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Par Elijah J. Magnier

Les fissures au sein de l’establishment politique et sécuritaire israélien s’aggravent à mesure que les pressions internes croissantes remettent en question la gestion de la guerre de Gaza par le premier ministre Benjamin Netanyahou et sa mainmise de plus en plus autoritaire sur le pouvoir, qu’il maintient à tout prix pour assurer sa survie politique.

Par le passé, Netanyahou a écarté l’éventualité d’une guerre civile, lorsqu’il a déclaré en mars 2023, lors d’un arrêt temporaire de sa réforme judiciaire, qu’« il ne peut y avoir de guerre civile ». Mais le paysage politique a radicalement changé depuis lors. Ce qui était autrefois impensable fait aujourd’hui partie du discours dominant, que reprennent des hauts responsables et des personnalités respectées qui mettent en garde contre une société au bord de l’effondrement interne.

L’utilisation de l’expression « guerre civile » dans le vocabulaire politique israélien n’est pas entièrement nouvelle. Elle a refait surface dans les années 1990, lorsque le premier ministre Yitzhak Rabin a signé les accords d’Oslo, qui l’engageaient à créer un État palestinien, quoique bien plus petit que les frontières de 1967 reconnues par les Nations unies. À l’époque, l’opposition de droite s’est farouchement mobilisée contre l’accord, qualifiant Rabin de traître et créant une atmosphère si toxique qu’elle a abouti à son assassinat en 1995.

Aujourd’hui, la même rhétorique de trahison et de division est revenue, dirigée maintenant contre ceux qui appellent à un cessez-le-feu ou à des négociations. Mais les enjeux sont encore plus importants. Contrairement à la période d’Oslo, où le débat portait sur l’avenir de la paix, la crise actuelle concerne l’avenir de la « démocratie » israélienne, l’intégrité institutionnelle et la cohésion sociale. Au cœur de tout cela se trouve Netanyahou, que ses détracteurs accusent de préférer la guerre à l’unité, la division au consensus, et le pouvoir personnel à l’intérêt national.

Mais en mars 2025, alors que la société israélienne est plus polarisée qu’elle ne l’a jamais été de mémoire récente, M. Netanyahou s’est ostensiblement abstenu de donner l’assurance qu’il n’y aurait pas de guerre civile. Son silence contraste fortement avec le concert croissant d’avertissements émanant de personnalités politiques et juridiques de haut rang, ce qui suggère un changement marqué dans le discours national. Entre-temps, rien ne semble arrêter Netanyahou dans sa volonté de poursuivre la guerre contre le Hamas.

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