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par Edouard Husson

Face aux dizaines de milliers de documents que contiennent les archives rendues publiques récemment sur l’assassinat de John F. Kennedy, de quelle utilité l’Intelligence Artificielle peut-elle être. il y a quelques jours je déconseillais de se précipiter pour affirmer des certitudes à propos des documents rendus accessibles par Donald Trump et son gouvernement. cela n’a pas manqué, on a vu paraître des articles au ton définitif, qui devaient confirmer en fait des biais cognitifs. Puisque nous disposons désormais de moteurs d’intelligence artificielle, nous nous sommes dits au Courrier que nous tenions un bon thème pour (1) refroidir les ardeurs des complotistes de France et de Navarre; (2) en posant quelques questions simples, mieux comprendre ce dont est capable l’IA. Je vais ainsi, aujourd’hui et dans les prochains jours, poser une série de questions simples à Perplexity, Grok et DeepSeek; pour comparer les réponses et dresser, si possible, un premier paysage. Cela nous aidera, ensuite, à explorer systématiquement les dossiers Kennedy. Je commence aujourd’hui par la nouvelle théorie en vogue, celle d’une responsabilité d’Israël dans l’assassinat de John Kennedy.

J’ai posé en fait une question neutre aux trois moteurs de recherche fondés sur l’Intelligence artificielle:
Est-il fait mention d’Israël dans les dossiers déclassifiés sur l’assassinat du président Kennedy
Voici ce que me répondent les différents moteurs de recherche consultés:
La réponse de Perplexity:
Les documents récemment déclassifiés sur l’assassinat de John F. Kennedy contiennent effectivement des mentions d’Israël, mais il est important de noter que ces références ne constituent pas de nouvelles révélations significatives3.
Les dossiers incluent des fiches de contextualisation qui évoquent le nom d’Israël, rappelant notamment l’opposition connue de Kennedy à l’acquisition de l’arme nucléaire par l’État hébreu3. Cette information était déjà de notoriété publique et ne représente pas une découverte majeure.
Certains théoriciens du complot ont rapidement saisi ces mentions pour alimenter des spéculations, parfois teintées d’antisémitisme, sur une possible implication du Mossad dans l’assassinat3. Cependant, il est crucial de souligner que ces documents ne fournissent aucune preuve concrète d’une telle implication. Il faudra probablement des semaines, voire des mois, pour que l’ensemble des 63 000 pages nouvellement publiées soit analysé en détail35. Jusqu’à présent, aucune information dans ces documents n’a modifié les conclusions de longue date selon lesquelles Lee Harvey Oswald aurait agi seul lors de l’assassinat de Kennedy5
La réponse de Grok
Les dossiers récemment déclassifiés sur l’assassinat de John F. Kennedy, rendus publics en mars 2025 sous l’administration Trump, ne semblent pas apporter de preuves directes ou concluantes d’une implication d’Israël, selon les analyses disponibles à ce jour. Environ 80 000 documents ont été publiés, complétant ainsi la quasi-totalité des archives restantes, comme rapporté par divers médias. Ces documents mentionnent Israël dans certains contextes, mais uniquement sous forme de notes de contextualisation ou de références indirectes, notamment liées aux tensions entre Kennedy et l’État hébreu sur la question du programme nucléaire israélien.
Kennedy s’opposait fermement à ce qu’Israël développe des armes nucléaires, une position qui a généré des frictions diplomatiques bien documentées. Par exemple, des échanges entre Kennedy et les dirigeants israéliens, comme David Ben Gourion puis Levi Eshkol, montrent qu’il exigeait des inspections du site de Dimona, menaçant de revoir le soutien américain si ces demandes n’étaient pas satisfaites. Cependant, rien dans les dossiers déclassifiés ne relie directement ces désaccords à son assassinat. Les mentions d’Israël se limitent à des fiches informatives ou à des hypothèses explorées par les enquêteurs, sans éléments matériels incriminants.
Les théoriciens du complot, notamment sur des plateformes comme X, ont spéculé sur un rôle du Mossad, souvent en lien avec la CIA ou d’autres entités. Certains pointent du doigt les empreintes supposées d’Israël dans l’affaire, mais ces affirmations reposent davantage sur des interprétations subjectives que sur des preuves tirées des documents. Les analyses mainstream, comme celles publiées par Le Point ou Le Journal du Dimanche, soulignent que les dossiers n’apportent pas de « scoop » majeur et ne valident pas les thèses conspirationnistes impliquant Israël. Au contraire, ils renforcent les pistes déjà connues, comme les lacunes du FBI et de la CIA dans la surveillance de Lee Harvey Oswald, sans établir de connexion claire avec un acteur étatique étranger tel qu’Israël.
En résumé, les dossiers déclassifiés mentionnent Israël, mais uniquement dans un cadre contextuel lié aux relations diplomatiques tendues avec Kennedy, et non comme un acteur impliqué dans son assassinat. Aucune preuve tangible ne soutient cette hypothèse dans les documents rendus publics à ce jour
La réponse de DeepSeek
Les dossiers récemment déclassifiés sur l’assassinat de John F. Kennedy en 1963 ne mentionnent pas directement Israël comme étant impliqué dans cet événement. Cependant, certaines théories du complot et analyses historiques ont évoqué des liens possibles avec des acteurs internationaux, bien que ces hypothèses ne soient pas étayées par des preuves concrètes.
Les documents déclassifiés, notamment ceux publiés dans le cadre du JFK Records Act, apportent principalement des éclaircissements sur les activités de la CIA, du FBI et d’autres agences, ainsi que sur des aspects liés à Lee Harvey Oswald et aux tensions géopolitiques de l’époque (comme Cuba et l’URSS). Aucune révélation majeure n’a émergé concernant un rôle israélien.
Si vous cherchez des informations spécifiques, je peux vous aider à explorer des sources historiques fiables. Souhaitez-vous des détails sur certains aspects des archives ?
Quelles conclusions provisoires en tirer?
Premier enseignement: les trois moteurs de recherche sont d’accord pour dire qu’il y a peu de mentions d’Israël dans les documents.
Deuxième enseignement: l’intelligence artificielle travaille à partir de la matière qu’on lui fournit. Je pose une question neutre et l’on me répond: non, il n’y a pas de complot israélien! Cela montre comme le débat a été orienté. Et cela nous apprend que l’IA fait en fonction de la matière qu’on lui met à disposition.
Troisième enseignement: sur la question posée, c’est Grok, des trois, qui est le plus intéressant. Nous verrons, ces prochains jours, dans quel ordre nous classons les moteurs de recherche, en fonction des questions.
Quatrième enseignement: L’absence relative d’Israël des documents ne doit nous conduire à aucune conclusion prématurée. Cela ne veut pas dire que l’administration Trump aurait gardé des documents secrets, conclusion que ne manqueront pas de tirer certains adeptes du « complot prouvé par l’absence apparente du complot ». D’autre part, la lecture littérale d’un document ne suffit pas. Comme le dit Grok, il y a des enjeux de contextualisation.
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