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Entre enjeux stratégiques et rivalités internationales, les minerais stratégiques voient s’affronter deux superpuissances pour leur contrôle : la Chine en position de force et les États-Unis bien décidés à refaire leur retard. Tous les coups sont permis : Donald Trump monnaye l’aide américaine contre les métaux rares de l’Ukraine et entend faire main basse sur les richesses du Groenland. Mais de quoi parle-t-on exactement ?

L’Ukraine est un fournisseur clé de « métaux rares » : uranium, titane, lithium, manganèse… indispensables à l’aérospatiale, le médical, l’automobile, le naval, la fabrication de batteries. Elle détient surtout les plus grandes réserves européennes pour certains.

Ne pas confondre métaux rares et terres rares

Métaux rares, à ne pas confondre avec « terres rares », composés de 17 éléments comme le lanthane, le scandium, le cérium, l’yttrium, etc., eux aussi essentiels à la fabrication des éoliennes, des véhicules électriques, des smartphones, des missiles. Les terres rares sont présentes partout sur Terre mais sont disséminées en très faible quantité, à l’inverse des métaux pour lesquels on retrouve des gisements massifs, avec une forte concentration de métal.

Au-delà de son atout géographique qui en fait un lieu de passage obligé des navires entre l’Arctique et l’océan Atlantique, le Groenland détient dans ses sous-sols toutes ces matières premières.

La Chine impose sa loi sur les terres rares

Sur les terres rares, la domination chinoise est écrasante : 69% de l’extraction mondiale, 80% du raffinage. Pékin contrôle le marché, fixe les règles, impose les prix et n’hésite pas à brandir la menace d’un embargo pour faire pression. C’est un levier géopolitique puissant.

L’avance chinoise repose sur trois atouts majeurs : le premier est géologique et tient aussi à la taille du pays qui lui permet de détenir 37% des réserves mondiales. Autoritaire, le pouvoir central est capable d’imposer sa vision stratégique industrielle à la population et les règles environnementales sont plus souples qu’en Occident. Or, les techniques d’extraction et de raffinage, très intensives en main-d’œuvre, sont surtout très polluantes. Inscrit dans une vision à long terme, le choix d’investir massivement dans les terres rares a été fait très tôt dès les années 80-90, ce qui permet au pays d’avoir aujourd’hui une longueur d’avance technologique et d’avoir réduit la concurrence à néant.

Le réveil américain passe par le Groenland

L’enjeu pour les États-Unis, revenir dans la partie. L’équation est simple : le Groenland dispose de 1,5 million de tonnes de terres rares sur son territoire ; les États-Unis 1,9 million.

Les métaux rares indispensables au stockage de l’énergie sont eux concentrés géographiquement mais dispersés sur l’ensemble de la planète avec selon les matières un quasi-monopole. La Chine en dispose d’un dans le graphite naturel avec 77% de la production mondiale. Le cobalt est lié à la République démocratique du Congo autour de 75% de l’offre totale, mais la Chine est là via ses entreprises minières et a assuré ses approvisionnements, tout comme pour d’autres métaux — lithium, manganèse, etc. — en ayant investi depuis longtemps et massivement dans les infrastructures et les mines de pays producteurs africains, sud-américains, asiatiques ou en Australie.

Certes, des tensions peuvent apparaître ici ou là avec Pékin, mais la Chine est partout. On comprend mieux pourquoi les États-Unis s’activent. L’Europe, elle, regarde.

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