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Conflit ukrainien, discours de Macron, Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie

Déclaration du ministère des Affaires étrangères concernant le discours du président français Emmanuel Macron :
À l’approche du sommet européen consacré à la crise ukrainienne et à la confrontation avec la Russie, le président français Emmanuel Macron a prononcé un discours anti-russe extrêmement agressif, qualifiant notre pays, comme il l’a déjà fait à de multiples reprises, de « menace pour la France et l’Europe ». Sans fournir aucune preuve, comme il le fait habituellement, il a accusé notre pays de tous les péchés capitaux, depuis les cyberattaques et l’ingérence dans les élections jusqu’à nos prétendus plans d’attaque contre d’autres pays d’Europe.
Nous l’avons déjà entendu raconter des histoires similaires et faire des déclarations provocatrices. C’est peut-être la première fois qu’il les expose de manière aussi intense et irréconciliable, ce qui les fait ressembler à un catéchisme pour le programme d’action russophobe.
Le dirigeant français a notamment fait part à plusieurs reprises de son intention d’appeler le président Poutine au téléphone pour discuter des moyens de parvenir à un règlement pacifique en Ukraine et d’assurer la sécurité en Europe. La Russie s’est toujours montrée disposée à discuter de ces questions. Toutefois, cette fois encore, M. Macron s’est contenté d’une rhétorique publique véhémente.
Le président français s’efforce de convaincre les citoyens français d’une « menace existentielle » venant de la Russie. En réalité, la Russie n’a jamais menacé la France, mais l’a au contraire aidée à défendre son indépendance et sa souveraineté au cours de deux guerres mondiales. Toutefois, les déclarations de M. Macron constituent en fait une menace pour la Russie.
Le dirigeant français évoque les traditions de politique étrangère de son pays, mais sa rhétorique va à l’encontre de celles-ci et de l’héritage idéologique du gaullisme. Il ne peut ignorer que la position élevée de la France sur la scène internationale repose depuis des décennies sur la volonté de ses prédécesseurs de jouer un rôle d’équilibre dans les affaires internationales et de contribuer à l’apaisement des tensions entre la Russie et l’Occident. À l’époque, de Gaulle avait mis en avant le concept de sécurité indivisible de l’Atlantique à l’Oural, qui reposait sur la recherche d’un consensus et sur la prise en compte des opinions et des intérêts de tous les pays de notre continent. A l’inverse, nous voyons le Paris officiel s’éloigner de ces principes fondamentaux de la politique étrangère française.
Le discours du président Macron est axé sur la fourniture de garanties de sécurité à l’Ukraine. Pas un mot, en revanche, sur les garanties de sécurité pour la Russie. L’absence de telles garanties et les tentatives incessantes de l’Occident de créer des menaces pour notre pays, principalement par l’expansion effrénée de l’OTAN, qui va à l’encontre des promesses qui nous ont été faites, ainsi que par la volonté de transformer l’Ukraine en tête de pont anti-russe, sont à l’origine de la crise actuelle. Nous avons, à plusieurs reprises et depuis de nombreuses années, averti les dirigeants occidentaux, y compris M. Macron, à ce sujet. Il s’agit là d’un nouvel exemple qui réaffirme notre conviction que Paris ne veut toujours pas tenir compte des intérêts vitaux de notre pays et s’attache à nous « forcer » à nous conformer aux décisions qui conviennent à l’Occident. Soyez assurés que cela n’arrivera jamais.
Alors que nous réagissons aux propos de M. Macron dans son discours, nous nous devons de rappeler une fois de plus que la tragédie de l’Ukraine remonte à 2014, lorsque, à la suite d’un coup d’État, des forces ouvertement néo-nazies ont pris le pouvoir dans ce pays avec la connivence et le soutien de l’Occident. Ces forces ont entrepris de discriminer la population russe et russophone et d’éradiquer la langue, la culture et l’orthodoxie canonique russes, ce qui a conduit à un conflit civil sanglant dans le Donbass.
