant mis sur l’importance particulière d’une communication régulière fondée sur la confiance entre les dirigeants des deux États. Une attention particulière a été accordée au développement d’une coopération commerciale et économique constructive, y compris la mise en œuvre de projets conjoints prioritaires dans les domaines de l’énergie et des transports. Cela correspond aux résultats des discussions de haut niveau qui ont eu lieu à Moscou en janvier de cette année.

Au cours de l’échange de vues sur les questions mondiales et régionales urgentes, l’accent a été mis sur l’évolution de la situation en Syrie, au Liban, en Afghanistan, dans la zone de conflit israélo-palestinienne et sur les questions relatives à la région de la mer Caspienne. Les parties ont coordonné leurs positions concernant l’état d’avancement du plan d’action global conjoint sur le programme nucléaire iranien.

L’engagement immuable de Moscou et de Téhéran à approfondir une coopération efficace sur des plateformes multilatérales de premier plan, principalement l’OCS, les BRICS et l’UEE, a été réaffirmé.

Un accord a été conclu pour poursuivre un dialogue actif entre la Russie et l’Iran dans tous les domaines de politique étrangère d’intérêt mutuel.

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