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Edouard Husson

Guerre contre les Houthis: le Pentagone avoue donner des coups d’épée dans le sable!

Contrairement aux messages victorieux de Donald Trump, le Pentagone a fait savoir à CNN que la guerre contre le Yémen d’Ansarallah a déjà coûté un milliard de dollars mais n’a obtenu aucun résultat. Voilà un désaveu dans le désaveu: Donald Trump s’est désavoué lui-même en lançant une telle guerre. Et maintenant le Pentagone désavoue le Président – tout en réclamant plus d’argent!

These Houthis gathered for instructions on an attack. Oops, there will be no attack by these Houthis!

They will never sink our ships again!

Donald Trump Truth Social 04/04/25 05:40 PM pic.twitter.com/zafEdKwKtM

— Donald J. Trump Posts From His Truth Social (@TrumpDailyPosts) April 4, 2025

Voilà un message qui ternira le bilan de Donald Trump. Le président américain se vante que l’armée américaine ait anéanti un rassemblement de guerriers d’Ansarallah. Il s’agissait en fait d’une rencontre religieuse.

Faire la guerre ne réussit pas à Donald Trump, qui a été élu par le peuple américain pour mettre fin aux conflits du globalisme. Or le voici en train de continuer une guerre de Joe Biden.

Et le Pentagone se plaint déjà de manquer de moyens!

Le réveil de « l’Etat profond »?

Au Pentagone, on s’est ouvert à CNN. Les mauvaises habitudes se reprennent vite:

Le coût total de l’opération militaire américaine contre les militants houthis soutenus par l’Iran au Yémen approche le milliard de dollars en un peu moins de trois semaines, alors même que les attaques ont eu un impact limité sur la destruction des capacités du groupe terroriste, ont déclaré à CNN trois personnes informées de l’avancement de la campagne.

L’offensive militaire, lancée le 15 mars, a déjà utilisé des centaines de millions de dollars de munitions pour frapper le groupe, notamment des missiles de croisière à longue portée JASSM, des JSOW, des bombes planantes guidées par GPS, et des missiles Tomahawk, ont déclaré les sources.

Des bombardiers B-2 basés à Diego Garcia sont également utilisés contre les Houthis, et un porte-avions supplémentaire ainsi que plusieurs escadrons de chasse et systèmes de défense aérienne seront bientôt déployés dans la région du Commandement central, ont déclaré cette semaine des responsables de la défense.

L’une des sources a déclaré que le Pentagone devra probablement demander des fonds supplémentaires au Congrès pour poursuivre l’opération, mais qu’il pourrait ne pas les recevoir – l’offensive a déjà été critiquée des deux côtés de l’échiquier, et même le vice-président JD Vance a déclaré qu’il pensait que l’opération était « une erreur » dans un chat Signal publié par The Atlantic la semaine dernière.

Le Pentagone n’a pas révélé publiquement l’impact réel des frappes militaires américaines quotidiennes sur les Houthis. Des responsables de l’état-major interarmées du Pentagone, du Commandement central américain, du Commandement Indo-Pacifique américain, du Bureau du sous-secrétaire à la Défense pour la politique et du Département d’État ont déclaré au Congrès ces derniers jours que les frappes avaient éliminé plusieurs membres de la direction houthie et détruit certains sites militaires houthis.

Mais ils ont reconnu que le groupe a toujours été en mesure de fortifier ses bunkers et de maintenir des stocks d’armes souterrains, comme il l’a fait pendant les frappes que l’administration Biden a menées pendant plus d’un an, ont indiqué les sources. Et il a été difficile de déterminer précisément la quantité de stocks que les Houthis ont encore, a déclaré un responsable de la défense.

« Ils ont détruit certains sites, mais cela n’a pas empêché les Houthis de continuer à tirer sur les navires en mer Rouge ou à abattre les drones américains », a déclaré l’une des sources informées de l’opération. « Pendant ce temps, nous brûlons nos réserves de munitions, de carburant et de temps de déploiement. » (…)

Le rythme opérationnel des frappes est également plus élevé maintenant que le commandant du CENTCOM, Erik Kurilla, n’a plus besoin d’une autorisation de haut niveau pour mener des frappes, un changement par rapport à l’administration Biden et un retour aux politiques du premier mandat de Trump, lorsque les commandants militaires avaient plus de liberté pour mener à bien des missions afin d’obtenir « un effet stratégique » au lieu d’avoir besoin d’une autorisation au cas par cas de la Maison Blanche pour chaque frappe et chaque raid.

On ne sait toujours pas combien de temps l’administration Trump prévoit de poursuivre l’offensive, que le CENTCOM a décrite comme une opération « 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 ». Trump a déclaré qu’elle durerait jusqu’à ce que les Houthis cessent d’attaquer la navigation en mer Rouge, mais malgré des semaines de bombardements, les Houthis ont continué à lancer des missiles et des drones sur des cibles en mer Rouge et au-dessus de celle-ci. En début de semaine, ils ont abattu un autre drone américain MQ-9 Reaper, le deuxième MQ9 abattu depuis le début de l’offensive le mois dernier, ont déclaré plusieurs sources à CNN.

L’armée américaine en difficulté malgré ses moyens?

Le bilan provisoire dressé par « The Cradle » présente l’armée américaine sous un jour bien moins favorable:

Depuis début mars, les forces yéménites ont abattu trois drones MQ-9 Reaper américains. Au total, au moins 17 drones MQ-9 ont été abattus par les forces yéménites depuis janvier dernier. Chacun de ces drones coûte environ 30 millions de dollars.

Entre janvier et juin 2024, les États-Unis ont dépensé environ un milliard de dollars dans leur campagne contre le Yémen.

Bien qu’ils n’aient pas réussi à dissuader Ansarallah, les frappes aériennes américaines sur le Yémen ont été meurtrières, tuant des femmes et des enfants et aggravant une crise humanitaire déjà grave à laquelle le pays est confronté depuis des années en raison d’une guerre et d’un blocus menés par l’Arabie saoudite qui ont commencé en 2015.

Cette semaine, des avions militaires américains ont bombardé un réservoir dans le district de Mansouriya, dans le gouvernorat d’Al-Hodeidah, dans l’ouest du Yémen, coupant l’approvisionnement en eau de plus de 50 000 personnes. Les États-Unis ont également bombardé à deux reprises un hôpital spécialisé dans le traitement du cancer dans le nord du pays.

Les organisations humanitaires ont déclaré que leur capacité à opérer au Yémen et à aider les personnes dans le besoin était affectée par la campagne de Washington.

Le Courrier des Stratèges