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Donald Trump, Extrême droite américaine, Liberté d'Experssion, Marco Rubio, menace pour les intérêts nationaux

Pascal Sigg
Mahmoud Khalil a pris la parole lors de manifestations pro-palestiniennes dans une université. Les Etats-Unis le traitent donc comme une menace pour les intérêts nationaux
Depuis que Donald Trump a annoncé son intention d’expulser massivement des personnes, nombreux sont ceux qui craignaient que les personnes en situation régulière ne soient également touchées. C’est aussi parce que les experts le considèrent comme un test pour le système judiciaire qu’un premier cas attire désormais une grande attention publique : samedi soir, l’un des principaux participants aux manifestations d’étudiants à l’université Columbia de New York a été arrêté. Mahmoud Khalil était un visage public des manifestations sur le campus contre le génocide israélien à Gaza. Il agissait en tant que médiateur entre les étudiants et l’université.
Selon Nadia Abu El-Haj, co-directrice du Center for Palestine Studies à l’université de Columbia, il a fait de son mieux pour mettre fin à l’occupation de manière pacifique. Il se trouve désormais dans un centre de détention en vue de son expulsion. Mais on ne sait pas exactement où. Un tribunal new-yorkais a bloqué son expulsion.
Son cas fait grand bruit, car Khalil possède un permis de séjour pour les Etats-Unis. Il détient une carte verte. L’un de ses avocats a donc qualifié l’action du Department of Homeland Security (DHS) d’anticonstitutionnelle et d’illégale. Sa femme, une citoyenne américaine, est enceinte de huit mois. La veille de son arrestation, Khalil a demandé la protection de l’université de Columbia, car de nombreux internautes l’avaient menacé d’expulsion sur des plateformes en ligne.
Soutien au terrorisme ou liberté d’expression ?
Khalil n’a été accusé d’aucun crime. La base légale sur laquelle il a été arrêté n’était pas claire dans un premier temps. Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche, a déclaré mardi lors d’un briefing que des « flyers de propagande pro-Hamas » avaient été distribués lors des manifestations à l’université de Columbia.
Dans une interview publiée hier jeudi, le secrétaire du DHS a déclaré que Khalil avait soutenu l’organisation terroriste Hamas et qu’il avait donc commis des activités terroristes. Il n’a toutefois pas précisé en quoi consistaient ces activités.
Selon les recherches du média en ligne Zeteo, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a personnellement ordonné l’expulsion de Khalil. En effet, selon une loi rarement utilisée et peu connue, il peut ordonner l’expulsion d’étrangers s’il a des raisons suffisantes de penser que la présence de cette personne aux Etats-Unis a des conséquences négatives potentiellement graves pour la politique étrangère américaine.
L’avocat de Khalil a déclaré à Democracy Now ! (vidéo ci-dessous) que l’action des autorités américaines était un acte de représailles pour les opinions exprimées par Khalil.
De nombreux tribunaux ont estimé jusqu’à présent que les personnes résidant légalement aux États-Unis jouissaient de la même liberté d’expression que les citoyens américains.
Un expert en droit américain de l’immigration a déclaré à Zeteo que cette affaire pourrait avoir de graves conséquences pour la liberté d’expression et l’expansion du pouvoir exécutif aux États-Unis si les tribunaux suivaient l’administration Trump.
Dans un post sur les médias sociaux, Donald Trump a célébré l’arrestation de Khali comme l’une des nombreuses qui allaient suivre. Hieront perquisitionné , des agents de la DHS à nouveau des locaux de l’université de Columbia. Mais personne n’a été arrêté. Pendant ce temps, l’opposition à l’action du DHS s’intensifie. Hier, des manifestants juifs de l’organisation Jewish Voice for Peace ont pénétré dans le hall de la Trump Tower à Manhattan pour réclamer la libération de Khalil.