Edouard Husson

Donald Trump n’a pas fait respecter par Benjamin Netanyahou le cessez-le-feu de Gaza. Il ne l’a pas respecté lui-même et il a entamé une guerre avec le Yémen d’Ansarallah. Il est évident que cela va peser dans les négociations avec la partie russe. Sachant que même un Trump n’a pas de parole, les Russes n’ont pas d’autre choix que de se fonder sur un pur rapport de forces avec les Etats-Unis.

Russia says it is concerned of « major civilian casualties » after Israel strikes Gaza.

« We are monitoring the situation very closely. »#Israel #Gaza #Russia #IsraelGazaWar #CeasefireNow pic.twitter.com/kNrQ4pW4P0

— The UnderLine (@TheUnderLineIN) March 18, 2025

La Russie dit suivre de très près ce qui se passe à Gaza. C’est moins dans l’idée d’intervenir rapidement – ce que l’on est en droit de regretter – que pour envoyer une indication au moment où le monde attend les résultats d’une conversation entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Donald Trump met en danger sa crédibilité internationale

Je recommande la lecture de l’excellent THREAD qui suit, où toute l’histoire du cessez-le-feu de Gaza est analysée:

THREAD: As of this writing, intensive Israeli air raids and shelling throughout the Gaza Strip has killed more than 350 Palestinians, and wounded hundreds more, in the space of several hours. How did we get here?

— Mouin Rabbani (@MouinRabbani) March 18, 2025

A relire l’histoire du cessez-le-feu depuis le 19 janvier, il est évident qu’il y a eu un bras de fer entre Trump et Netanyahou. Et que Trump l’a perdu: le Premier ministre israélien avait ouvertement menacé Trump quand il avait apporté, lors de sa visite à la Maison Blanche, début février, un bipeur – outil qui a servi à blesser grièvement des responsables politiques du Herzbollah – avec la dorure en plus, pour flatter le mauvais goût du président américain.

En ne renvoyant pas le cadeau à la figure de Netanyahou, Trump a perdu. C’était une menace, il fallait que le Premier ministre israélien remballe sa menace et reparte avec. Trump a chassé Zelensky de la Maison Blanche: c’était facile. Le président américain aurait rendu un bien plus grand service au monde en renvoyant Netanyahou et sa délégation.

Israël sera le Vietnam de Trump

Donald Trump prend le risque de gâcher un mandat prometteur par son incapacité à maîtriser Netanyahou. La base de ses électeurs envoie déjà des signaux faibles: pourquoi payer autant pour Israël quand les villes et les infrastructures américaines sont en aussi piteux état?

Dans l’immédiat, c’est sur le front diplomatique que Donald Trump se fragilise. Bombarder le Yémen, menacer l’Iran, rompre unilatéralement le cessez-le-feu de Gaza, voilà qui va compliquer singulièrement la tâche des négociateurs américains avec la Russie.

Je parlais ce matin avec un diplomate français de l’ancienne école, qui émettait l’hypothèse que Trump ait négocié avec Netanyahou son soutien pour le démantèlement du globalisme en échange de laisser au Premier ministre israélien à Gaza et en Cisjordanie. C’est horrible et c’est possible. Mais pour ma part j’en reviens à l’un de mes thèmes favoris: les pires horreurs internationales naissent le plus souvent de l’absence d’autorité des grands Etats qui sont les garants du maintien de l’équilibre des puissances.

face à Israël, Trump apparaît bien faible. Et Vladimir Poutine ne manquera pas d’en tenir compte.

Le Courrier des Stratèges