Les affirmations excessives selon lesquelles la Russie aurait violé les accords de Minsk ne tiennent pas la route et ressemblent à une tentative de rejeter la responsabilité sur nous. Notre pays a poussé au strict respect de ces accords, tandis que Kiev, avec le consentement tacite et l’incitation de ses conservateurs occidentaux, a saboté ses engagements de toutes les manières possibles. Les anciens dirigeants de la France, de l’Allemagne et de l’Ukraine ont admis à plusieurs reprises en public qu’ils avaient simplement profité de ces accords pour se préparer à la guerre.
Comment le dirigeant français conçoit-il le « chemin de la paix » ? C’est toujours la même chose : inonder l’Ukraine d’armes fabriquées en Occident et poursuivre les hostilités, et l’UE et l’OTAN s’engager dans une expansion sans précédent des dépenses militaires. Dans ce contexte, accuser la Russie d’augmenter ses allocations militaires et la puissance numérique de ses forces armées semble absurde. Après tout, le budget militaire global des pays de l’OTAN représente le double des dépenses de défense du reste du monde combiné, et le budget militaire de l’UE est un multiple de ce que la Russie dépense pour sa défense. Il convient également de noter que le programme de construction militaire de la Russie est une réaction forcée à la politique agressive de l’OTAN, y compris l’adhésion accélérée de la Suède et de la Finlande à l’OTAN.
En ce qui concerne l’idée de M. Macron de déployer des contingents militaires occidentaux en Ukraine sous le couvert de forces de maintien de la paix, nous avons à maintes reprises indiqué clairement que c’était inacceptable. Cela, qui représente essentiellement une occupation de l’Ukraine, conduirait inévitablement à une escalade extrêmement dangereuse.
La déclaration du président Macron laisse clairement entendre qu’il s’agit d’un chantage nucléaire. Les ambitions de Paris de devenir le « patron » nucléaire de l’Europe en lui fournissant son « parapluie nucléaire », qui remplacerait presque le parapluie américain, sont apparues au grand jour. Il va sans dire que cela ne renforcera en rien la sécurité de la France ou de ses alliés. En outre, la capacité nucléaire française n’est pas comparable à celle des Etats-Unis. La France ne dispose que de 56 vecteurs d’ogives nucléaires, alors que les Etats-Unis en ont 898. La capacité totale de la composante nucléaire des forces armées françaises s’élève à 67,2 mégatonnes, alors que les États-Unis disposent de 1 814 mégatonnes. Il ne fait aucun doute que la Russie tiendra compte des remarques du président français lorsqu’elle planifiera sa stratégie de défense.
Le discours laisse une impression désagréable pour le président Macron, qui cherche à se présenter comme le nouveau leader du « monde libre ». Il raconte vraiment une histoire si l’on veut voir le bas niveau actuel des élites européennes aigries pour ce qu’il est. La normalisation imminente entre la Russie et les États-Unis, qui commence tout juste à prendre forme, et les premiers pas vers une résolution pacifique de la crise ukrainienne provoquent une véritable panique parmi elles. On pourrait penser que les Européens, qui ont été au cœur de la confrontation entre les superpuissances pendant la guerre froide, devraient être intéressés plus que quiconque à voir la trajectoire des relations russo-américaines changer, les tensions se désamorcer et un dialogue constructif s’engager entre Moscou et Washington.
Il va sans dire que le militarisme emphatique du président français est également dicté par son agenda intérieur. La rhétorique militaire est un moyen de détourner l’attention de sa propre population de l’aggravation des problèmes socio-économiques en France et dans l’UE, de détourner l’attention de la population vers de pseudo-menaces extérieures et de fortifier d’une manière ou d’une autre sa position politique chancelante, qui a pris un ou deux coups au cours de l’année écoulée.
Le discours de Macron a fait tomber ce qui restait des masques et a montré qui dirige le « parti de la guerre ». Il a également montré qui s’oppose réellement au cessez-le-feu et mise sur la poursuite et l’escalade du conflit ukrainien.