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Le président américain a surpris le monde entier, ce mercredi 9 avril, en revenant sur ses surtaxes douanières annoncées la semaine dernière. Il lui aura fallu 18 heures, plusieurs émissions télévisées et quelques coups de fil pour en arriver à une telle décision.

Marie Rigot

President Donald Trump attends a meeting with Israel's Prime Minister Benjamin Netanyahu in the Oval Office at the White House in Washington, Monday, April 7, 2025. (Pool via AP)
Donald Trump a annoncé mettre en pause, mercredi, la plupart des surtaxes annoncées le 2 avril

Le président américain est coutumier des annonces chocs. Il ne se passe pas un jour sans que le locataire de la Maison-Blanche ne fasse parler de lui avec des plans toujours plus rocambolesques (on se souvient de son projet visant à faire de Gaza la côte d’Azur du Moyen-Orient…). Mais ces dernières 24 heures ont peut-être été les plus folles des premiers mois du second mandat du milliardaire. Sa volte-face sur les surtaxes douanières a surpris le monde entier. Et permis aux bourses de reprendre des couleurs après une chute impressionnante.

Au lendemain de cette annonce, le monde entier s’interroge: qu’est-ce qui a poussé Donald Trump à opérer un tel revirement ? D’autant que, plus tôt, le chef d’Etat avait affirmé qu’il ne reviendrait jamais sur ses annonces… Mais, en 18 heures, il s’est passé beaucoup de choses dans les couloirs de la Maison-Blanche, comme l’explique le Washington Post.

Etape 1 : Télévision et téléphone

A 21 heures, mardi soir, le président américain allume la télévision. Il s’installe devant Fox News, sans grande surprise. En réalité, il avait promis qu’il regarderait l’émission de Sean Hannity aux républicains présents sur le plateau, dont font partie Ted Cruz, Tim Scott ou encore Tom Cotton. L’objet des discussions ? Les fameuses surtaxes douanières de Donald Trump. L’avis général ? Plutôt négatif. Certains n’hésitent pas à demander au président de discuter avec les pays, plutôt que de leur imposer de tels tarifs d’entrée de jeu. Dès que le show prend fin, le locataire de la Maison-Blanche entame une discussion téléphonique avec plusieurs de ces intervenants. Le sénateur du Texas Ted Cruz a confié ne pas avoir pris de pincettes avec Donald Trump, à qui il a fait comprendre que les représailles auxquelles il exposait les Etats-Unis étaient très dangereuses. « J’ai dit au président que ce serait une très mauvaise issue, très néfaste pour le pays et pour le Texas », a détaillé le sénateur au Washington Post. A la place, il lui suggère d’utiliser ces droits de douane comme un « levier pour pousser les autres pays à baisser les leurs ». « Je l’ai encouragé à conclure rapidement un ou plusieurs grands accords commerciaux », a-t-il encore expliqué.

La discussion dure environ une heure. Le locataire de la Maison-Blanche écoute attentivement. Mais ne laisse rien transparaître. Au moment de raccrocher, Ted Cruz ne sait pas s’il a réussi à le convaincre, mais il l’espère.

Etape 2 : Et la Suisse dans tout ça ?

Le lendemain matin, c’est John Thune, un autre républicain présent lors de l’émission de la veille, qui échange avec Trump. Cette fois, directement dans le bureau ovale. Il ne s’éternise toutefois pas. Les raisons de sa venue ne sont pas très claires mais apparemment n’ont aucun lien avec les droits de douane. Après son départ, le chef d’Etat s’entretient – par téléphone, cette fois – avec la présidente suisse Karin Keller-Sutter. Le pays, lourdement impacté par les tarifs douaniers américains qui sont passés à 31%, veut voir le milliardaire faire marche arrière. Et met sur la table des arguments qui retiennent l’attention de Trump, comme le fait que la Suisse a supprimé les droits de douane l’an dernier sur les importations de produits industriels américains.

Au moment de raccrocher, le locataire de la Maison-Blanche allume son poste de télévision. Toujours Fox News. Toujours les surtaxes douanières. Mais, cette fois, c’est le PDG de JPMorgan Chase qui fait part de son inquiétude en plateau. Il parle même d’une possible récession.

Etape 3 : L’annonce (sur les réseaux sociaux of course)

Entretemps, l’Union européenne expose son plan pour répliquer aux annonces du président américain. Le verre commence à bien se remplir… Donald Trump comprend qu’il va devoir revoir sa position. A midi, il en discute avec deux hauts responsables et balance le tout dans un post sur son réseau social, Truth Social.

Entre ce moment et la conférence de presse improvisée sur la pelouse de la Maison-Blanche (environ une heure plus tard), c’est la panique dans les couloirs. « Même certains hauts responsables ont semblé pris de court par ce revirement », confie le correspondant du Washington Post. « Les conseillers se sont précipités dans le bureau pour décider de la suite. » Pas une seule minute n’est perdue. La porte-parole de la Maison-Blanche doit s’exprimer. On prépare scrupuleusement son discours, afin d’éviter tout impair. Dans la précipitation, on tente de peaufiner les moindres détails pour montrer que tout ça faisait partie du plan, que tout avait été réfléchi en amont. Et répondre aux questions des journalistes. Nombreuses au vu de la surprise mondiale suscitée par cette inattendue volte-face de Donald Trump.

La Libre