Donald Trump a annoncé la suspension pour une durée de 90 jours les droits de douane réciproques, laissant malgré tout en place la taxe mondiale de 10 %. A une exception près : la Chine, taxée à 125 %.

Kevin Mohatt
Le président américain Donald Trump a annoncé mercredi, sur son réseau social Truth social, suspendre pour une durée de 90 jours les droits de douane dits réciproques. Ces derniers, annoncés mercredi 2 avril et entrés en vigueur en début de journée, visaient les importations en provenance de dizaines de pays, dont les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis. Donald Trump justifie cette suspension « du fait de la volonté de plus de 75 pays de négocier. »
«C’était l’intention de Donald Trump depuis le début», a justifié le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent.
Concrètement, durant cette période de pause, qui prend effet « immédiatement » d’après le président,l’ensemble des pays du globe sont désormais soumis à des droits de douane ajustés à 10 %. Il s’agit donc d’un retour à la situation vécue entre samedi 5 et mercredi 9 avril.
La Chine est durement ciblée
En revanche, le président américain a dit porter, avec effet immédiat, à 125 % les droits de douane contre les produits en provenance de Chine, amplifiant la guerre commerciale entre les deux plus grandes puissances économiques mondiales.
«Du fait du manque de respect de la Chine à l’égard des marchés mondiaux (…), je hausse les droits de douane sur la Chine à 125%» s’est exprimé le président républicain sur son réseau social Truth Social.
Les deux pays se rendent coup pour coup depuis l’annonce des droits de douane réciproques. Après l’entrée en vigueur de ces derniers ce mercredi, Pékin avait décidé de rehausser ses propres tarifs douaniers et placer 6 entreprises américaines sur sa liste noire.
À la suite des annonces de Trump ce mercredi, le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a reproché à Pékin d’être à l’origine de l’escalade de ces tensions commerciales, précisant toutefois qu’il ne s’agissait pas d’une « guerre » selon lui. « La Chine est l’économie la plus déséquilibrée de l’histoire moderne et ils sont la principale source des problèmes commerciaux des Etats-Unis et, en effet, ils sont un problème pour le reste du monde », a déclaré Scott Bessent devant la Maison-Blanche, estimant que les droits de douane américains avaient entraîné l’envoi massif de produits chinois à bas prix vers l’Europe.
L’Europe ouverte au dialogue
Visée depuis mi-mars par des droits de douane américains de 25 % sur l’acier et l’aluminium, l’Union européenne a pour sa part adopté mercredi ses premières mesures de riposte, contre plus 20 milliards d’euros de marchandises « made in USA » soigneusement sélectionnés: soja, volaille, riz, bois, motos …. Elle avait laissé entendre que d’autres mesures devant répondre aux droits américains réciproques sur l’ensemble de ses marchandises pourraient être révélées la semaine prochaine.
Bruxelles s’était toutefois dite prête à suspendre ses droits de douane « à tout moment » en cas d’accord « juste et équilibré » avec Washington, cela avant que le président américain ne fasse marche arrière.
Wall Street jubile
La Bourse de New York s’est envolée à l’annonce de cette pause. Aussitôt, vers 19h30, heure de Paris, le Dow Jones bondissait de 5,61%, l’indice Nasdaq de 7,44% et l’indice élargi S&P 500 de 6,22%. Nvidia prenait 12 % à 20 heures, heure française, et la valeur des actions d’Apple bondissait de plus de 10 %.
Les annonces ont eu un effet similaire sur le cours du pétrole, qui était tombé au cours de la journée sous les 60 dollars le baril. Ils se sont envolés et vers 20h, heure française, le baril de Brent de la mer du Nord s’échangeait à près de 65 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), repassait au-dessus des 61 dollars pour s’établir à 61,58 dollars.